L’année 2012 a été une année charnière sur le plan sécuritaire. Une année qui a connu également d’assez graves agitations aux frontières algériennes. Fruit du « printemps arabe », l’instabilité des voisins, à l’instar de la Libye, le Mali et à un degré moindre, la Tunisie, a fait que l’Algérie soit durant toute l’année sur ses gardes
Sur le plan diplomatique, elle a tenté de peser de tout son poids pour le règlement pacifique des conflits, et a toujours plaidé pour des transitions -quand il y a lieu de transition- négociée. Jugées parfois d’ambiguës, les positions algériennes, à l’instar de celles concernant la Libye, ont fini par avoir le consentement et même le respect de la communauté internationale, du moins en majeure partie.
L’année 2012 sera également celle qui verra l’Algérie, de par son expérience, élue comme pivot de la lutte contre le terrorisme dans la région. « Rien ne peut se faire sans l’Algérie », avaient plaidé, tour à tour, les capitales du monde.
Le « printemps arabe » tirant à sa fin pour que s’ensuive parfois un « été torride », l’on en héritera d’une situation sécuritaire peu reluisante. En effet, la chute de dictateurs dans la région ne s’est pas faite en douceur, et a même fait de la région, pour reprendre les propos d’Abdelkader Messahel, le ministre délégué aux affaires maghrébines et africaines, « un dépôt d’armes à ciel ouvert ».
De cette situation profiteront des groupes terroristes, qui n’étaient que des groupuscules à la quête d’impact médiatique démesuré pour s’armer davantage. Victoire diplomatique Ainsi le Mujao, Aqmi, Ansar Dine (groupes se proclamant islamistes) et le Mnla (un mouvement indépendantiste), pour ne citer que ceux-là, ont saisi l’ »opportunité » de renforcer leurs rangs et leurs arsenaux de guerre, suite à ce qu’on appelait le « bourbier » libyen. Le tournant décisif qu’a pris le Sahel, sera le coup d’Etat signé par le commandant Sango contre ATT.
Le Mali étant affaibli, le Mnla proclamera l’indépendance de l’Azawad, qui ne sera reconnu par aucun Etat souverain, et les groupes islamistes armés prétendront, eux aussi, au contrôle du nord du Mali et l’application de la Charia.
Vient donc l’implication, plus ou moins directe, de la communauté internationale prêchant l’intégrité territoriale du Mali et la lutte contre le terrorisme : deux principes sur lesquels deux pays divergent, mais les visions et les moyens à employer, à cet égard, ne seront pas perçus d’un même angle. La divergence principale tourne autour d’une intervention militaire au Nord du Mali.
Au moment où la France fait tout ce qui est en son pouvoir pour que l’intervention ait lieu, l’Algérie, quant à elle, au côté du Burkina-Faso, n’a pas cessé de défendre une solution politique, en évitant une guerre aux conséquences désastreuses et en récupérant ce qui peut l’être. La France, comme chef de file à une solution militaire, ne voit pas des parties avec qui négocier.
L’Algérie, en revanche, considère le Mnla et Ansar Dine, comme des partenaires essentiels qui peuvent apporter un plus à la résolution politique du conflit. Là-dessus, l’Algérie a pu réalisé une victoire diplomatique. La meilleure preuve de cette victoire, est qu’elle ait pu imposer à la communauté internationale l’option de dialogue avant tout passage à une intervention militaire de quelque forme quelle soit.
Elle a pu, de ce fait, rallier les Américains sur cette position, ce qui est, à plus d’un titre, considérable. Forcing sur l’Algérie Mais, selon des spécialistes aux faits de la chose sécuritaire, l’Algérie a, depuis le début des révoltes arabes, et à plus forte raison, depuis la crise malienne, fait l’objet de pressions innombrables qui visent à l’impliquer dans les divers conflits, notamment le conflit malien.
Le ministre des Affaires étrangères ne l’a d’ailleurs pas caché. Il a, en effet, déclaré devant des membres de l’APN que des pays étrangers veulent faire de l’Algérie un « fer de lance » pour mener la guerre contre, notamment les éléments d’Ansar Dine, qui, dit-il encore, n’ont rien à voir avec le terrorisme.
L’enlèvement des diplomates algériens à Gao ne peut lui aussi, qu’être interprété de la sorte, puisque il s’agissait en premier d’impliquer l’Algérie dans le conflit. Sur le terrain, la pression n’a pas été rare, à commencer par les attentats perpétrés à Tamanrasset, adoptés par Aqmi et que les analystes ont pris pour une tentative d’attirer l’Algérie sur le terrain de la confrontation. La dernière tentative dans ce sens, remonte à juste quelques jours.
Elle sera signée par le Mujao qui vient d’annoncer l’installation d’une base djihadiste dans la région d’El-Khalil, à seulement 400 kilomètres des frontières algériennes. Flux migratoire 2012 sera également l’année qui verra nombre d’immigrants affluer en Algérie.
Le premier flux nous est venu de la Syrie en proie à un conflit sanglant qui dure encore. Des milliers de Syriens avaient envahi les rues algériennes. Le Gouvernement algérien avait alors pris les mesures adéquates pour leur prise en charge, mais non sans difficultés.
Les uns avaient refusé de joindre les structures qui leur étaient allouées. Après les syriens, ce sont les subsahariens qui gagneront, souvent clandestinement, l’Algérie fuyant le nord du Mali contrôlé par des groupes terroristes. Le ministre de l’Intérieur et des collectivités locales a déclaré récem- ment, qu’ils ne seront pas refoulés dans leurs pays respectifs pour des raisons humanitaires…
L’avenir étant tributaire du passé, l’on s’attend à ce que l’année 2013 ne soit pas vide de surprises et de tournants qui peuvent être décisifs pour l’avenir de la région. L’Algérie sera contrainte de jouer toutes ses cartes pour continuer à imposer les deux principes inébranlables de sa diplomatie, à savoir la non-ingérence et le règlement politique des conflits.
Et en vue de la complexité de la situation au Sahel -terrorisme, trafic de drogue, intérêts économiques qui ne disent pas toujours leurs noms…-, 2013 sera, à coup sûr, une autre année charnière pour la diplomatie algérienne.
H. F.