La Kabylie semble attirer tous les exclus qui ont des comptes à régler avec les autorités. Le cadre territorial fortement accidenté et boisé est là pour les protéger de la traque des services de sécurité.
Mais simplement voilà, il arrive que ce soit de paisibles villageois, qui se retrouvent au hasard de quelque balade à travers les buissons, face à face avec des éléments de l’ANP, qui ont pris l’habitude de patrouiller dans les parages dans l’espoir de débusquer des terroristes dont la présence est signalée avec récurrence, par des méfaits aussi multiples que criminels : rapts de personnes, attaques de banques et faux barrages sur la route. Les militaires viennent de commettre une nouvelle bavure en s’en prenant à deux personnes occupées à chasser le gibier a annoncé l’APS. L’incident est survenu, mardi vers 14h, lors d’une embuscade que tendait l’armée à un groupe terroriste dans la commune d’Akerrou, près de Yakourène, à une soixantaine de kilomètres à l’est de Tizi-Ouzou, d’après l’agence citant des sources sécuritaires. Les deux chasseurs résidaient dans la commune d’Akerrou. Le premier, répondant au nom de Rafik Haddad, 18 ans, est mort sur le coup, en essuyant les tirs des éléments de l’armée ; le second, Mohamed Maâtobet, un sexagénaire, est mort quelques heures plus tard à l’hôpital d’Azazga en succombant à ses blessures. Les deux victimes devaient être inhumées, hier, au village de Tigwnatine dans la commune d’Akerrou, daïra d’Azeffoun. Les habitants d’Akerrou ont investi le siège de l’APC depuis l’annonce de la mort des deux hommes. Cet énième incident survient, à en croire des agences, au moment où une opération de ratissage (ayant débuté vendredi passé), est enclenchée au niveau de la forêt de Boudafal, près de Larbâa Nath Irathen, dans la wilaya de Tizi-Ouzou. L’armée algérienne aurait bombardé au mortier des positions susceptibles d’abriter des groupes terroristes. Épargné jusque-là par les incursions liées au grand banditisme ou aux menées terroristes, Beni Yenni vient de rejoindre le cercle des villages qu’il faut désormais surveiller au doigt et à l’œil. Mardi passé, vers l’après-midi, un propriétaire d’une bijouterie a été délesté de tous les objets qu’il avait dans son magasin par un malfaiteur muni d’une arme à feu. Après son forfait, ce dernier a disparu dans la nature à bord d’une motocyclette. Par ailleurs, un cadavre non encore identifié, rapporte-t-on, a été découvert au cours de la même journée par les agents de sécurité de l’Agence nationale des barrages hydrauliques (ANB) gisant dans le barrage Taksebt, à 15 km au sud du chef-lieu de la wilaya de Tizi-Ouzou.
Il y a à peu près 2 semaines, un rapt retentissant a ciblé à Tala Bounane, dans la même wilaya, le Dr N. Djellal, médecin cardiologue. Ce dernier a été enlevé le 15 novembre à 7 h du matin, sur la route de Beni Douala à 7 kilomètres au sud de Tizi-Ouzou. Kidnappé en compagnie de sa femme et de ses deux enfants, les ravisseurs ont relâché les membres de sa famille mais ont gardé le médecin dont on est encore sans nouvelle jusqu’à aujourd’hui. Les statistiques des rapts qu’a connus la wilaya de Tizi-Ouzou disent qu’il est le soixante-cinquième d’une série inaugurée en 2005.
En ce qui concerne la mort accidentelle de citoyens innocents causés par la lutte antiterroriste, on enregistre depuis avril dernier quatre personnes tuées. Le 26 avril, lors du passage d’un convoi militaire, c’est un ouvrier de 42 ans père de 4 enfants, qui a été tué dans le chantier où il était employé à Azazga. Cette mort, du reste, a soulevé un tollé général au sein de la population. Le 15 août, c’est un garde communal en faction au niveau d’une antenne de la Télévision algérienne qui est tué dans la wilaya de Béjaïa, près de l’Akfadou à 50 km du chef-lieu de wilaya. Le 11 septembre, c’est une femme âgée de 55 ans, mère de 14 enfants, qui a été tuée près d’une caserne à Fréha.
Par : LARBI GRAÏNE