La wilaya de M’sila ne traîne plus la réputation de plaque tournante de trafics multiformes, notamment celui lié à la contrebande d’armes, à la falsification des documents et au narcotrafic.
C’est ce qui ressort d’un rapport de la Gendarmerie nationale sur les activités de ses unités durant les premiers huit mois de l’année en cours. L’activité terroriste a également reculé. Le fichier des terroristes recherchés ne mentionne pas de nouvelles recrues au niveau de la région.
Le commandant du groupement territorial de la GN de M’sila, le lieutenant-colonel Mohamed El Bachir Moulay a souligné, dans un point de presse, « que la situation sécuritaire s’est nettement améliorée grâce à la lutte contre le terrorisme des services de sécurité sous la coupe de l’ANP ».
« L’occupation du terrain a permis de maîtriser la situation sécuritaire à un niveau important, de même en matière de criminalité », a souligné l’officier supérieur. La wilaya de M’sila, réputée être la plaque tournante de la criminalité sous toutes ses formes est devenue « tranquille ».
L’amélioration de la couverture sécuritaire à travers le redéploiement des gendarmes, l’intensification de l’identification des personnes et des véhicules, le renforcement de la sécurité de proximité, notamment avec les nomades, et le renforcement du contrôle routier, en sont à l’origine. Les résultats sont palpables. 32 bandes criminelles ont été démantelées dont 12 spécialisées dans le vol de cheptel et cinq dans le trafic de véhicules.
Une tentative d’un « Aïd arrosé » déjouée
A l’approche de l’Aïd al Adha, la GN de M’sila a renforcé son dispositif sécuritaire pour le déroulement de cette fête religieuse dans de bonnes conditions. Des descentes ont été menées dans les foyers de la délinquance. Une quantité de plus de 5.000 bouteilles de boissons alcoolisées de différents types a été saisie, durant la nuit du samedi à dimanche, à Amjedel (commune d’El Hamel).
La marchandise était dissimulée dans les caisses de légumes.
Les deux mis en cause arrêtés ont déclaré qu’ils ont acheté la marchandise auprès des dépôts et points de vente dans la wilaya de Bejaïa pour l’écouler dans les marchés informels de Djelfa. « Les plus grandes quantités saisies ont été opérées sur les voies de communication des localités dépourvues de locaux de vente légale », indique-t-on.
Parmi les autres affaires traitées, la saisie de 2 kg de kif traité qui s’est soldée par le démantèlement d’un réseau composé de quatre individus dont un mineur. Ce dernier a été « recruté » par le chef du réseau « El Ghoul », résidant à Bordj Bou Arréridj, « profitant » de sa situation familiale.
« C’est un orphelin de mère et se rendait fréquemment auprès de sa famille maternelle à El Bordj. Il a été recruté comme transporteur de drogue. Les narcotrafiquants et les criminels ciblent les milieux défavorisés », a précisé le commandant de la section de recherches. Le père du mis en cause, un retraité, s’est remarié 18 fois et sa famille est composée d’une dizaine d’enfants. Auditionné, il a demandé à son fils, qui le voyait rarement, « pourquoi il est devenu délinquant ? ».
Le mouton de la « Hodna » toujours prisé
Les affaires liées aux vols de bétail sont en hausse. 32 affaires ont été enregistrées au cours des huit premiers mois de l’année en cours, contre 27 durant la même période de l’année dernière. L’intervention rapide des gendarmes a permis ainsi la récupération de 88% du bétail volé.
Durant les fêtes de l’Aïd al Adha, propice à ce type de délinquance, aucun cas de vol de bétail n’a été enregistré dans la wilaya. « En raison de la présence permanente des gendarmes sur le terrain », a indiqué le commandant du groupement territorial, soulignant que les nomades et les éleveurs contribuent de plus en plus à leur propre sécurité. Lors de notre visite au marché hebdomadaire de cheptel de Barhoum à 40 km du chef-lieu de la wilaya de M’sila, le phénomène est visible.
A 48 heures de la célébration de la fête, les prix ont sensiblement baissé, mais restent élevés, selon des pères de famille rencontrés sur les lieux.
Les moutons de race Hodna restent très prisés par les gens, notamment dans les Hauts-Plateaux et l’Est. Les prix oscillent entre 17.000 et 60 000 DA pour un bélier avec cornes. Les revendeurs rejettent les « négociations » et le marchandage et se montrent intraitables. « Nous sommes des revendeurs », a expliqué Ali, qui proposait à la vente un mouton. « On m’a proposé 47.000 DA. Je l’ai acheté à 54.000 DA, je ne peux pas vendre à ce prix.
C’est le dernier prix, sinon Messaoud (le mouton) va passer l’Aïd avec moi. Je suis obligé de majorer les prix pour avoir quelques bénéfices », explique-t-il en souriant. Le mouton de la « Hodna » reste à la portée des petites bourses. Un « allouch »(brebis de 9 à 14 mois) est cédé entre 17.000 et 25 000 DA.
Un mouton d’environ 40 kg se négocie à 48.000 DA. Le souk (marché) est bon. Le choix existe mais la spéculation fait ravage. Les revendeurs profitent de l’occasion pour doubler les prix. Un père de 4 enfants, venu de Constantine, a indiqué qu’il a l’habitude d’attendre la veille de l’Aïd pour acheter. « Je pensais que les éleveurs allaient baisser les prix à 48 heures de la fête. Malheureusement ce n’est pas le cas.
Un mouton de 27.000 DA est un lapin enveloppé dans de la laine », plaisante-t-il. Larbi, père de trois enfants, venu de Sétif, a constaté que contrairement à ses attentes, les prix ont flambé en raison de la forte demande des retardataires. « Pour avoir un bon mouton, il faut débourser pas moins de 54.000 DA ». Pour Adel, venu d’Annaba, « les prix sont abordables. Je viens d’acheter un grand mouton à 44.000 DA », nous a-t-il confié.
A notre arrivée, les éléments de la GN étaient en pleine opération de sensibilisation contre la fausse monnaie. « Les faussaires profitent de cette occasion pour écouler de grosses sommes en faux billets. Nos éléments de la police technique sont sur le terrain, équipés de détecteurs de faux billets, pour déjouer toute tentative criminelle », a assuré le lieutenant-colonel Moulay. Les revendeurs ne se soucient pas de ce fléau.
« On agit avec « nya » (confiance) », nous avoue l’un d’eux. D’autres affirment qu’ils sont des « connaisseurs » de faux billets. Selon la GN, « pour le moment, aucun cas n’a été signalé au niveau des marchés du cheptel ».