Situation politique, financière et sécuritaire du pays: Les messages codés de Sellal

Situation politique, financière et sécuritaire du pays: Les messages codés de Sellal

Tout en désignant du doigt la photo du président Bouteflika «c’est grâce à ce Monsieur que nous résistons bien et nous ne sommes pas allés à l’endettement et cela même si la fiscalité pétrolière a chuté de 70% en trois ans».

C’est à partir d’El Oued, une wilaya industrieuse et nouvel eldorado de l’agriculture saharienne, que le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a choisi de lancer des messages softs et sibyllins. Ce déplacement à El Oued qui intervient à quelques jours du début de la campagne électorale est un message politique dense.



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Au premier degré il a pour but de sensibiliser les citoyens pour une participation massive à cette chance électorale. Le spectre de l’abstention donne en effet du fil à retordre aux décideurs politiques et aux partis. Ces derniers peinent d’ailleurs à trouver «l’emballage électoral» qui capterait l’intérêt des citoyens. Pour l’heure, c’est plutôt le couffin de la ménagère, la flambée des prix et le manque de certains produits sur les étals qui occupent les esprits. Durant la campagne électorale, les formations politiques doivent s’ingénier à trouver le moyen de faire accepter des mesures économiques douloureuses à une population qui a pris le goût des dépenses Peut-on se rendre à l’urne le ventre creux?

Véritable problématique qui donne du fil à retordre pour les décideurs. Evoquant ces élections, il a assuré qu’elles «seront organisées conformément aux nouvelles dispositions constitutionnelles» et «avec des garanties de régularité et de transparence» soulignant aux représentants de la société civile qu’«elles seront le couronnement du processus de consolidation de la stabilité du pays et de son choix démocratique».

Sellal vient donc d’entamer la campagne électorale avant l’heure et imprime un tonus en attendant probablement d’autres sorties sur le terrain. S’ils ont trouvé tout à fait logique son soutien exprimé aux forces de l’APN qui mènent une lutte implacable contre le terrorisme et la sécurisation des frontières, en revanche son appui direct porté au FLN a été interprété comme une prise de position envers un parti qui est le sien. En fin diplomate, Sellal a enveloppé son message, au sujet du FLN, dans des référents historiques de la nation algérienne. Et dans cette histoire, le chapitre du joug colonial, est incontournable.

L’autre message politique qui sous-tend cette sortie d’El Oued vise à secouer une monture qui accuse un certain fléchissement. Un comportement qui risque d’être fatal au moment où le pays traverse une crise multiforme. Le Premier ministre rappelle en filigrane qu’il tient bien le gouvernail au milieu de cette tempête que traverse le pays A cette tempête, le Premier ministre opposa son calme et une «zénétude» qui désarment ses ennemis les plus farouches. Alors que l’opposition politique redouble de férocité, la presse nationale multiplie les alertes et les économistes et experts financiers annoncent l’imminence d’un désastre économique, le gouvernement rassure.

Car si la situation financière actuelle de l’Algérie va obliger le gouvernement à freiner le lancement de projets structurants, elle n’empêchera pas cependant le gouvernement de revenir sur les acquis sociaux. Aucun centime des transferts sociaux ne sera touché. Mieux encore, les différents programmes de logements lancés seront terminés et les emplois sauvegardés. «Pour les projets de routes, de barrages et de ports, ça sera selon nos moyens. Nous allons maintenir les transferts sociaux comme nous allons continuer à construire des logements, assurer l’éducation et la santé.

Il y a beaucoup de demandes, mais nos moyens nous ne permettent plus de couvrir toutes ces demandes», a insisté le Premier ministre. Et pour montrer la justesse des décisions politiques et économiques il rappelle, tout en désignant du doigt la photo du président Bouteflika, que «c’est grâce à ce Monsieur que nous résistons bien et nous ne sommes pas allés à l’endettement et cela même si la fiscalité pétrolière a chuté de 70% en trois ans».