Ghania Oukazi

Après un vendredi -le 8e- qui n’a pas dérogé à la règle de la forte contestation et de l’immuable revendication qui se sont installées dans le pays depuis le 22 février dernier, l’opinion publique a pris en parallèle cette autre habitude d’épier le moindre propos de Ahmed Gaïd Salah. Il est en effet attendu qu’il transmette des messages à la Nation depuis Ouargla, à travers la réunion qu’il programme de tenir durant son déplacement, avec les responsables de la 4ème région militaire. L’insistance de l’opposition pour le voir décider de la suite à donner à l’application de l’article 102 de la Constitution ne manque pas à ce décor.
L’opposition continue son forcing sur l’armée pour lui faire prendre des décisions qui changeraient en un tour de main toutes les têtes du système. Le président du FJD (Mouvement de la justice et du développement) a été le plus clair dans son appel au chef d’état-major. « L’armée n’a pas à insister sur la légalité constitutionnelle, elle doit faire comme les armées d’ailleurs qui ont pris les choses en main, décrété une période de transition d’un an ou plus ( ) », a déclaré Saad Abdallah Djaballah il y a quelques jours. La situation qui prévaut au Soudan semble l’avoir inspiré pour proposer une solution à l’état-major de l’ANP. Après avoir destitué le président El Bachir, le Haut-Commandement de l’armée soudanaise a décrété l’état d’exception, instauré le couvre-feu de 22h à 4h et suspendu ainsi toutes les institutions et les libertés.
Au début du mois de février dernier, le président du FJD qui tracte les réunions de l’opposition, avait affirmé dans la presse que «l’Algérie est dirigée par un lobby composé d’abord de l’armée, qui détient la clé de la désignation du président de la République, de la bureaucratie administrative qui a des accointances avec l’armée et enfin le lobby financier dans lequel on trouve d’anciens militaires ou leurs proches et amis». Les propos ne sont pas faux. Bien au contraire, ils démontrent que ce n’est pas par sympathie à la personne du chef d’état-major que les opposants en appellent à l’aide de l’armée. Ils sont sûrs que la rue se chargera d’aligner des pancartes aux slogans qui pourraient renseigner sur la suite des événements à venir.
Selon des sources informées, le chef d’état-major devrait intervenir aujourd’hui à partir de Ouargla. Son discours est très attendu au regard de l’impasse politique qui se précise de jour en jour. «Faire démissionner Bensalah serait très grave pour le pays, on ira vers l’inconnu, mais Belaïz et Bedoui peuvent démissionner pour apaiser le feu qu’on veut attiser par tous les moyens», pensent des observateurs.