L’anarchie à l’origine du mécontentement de nos émigrés en France et des hadjis a pour effets des nuits à même le sol, pour les uns, et mort et blessures pour les autres. Situation de triste mémoire que le nouveau staff d’Air Algérie ne saurait imposer cette année encore à sa clientèle. Par le renforcement de la flotte existante, la fin des passe-droits et le traitement équitable des passagers. Surtout cette année où deux retours sont à réussir : celui des émigrés chez eux et des hadjis à Alger.
La campagne Omra 2011 risque d’être difficile pour la compagnie aérienne Air Algérie et son nouveau staff installé il y a à peine quelques mois, avec à sa tête Mohamed Salah Boultif qui, lors de sa première conférence de presse, a décidé de jouer la transparence.
Ce sera donc un véritable test grandeur nature pour la nouvelle direction d’Air Algérie pour faire taire tous les détracteurs qui ne cessent de répéter que cette compagnie ne peut, à l’évidence, sortir de son marasme, de ses passe-droits et de son laisser-aller total. En effet, la compagnie a établi un programme du 1er juillet au 5 septembre qui coïncidera cette année avec le retour de congé des milliers d’émigrés qui ont séjourné en Algérie durant le mois d’août et l’arrivée des premiers contingents partis en pèlerinage pour la Omra.
Généralement, le retour en France des émigrés commencera à partir du 25 août et ce jour coïncidera également avec l’arrivée des premiers pèlerins de la Omra, la veille de la célébration de Leilat el-Qadr. Ce qui ne manquera pas de créer un véritable rush au niveau de l’aéroport international d’Alger et la compagnie algérienne sera mise à rude épreuve cette fois-ci, car pareille situation n’a jamais été vécue auparavant.
La compagnie algérienne devra-t-elle donner la priorité aux pèlerins ou aux émigrés de retour en France ? Selon un responsable de la compagnie, cette année le problème a été pris en charge par Air Algérie, puisque la période allant du 24 juillet au 2 août, qui coïncide avec ce chassé-croisé, sera maîtrisé. L’année dernière, des milliers d’Algériens partis effectuer la Omra en Arabie saoudite ont vécu un véritable calvaire.
Plus de 3 500 Algériens, qui ont fait la Omra durant le ramadan, sont restés bloqués aux aéroports saoudiens de Djeddah et d’El-Madina faute d’avions supplémentaires. Ce blocage a entraîné le décès d’une femme âgée de 55 ans, morte d’un malaise cardiaque.
Les malheureux passagers, pour la plupart des personnes âgées et issus du sud du pays, dormaient sur des cartons. La désorganisation logistique qui a entouré la Omra 2010 sera-t-elle reproduite pour cette année 2011 ? Chaque année, les mêmes protestations sont émises par les Algériens qui se rendent aux Lieux saints de l’Islam.
Pour étouffer tout mécontentement, le gouvernement a accusé les agences privées d’être à l’origine de la faillite. La création d’un Office du hadj n’a pas réglé les problèmes pour autant. Les privilégiés du système Air Algérie continuent même aujourd’hui de bénéficier des largesses de la compagnie qui a créé un véritable système de passe-droits.
Ces privilégiés du système attendent la dernière semaine du ramadan pour effectuer leur Omra et ils sont les premiers à être transportés sans le moindre problème par une compagnie dont la demande exprimée, selon les prévisions annoncées par elle, s’élève à 56 750 sièges répartis sur 227 vols. Or, si ce programme a été soumis à l’approbation des autorités saoudiennes, rien n’indique en effet que ce pays acceptera totalement cette demande.
Au 15 mai dernier, seuls 45 000 sièges répartis sur 180 vols ont obtenu l’aval des Saoudiens. Le reste, c’est-à-dire 11 750 sièges, seront peut-être refusés. En raison des problèmes vécus en 2010 (encombrement des parkings, surcharge des salles d’embarquement), les autorités saoudiennes ont limité le nombre de vols quotidiens pour l’ensemble des compagnies aériennes dont Air Algérie.
Les nouveaux accords aériens algéro-saoudiens prévoient 7 vols hebdomadaires sur Medine, et 14 vols sur Djeddah n’ont pour l’instant été mis en œuvre que partiellement. Seuls 3 vols sur Médine et 5 sur Djeddah ont été acceptés pour le moment. La compagnie Air Algérie aura également 4 vols par jour et sera compensée par l’affrètement de gros porteurs disposant de capacités supérieures (300 sièges au lieu de 250 places mises en œuvre habituellement).
La compagnie algérienne pourrait, le cas échéant, recourir à des vols supplémentaires si elle le souhaite et faire appel ainsi à l’affrètement d’avions étrangers. Air Algérie a déjà fait appel à l’affrètement de 3 gros porteurs Airbus A330 qui sont entrés en service la dernière semaine du mois de juillet. La compagnie n’a pas révélé la nationalité des équipages de ces trois gros porteurs. Sa flottille est composée de 5 Airbus, de 3 Boeing 767, de 20 Boeing 737 nouvelle génération et de 10 ATR.
Mahmoud Tadjer