Situation en Libye,L’Algérie appelle à l’arrêt des raids

Situation en Libye,L’Algérie appelle à l’arrêt des raids

Le quatrième jour de l’intervention en Libye a été caractérisé par l’émergence de voix sur la scène internationale contre cette action militaire, notamment celles de la Russie et de l’Algérie qui appellent à un arrêt immédiat des hostilités.

La une situation est marquée par une fissure interne, de plus en plus apparente, qui divise depuis avant-hier la coalition internationale contre le régime du colonel Kaddafi sur la question du commandement des opérations.

En effet, l’Algérie, à l’instar de nombreux pays, appelle à la cessation immédiate des hostilités et de l’intervention étrangère en Libye. C’est en tout cas ce qu’a indiqué hier à Alger le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci.

Dans la conférence de presse qu’il a animée hier, il a estimé que la crise que traverse la Libye s’est nettement «aggravée avec l’entrée en action des forces aériennes» de la coalition. A ce titre, il jugera «disproportionnée cette intervention par rapport à l’objectif assigné par le Conseil de sécurité de l’ONU dans sa résolution 1973».

Dans ce contexte, le ministre des Affaires étrangères appellera une fois de plus à «la cessation immédiate des hostilités et des interventions étrangères, afin d’épargner la vie de nos frères Libyens et leur permettre de régler pacifiquement et durablement la crise dans le respect de la préservation de leur unité, leur intégrité territoriale et leur pleine souveraineté». En outre,

M. Medelci assurera de la volonté de l’Algérie à associer ses efforts à ceux de l’Union africaine lors de la réunion prochaine prévue pour vendredi prochain à Addis-Abeba (Ethiopie).

Par ailleurs, l’autre caractéristique de la situation actuelle en Libye reste la division des coalisés, en ce sens où les pays de la coalition ne sont toujours pas parvenus à se mettre d’accord sur qui d’entre eux prendra le commandement des opérations militaires contre le rigime libyen. C’est dans cette optique que des voix dissonantes, notamment l’UE, la France, la Grande-Bretagne, l’Italie, la Belgique, le Danemark, la Grèce, et l’Espagne, s’élèvent pour confier à l’Otan le commandement des opérations à venir contre la Libye.

Une position que partageront également les Etats-Unis à travers l’affirmation du président américain qui disait que l’Otan jouera un rôle dans la nouvelle phase militaire en Libye. A ce sujet, Christine Fages, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, a déclaré hier, lors d’un point de presse, que l’Otan «pourrait intervenir en soutien à la coalition quand les Américains voudront prendre un peu de recul» et réduiront leur engagement. A propos de l’Otan, un diplomate allié cité par l’AFP a affirmé que les pays de l’Otan ont décidé hier de confier à leurs marines la mission de faire respecter l’embargo sur les armes à destination de la Libye décidé par l’ONU. Sur le terrain, pour la troisième nuit consécutive, les batteries antiaériennes libyennes sont entrées en action hier à Tripoli, la coalition internationale a maintenu la pression sur le régime de Kaddafi en procédant à des frappes ciblées. Toutefois, le commandant américain de l’opération internationale en Libye a laissé entendre que le rythme des raids pourrait bientôt ralentir. Ainsi, le secrétaire d’Etat américain à la Défense, Robert Gates, a déclaré hier, lors d’une rencontre à Moscou avec son homologue russe Anatoli Serdioukov, que les frappes militaires de la coalition en Libye devraient baisser d’intensité dans les jours qui viennent. Ainsi, des explosions ont retenti à Tripoli, près de la résidence du dirigeant libyen dans la nuit de lundi à mardi, tandis que les violences se poursuivaient à Misrata, ville de l’ouest de la Libye tenue par les rebelles, sur laquelle des chars tiraient des obuss faisant 40 morts parmi les insurgés, selon Reuters. Au sud- ouest de Tripoli, précisément dans la région de Yefren, des affrontements violents ont eu lieu entre les rebelles qui contrôlent la région et les forces du régime libyen, faisant au moins 9 morts.

Par ailleurs, les forces loyalistes de Kaddafi ont tenté de prendre le contrôle de la ville de Zentane, dans l’ouest de la Libye, en attaquant les positions rebelles à l’arme lourde, rapporte la chaîne Al Jazeera. En outre, le pilote d’un avion de chasse américain F-15 Eagle qui s’est écrasé dans une zone rebelle, a été secouru par les insurgés, a relaté hier le journal britannique Daily Telegraph. De plus, selon la chaîne quatarie Al Jazeera, des avions de la coalition internationales ont tiré sur un appareil du régime libyen qui volait en direction de Benghazi.

L’Inde condamne l’intervention militaire

L’Inde a estimé hier que les pays étrangers ne devaient pas s’ingérer dans les affaires de la Libye, après avoir appelé la veille à l’arrêt des raids aériens contre le régime de Mouammar Kaddafi en raison des risques de victimes civiles.

L’UE participera à la réunion de l’UA

L’Union européenne compte prendre part à une réunion de l’Union africaine prévue vendredi prochain à Addis-Abéba, en Ethiopie, pour tenter une approche commune visant à résoudre la crise en Libye, a indiqué hier un responsable européen en visite en Afrique de l’Est. A ce propos, le responsable européen affirmera : «Nous voulons nous appuyer sur ces points communs pour parvenir à la solution que nous souhaitons tous, à savoir la fin des tueries et un processus politique ouvert qui reflète les aspirations légitimes du peuple libyen».

Par Lynda N. Bourebrab