Situation économique à la veille de la tripartite, Le rapport alarmant de l’Ugta

Situation économique à la veille de la tripartite, Le rapport alarmant de l’Ugta
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Le document n’hésite pas à soutenir l’ouverture de plusieurs secteurs à l’investissement privé.

Plus de langue de bois, plus de concession, l’heure est grave et la Centrale syndicale ne se gêne pas pour asséner ses vérités. Dans un document confidentiel, et dont nous détenons une copie, l’Ugta tire la sonnette d’alarme à la veille de la tripartite. Ce rapport établi par le Comité national de suivi des engagements du Pacte économique et social de croissance, souligne clairement que les menaces sur les grands équilibres de notre économie sont présentes plus que jamais.



Dans une perspective de plus long terme, l’incertitude sur l’évolution des prix pétroliers demeure. «Celle-ci est liée au risque que la crise pétrolière aux Etats-Unis ne se transforme en crise financière du fait de la faillite de nombreux producteurs indépendants et sous-traitants qui seront dans l’incapacité de rembourser leurs dettes ainsi qu’à des facteurs géopolitiques», explique l’Ugta excluant toute idée de bâtir l’économie nationale sur la rente pétrolière qui fait partie désormais du passé.

Le rapport de la Centrale syndicale pousse l’alerte plus loin en soutenant que «nous considérons aujourd’hui comme une conjoncture risque ainsi de s’avérer une transition structurelle à l’échelle mondiale, une marche vers un nouveau modèle énergétique risquant de frapper d’obsolescence les actifs dont dispose le pays». Il est rare que l’Ugta s’alarme comme elle venait de le faire dans ce rapport qu’elle défendra d’ailleurs durant cette tripartite qui s’ouvre demain à Biskra. Un rendez-vous crucial où le patronat et le gouvernement se diront les froides vérités. C’est là une condition sine qua non, s’ils veulent sortir avec des conclusions consensuelles à même d’atténuer les terribles effets de la crise.

Pour l’heure, c’est le premier partenaire de cette tripartite qui tire la salve non sans soumettre une série de propositions visant notamment «à asseoir une base économique nationale solide, efficace, créatrice de richesses et permettant de rompre avec la dépendance à la rente pétrolière».

Le document de Sidi Saïd, insiste notamment sur les bouleversements énergétiques très profonds qui touchent non seulement l’Algérie, mais la planète entière. «La transition énergétique en cours apportera ainsi un changement radical dans les relations économiques internationales. Un scénario plus que probable est que même en cas de reprise de l’économie mondiale, les cours du pétrole ne retourneront plus à leur niveau d’avant.»

La messe est dite. Face à cette situation, quelle parade, quel ajustement et quelles solutions? s’est interrogé le rapport de l’Ugta qui délivre alors une série de solutions à même de transformer «les menaces aujourd’hui présentes en opportunités». Pour cela, «l’urgence est de prendre les mesures nécessaires de stabilisation du cadre macroéconomique».

Pour la Centrale syndicale, il est nécessaire également de poursuivre «l’effort de rationalisation des dépenses publiques». Aussi, le document fait sienne une proposition phare du Forum des chefs d’entreprise. Elle consiste à lancer un emprunt national de 2000 milliards de dinars, garanti par l’Etat, destiné au financement de projets prioritaires, notamment dans les domaines de l’économie numérique, des énergies renouvelables et du soutien aux PME innovantes. Parallèlement à ces mesures, le rapport incite également à une plus grande ouverture économique envers le secteur privé.

A titre illustratif, le rapport révèle que l’Etat a été le principal investisseur de l’économie et que le privé ne contribue qu’à hauteur de 10%. Cette situation n’est plus soutenable actuellement. Aussi, l’Ugta n’hésite pas à faire sienne, encore une fois, la proposition du FCE: ouvrir l’ensemble des secteurs économiques à l’investissement privé qui lui sont aujourd’hui, dans les faits, fermés. Ces secteurs sont les banques, l’audiovisuel, les transports maritime et aérien. Des propositions qui étonneront bien des partenaires, mais il faut bien dire la vérité.