Situation des nappes phréatiques en Algérie

Situation des nappes phréatiques en Algérie

Le secteur a enregistré une remobilisation des nappes phréatiques au nord et au niveau des hauts plateaux estimée à plus de 200 nappes, grâce aux récentes précipitations, permettant de répondre aux besoins du pays en matière d’eau potable et d’irrigation.

Le ministre des ressources en eau, M.Houcine Necib avait fait état de l’établissement d’une feuille de route visant la généralisation de la distribution quotidienne, outre la maitrise de l’instabilité enregistré dans 592 communes à travers 30 wilayas.

Outre son renforcement par une enveloppe financière d’un montant de 31 milliards de Da afin de financer le programme complémentaire d’investissement qui a été établi en coordination avec le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales ainsi que les walis, le secteur a lancé, depuis octobre dernier, plusieurs opérations d’investissements, a précisé le ministre.

« Les procédures qui ont été prises visant l’amélioration du rendement dans le service public nous rendent optimiste par rapport à la saison estivale ».

S’agissant de la situation de la gestion du secteur, le ministre a indiqué que 360 communes connaissant un déficit en matière d’alimentation en eau durant l’année dernière bénéficieront d’une distribution quotidienne durant le premier semestre en cours, alors que 220 communes bénéficieront de cette même opération durant le deuxième semestre de l’année en cours.

Cette opération s’inscrit dans le cadre de l’objectif tracé visant l’amélioration de l’alimentation en eau potable au niveau de 30 wilayas pour laquelle l’Etat a consacré le budget nécessaire.

Il a assuré que le secteur veille à garantir une meilleure qualité d’eau qui est considérée comme « priorité extrême » puisqu’elle est liée directement à la santé du citoyen.

« Il y’a une organisation et un suivi permanent notamment en matière de prévention contre les maladies transmissibles via les eaux puisque aucun cas n’a été enregistré et nous sommes très satisfaits de ces résultats », a-t-il révélé.

Le danger libyen

Fouad Chehat, directeur général de l’Institut tunisien de recherche agronomique (INRA), avait accusé la Libye de provoquer une détérioration de la nappe albienne, en procédant à un pompage qui ne respecte pas les règles fixées conjointement par les pays riverains. Intervenant dans la matinée au cours d’une émission de radio, M. Chehat a affirmé que la Libye utilise des « méthodes non économes » dans l’exploitation de cette nappe.

La Tunisie exploite « un peu » la nappe, « la Libye beaucoup », a-t-il dit. La partie libyenne « a dégradé les réserves existantes, en utilisant méthodes non économes », a-t-il déclaré. Il a appelé à être « prudent » dans l’exploitation de cette nappe, en utilisant « rationnellement » les réserves disponibles.

Il a plaidé pour « une exploitation intelligente de ces réserves, non renouvelables ». Pour lui, il faut « mesurer ce qu’on fait, améliorer très nettement la gestion de l’eau, avec des systèmes économes ».

La nappe phréatique, qui couvre une partie du Sahara algérien, pour s’étendre jusqu’en Tunisie et en Libye, est exploitée selon des accords tripartites fixant les quotas de chaque pays.

Polémique

M. Chehat a également contesté les estimations concernant cette nappe. Alors que certaines études font état de réserves dépassant 40.000 milliards de mètres cube, pouvant être exploités sur cinq mille ans, M. Chehat a affirmé que ces calculs ne sont pas suffisamment étayés.

« Je ne suis pas du tout d’accord avec cette idée », a-t-il dit, se demandant « sur quelle base » s’appuient ceux qui donnent ces chiffres. « Sur quelles études hydrogéologiques » s’appuient-ils, a-t-il martelé, ajoutant que les études menées jusque-là sont « insuffisantes ». Cela n’empêche pas d’aller à « une utilisation de manière plus importante des nappes phréatiques ».

Sur d’autres chiffres, M. Chehat s’est par contre montré plus indulgent. Il a ainsi affirmé que l’Algérie est passée de 50.000 hectares irrigués « il y a une dizaine d’années » à 1.15 millions d’hectares. Pour lui, elle doit aller « vers l’objectif fixé », qui est d’arriver à deux millions d’hectares irrigués « dans les cinq prochaines années ».

C’est la condition première pour maîtriser la balance agricole. L’augmentation de la production doit, en effet, se faire par une amélioration de la productivité, « non en surfaces » par la conquête de nouvelles terres. « On peut gagner 600.000, voir un million d’hectares », mais c’est une limite, a-t-il estimé.

Optimisme pour l’année 2018

Par contre, il est possible de développer « une agriculture durable dans le sud ». Mais il faudrait « développer une agriculture moderne, intensive ». Il « n’est pas question d’une seule culture » par an, ou « de développer le blé seul.

Il faut avoir une rotation des cultures, avec au moins deux cultures sur une même parcelle ». Cela passe également par « une modernisation des pratiques et des techniques » et « une amélioration des variétés et des races » animales.

Au sujet de la saison actuelle, marquée par une absence presque totale de pluies jusqu’à fin février, puis par des pluies marquées depuis début mars, M. Chehat s’est déclaré optimiste. Il a affirmé que les pluies de mars-avril peuvent sauver la saison agricole, particulièrement si de nouvelles pluies sont enregistrées en avril-mai.

Il s’est déclaré « raisonnablement optimiste » pour la situation dans l’ouest du pays, alors que dans l’est, la situation serait encore meilleure. « L’année peut être sauvée. Globalement, ce sera une année au moins moyenne », a-t-il dit.

80% des nappes phréatiques sont exploitées

Le constat est aussi fait d’une surexploitation de la plupart des grands aquifères d’Afrique du Nord, tels que les aquifères du Souss, Tadla, Berrechid et Saïss, au Maroc, ceux du Bas-Cheliff, de la plaine de Mascara et du plateau de Mostaganem, en Algérie, et l’aquifère de Sisseb el-Alem, en Tunisie. Ces déséquilibres vont être accentués dans le futur, selon les prévisions des modèles de changement climatique. En effet, outre l’augmentation prévue de température, qui conduit à une augmentation de l’évapotranspiration, en zone méditerranéenne, la pluviométrie devrait décroître. Ceci pourrait conduire à la fois à une moindre recharge des aquifères et à une utilisation accrue de ces aquifères par les agriculteurs pour compenser la croissance du déficit entre évapotranspiration et pluviométrie.

Ismain