Situation des handicapés,Pas de statistiques fiables en Algérie

Situation des handicapés,Pas de statistiques fiables en Algérie

L’Algérie a besoin de faire un recensement générale des handicapés pour identifier cette population et connaître les types de handicaps afin de mettre en place une politique efficace de prise en charge. C’est ce qu’ont affirmé, hier, les participants au 2e Colloque international de la prise en charge des handicapés, organisé par le département des sciences psychologiques, de l’éducation et de l’orthophonie de l’université d’Alger 2. «Nous n’avons pas encore de statistiques fiables sur le nombre des handicapés en Algérie. Les dernières statistiques remontent à 1998 établissant ce chiffre à 1,6 million mais sans plus de détails.

Aujourd’hui, ils sont certainement plus nombreux d’où la nécessité de mobiliser plus de moyens», a affirmé Mahmoud Boucenna, directeur du laboratoire éducation, formation et travail. «Le problème des statistiques est réellement posé. Il faut faire un état des lieux afin d’améliorer les choses», dira Dr Rachid Hamouche, sociologue à l’université Alger 2. Pour les participants, la prise en charge consacrée au handicapé connaît de multiples défaillances.

«On ne reconnaît pas encore le handicapé comme une personne et un citoyen à part entière. La preuve, on construit des infrastructures sans prendre en compte leurs spécificités. Les exemples sont multiples, routes, métro, tramway et autres, où il y a absence totale de passage permettant aux handicapés d’y accéder.

C’est peut-être inconscient et involontaire de la part des concepteurs de projets mais il faut y penser désormais», dira Dr Hamouche. Selon lui, «il y a urgence de repenser la politique de prise en charge de façon à en faire une politique plus globale qui puisse intégrer tous les aspects de la vie d’un handicapé».

Le sociologue est revenu sur la souffrance des familles ayant à charge un handicapé qui, «en plus du temps et de la spécificité de la prise en charge, peut être aussi une source de conflits internes», dira-t-il. Il met en garde contre le recours intensif des familles vers les centres spécifiques qui «peuvent être un moyen d’isolation du handicapé du monde extérieur et de la société.

La problématique de savoir si les centres sont la meilleure formule de prise en charge des handicapés est sérieusement posée car il faut prendre en compte la nécessité de laisser cette personne vivre et évoluer dans son environnement social et culturel afin d’avoir une meilleure intégration», a-t-il affirmé. Le sociologue s’interroge sur l’application par l’Algérie des normes internationales arrêtées en matière d’intégration de cette catégorie. «Avons-nous trois handicapés dans une classe de l’éducation nationale ?

Avons-nous appliqué le pourcentage requis pour l’emploi des handicapés ? Tout cela doit être repensé et mieux concrétisé sur le terrain», dira-t-il. Les participants ont interpellé l’Etat pour intensifier les efforts afin d’atteindre ses objectifs. Des ateliers consacrés à l’examen de la situation du handicapé dans les domaines de la santé, l’enseignement, la formation et le travail sont organisés lors de ce colloque dont la clôture est prévu aujourd’hui.

Nouria Bourihane