La situation des établissements pénitentiaires a été, hier, au centre des débats au forum d’El Moudjahid. Le directeur général de cette administration, Mokhtar Felioune, a indiqué les «les centres d’incarcération seront désengorgés en 2011 ».
Il a affirmé que parmi les 13 nouveaux centres prévus pour la fin de l’année prochaine, « deux sont déjà opérationnels au niveau de Bordj Bou Arréridj et Bejaia ». Ces nouvelles prisons vont permettre aux détenus, au nombre de 55 500, dont 820 femmes, d’occuper des espaces de 9 m²/personne, au lieu de 2,5 m² actuellement. L’invité du forum a indiqué que depuis 2003, année de lancement des réformes dans les centres pénitentiaires, « les choses se sont nettement améliorés, notamment dans le domaine de la santé ».
A titre d’exemple, il a indiqué que le nombre de médecins qui s’occupent des prisonniers est passé de 193 en 2003 à 420 à la fin 2010, et le nombre da paramédicaux est passé de 516 à 1 321. Le budget alloué pour l’acquisition des médicaments est passé de 250 millions DA à 550 millions DA au bout de 7 ans d’intervalle.
Revenant à la scolarité des détenus, le premier responsable de cette administration a indiqué que le nombre de détenus inscrits dans les différents paliers de l’éducation est estimé à plus de 18 000 au cours de cette année. 780 poursuivent des études supérieures.
A propos de travail d’intérêt général, le représentant de la Justice a indiqué que depuis l’entrée en vigueur de cet arrêté en mai 2009, 867 détenus ont bénéficié de cette forme de purge. Sur cette question précise, Maître Chorfi, présent dans la salle, a contredit le chiffre avancé par M. Felioune. «Je suis dans le domaine et sur le terrain, depuis des décennies, je n’ai pas encore vu cette catégorie de prisonniers qui travaillent pour l’intérêt général », a-t-il souligné. Le conférencier a indiqué que ces détenus « travaillent dans les tribunaux, les APC, les daïras, les hôpitaux… », a-t-il précisé.
Concernant les services externes de prise en charge et de réinsertion sociale des détenus mis en liberté,
M. Felioune a annoncé l’installation de 5 services externes de gestion des prisons, chargés de la réinsertion sociale des détenus, au niveau des wilayas de Blida, Oran, Ouargla, Chlef et Batna, contre 18 autres sièges en cours de réalisation.
La réinsertion sociale a été également évoquée. Le nombre de bénéficiaires des programmes de l’Agence de développement social (ADS) dans le cadre d’une collaboration entre celle-ci et la direction générale de gestion du développement social s’élève à 819. M. Felioune a recensé 649 bénéficiaires de la formule du micro-crédit accordé par l’Agence nationale de la gestion des micro-crédits (Angem), dans le cadre des recommandations de la commission. Dans ce chapitre, les femmes détenues mises en liberté âgées de plus de 18 ans et non diplômées peuvent bénéficier d’ateliers et de locaux ainsi que d’un crédit à hauteur de 27 000 DA, contre un crédit de l’ordre de 400 000 DA pour celles diplômées de la formation professionnelle, a-t-il ajouté.
A une question sur la récidive, M. Felioune a indiqué que ce phénomène est moins grave par rapport aux pays occidentaux. « La récidive en Algérie est sur une courbe descendante. Elle est passée de 42% dans les année 2003 et 2004 à 40,20% en 2010 », a-t-il indiqué avant d’ajouter que « dans certains pays développés, le phénomène atteint la barre de 60% ».
A une question d’un journaliste portant sur les viols perpétrés dans les prisons, le premier responsable de ces établissements a affirmé que ce genre de pratiques existent dans les prisons mais à un degré minime. « Les procureurs, les avocats, les ONG passent régulièrement dans des prisons et les commanditaires sont punis en conséquence ».
Par ailleurs, le responsable a souligné que le système algérien de réforme pénitentiaire était « sollicité par certaines parties étrangères », en vue de mettre à profit l’expérience algérienne dans ce domaine, notamment en ce qui concerne les travaux d’intérêt général et la réinsertion sociale des détenus.