Le PDG de la compagnie nationale de transport aérien, Air Algérie, Mohamed Salah Boultif, a annoncé ce matin l’élaboration d’un plan pluriannuel d’action à moyen terme destiné à développer la société.
» Ces travaux, qui ont déjà commencé, auront pour but d’établir un diagnostic sur l’ensemble des compartiments de l’entreprise pour aboutir à un plan pluriannuel qui sera traduit en programme d’action sectoriel « , a-t-il déclaré.
Le patron d’Air Algérie qui s’exprimait lors de la conférence annuelle des cadres de la compagnie a considéré que les efforts consentis par la compagnie en matière d’investissements, notamment pour ce qui concerne le renouvellement de la flotte et le recrutement de ressources humaines, » n’ont pas été intégrés dans un plan cohérent « .
Il s’agira, pour lui, de revoir désormais la démarche, à travers la nécessité de définir les objectifs à moyen et long termes et les moyens d’y parvenir afin d’assurer la pérennité de l’entreprise. C’est là une critique indirecte de son prédécesseur dont la gestion commence à révéler des insuffisances.
Le client : Une priorité à l’avenir
Pour réaliser cet objectif, Mohamed Salah Boultif promet de faire appel à toutes les compétences de l’entreprise à travers la constitution de groupes de réflexion. Première priorité : améliorer la relation avec le client. C’est d’autant plus une priorité que les préjudices laissés par la grève de juillet sont loin d’être oubliés.
Améliorer la relation avec le client à tous les niveaux, renforcer les relations avec les intermédiaires agréés, développer les relations avec les entreprises et les institutions : tel sera désormais le mot d’ordre. Il a mis l’accent, à ce titre, sur la nécessité d’améliorer la qualité de service, qui doit être une affaire de tous.
Sur ce plan, il s’est montré critique envers ses cadres, reconnaissant que la ponctualité des vols de la compagnie et la qualité de ses services tant au sol qu’à bord » se sont dégradés « .
Il y va aussi de l’avenir de l’entreprise et de ses parts de marchés dans un contexte de concurrence impitoyable. C’est pourquoi Boultif a demandé à ses cadres de stopper » impérativement « , la tendance à la baisse des parts de marché de l’entreprise.
Le PDG de la compagnie a, par ailleurs, relevé » un certain nombre de signes inquiétants » quant à la situation globale de l’entreprise. » Si nos produits ont augmenté de 25% en cinq ans, nos charges ont augmenté de 31%. Autrement dit, nos charges ont augmenté plus vite que nos recettes « , a-t-il fait remarquer.
La compagnie perd des parts de marché
Pour illustrer la situation financière de l’entreprise, il avance un chiffre : 71%. C’est la baisse des résultats d’exploitation pour les cinq dernières années. « Si ces déficits sont acceptables pour les lignes soumises à sujétion de service public, ils deviennent inquiétants lorsqu’ils concernent les lignes strictement commerciales « , observe le DG d’Air Algérie.
Il a relevé, également, que l’entreprise enregistre une » augmentation alarmante » des créances détenues sur ses différents clients. » Non seulement nos recettes baissent, mais nous ne nous attelons pas à les récupérer dans des délais raisonnables « , a- t-il déploré. Mohamed Salah Boultif a fait remarquer, à ce titre, que la rentabilité de l’entreprise ne provient pas de son activité.
« Si nous avons enregistré des résultats positifs, ils sont dus à nos produits hors exploitation « , dit-il en expliquant qu’au moment où la compagnie connaît une tendance à la baisse de ses recettes, elle enregistre une augmentation du coût du billet.
Il a fait savoir dans le même sens que les coefficients de remplissage des vols de la compagnie sont » relativement bas » sur la plupart des lignes, et ce au moment même où la moyenne des autres compagnies augmente pour atteindre des taux allants jusqu’à 80%.
Sur les lignes intérieures, le patron d’Air Algérie a constaté » un fléchissement du trafic » sur les lignes régulières, expliquant cette baisse par » l’amélioration sensible des transports terrestres « . Sur ce marché, l’apparition d’un second opérateur (Tassili Airlines) » va avoir pour effet une perte sur les quelques marchés rentables tel que celui des vols charters « , a-t-il averti.
L’amélioration du marché de transport aérien algérien qui a renoué avec la croissance avec une progression annuelle de 10% du trafic global » a profité quasi exclusivement « , selon lui, aux compagnies étrangères concurrentes.