Écrit par Fayçal Djoudi
Le gouvernement algérien, à travers ses déclarations officielles, ne cesse d’encourager et de promouvoir le secteur du tourisme en Algérie. La politique de diversification de l’économie nationale et de sortie de la dépendance excessive aux hydrocarbures passe justement par la promotion du tourisme algérien. En attendant, la réalité du terrain ne prête guère aux réjouissances.
Et comme chaque année, le Salon international du tourisme et des voyages (Sitev), qui a ouvert ses portes hier au Palais des expositions de la Safex, se veut un espace privilégié pour faire connaître les potentialités touristiques de l’Algérie.
Une opération qui risque, toutefois, de ne pas atteindre les objectifs visés par les organisateurs de cette manifestation et aussi, et surtout, par les opérateurs touristiques nationaux qui y prennent part. Et pour cause, les précédentes éditions du Sitev n’ont pas réussi à provoquer la grande affluence du public ciblé dans les stands «destination Algérie», alors que des stands étrangers ont connu un rush qui témoigne de la préférence marquée par les Algériens à l’offre d’outre-mer, notamment celles en provenance de Turquie et Tunisie. Ce pays voisin, qui grouille de touristes algériens, notamment en période estivale, ne rate d’ailleurs pas l’opportunité du Palais des expositions de la Safex pour faire une démonstration, dans ses stands, de son savoir-faire touristique, sous la houlette de l’Office national du tourisme tunisien (ONTT). Mais les Tunisiens ne sont pas seuls à faire la promotion du tourisme dans leur pays aux Pins-Maritimes. Même les agences de tourisme locales savent qu’il est plus facile de faire la promotion du tourisme dans ce pays voisin que des potentialités touristiques locales, qui souffrent du manque de mise en valeur. Les opérateurs s’en plaignent et regrettent que la stratégie du gouvernement au profit du tourisme ne repose que sur les discours et effets d’annonce. «A ce jour, aucune procédure de facilitation en direction des agences de voyages n’est opérationnelle», dira le propriétaire de New Sun Travel, Youcef Aouchiche, affirmant que si les Algériens vont en Tunisie ou en Turquie, «ce n’est pas pour exprimer leur solidarité, mais par faute de trouver mieux chez eux en matière d’infrastructures et de loisirs touristiques». Même écho chez Djamel Abdellaoui, un autre opérateur, qui relève que «le tourisme domestique reste inaccessible à l’Algérien lambda malgré les conventions et les facilités qui ont été entreprises». Ces conventions «ne touchent pas les opérateurs privés mais les institutions étatiques tels que l’ONT et l’Onat», précise notre interlocuteur.
Le tourisme saharien comme alternative
«A défaut de réussir le balnéaire dans l’état actuel des choses, il serait judicieux de se concentrer sur ce qui est plus facile à maîtriser», propose Salim Ketfi, responsable d’une agence de voyages et de tourisme, installée à Sétif. Contre vents et marées, M. Ketfi reste l’un des rares opérateurs à promouvoir le tourisme en Algérie, notamment la destination Sahara. Pour lui, «une agence de voyages n’est pas un comptoir de billetterie», et « vendre un séjour touristique est un métier à part entière». Se démarquant du discours démagogique, M. Ketfi parle de situation «critique» d’un secteur en proie à des pratiques à bannir pour peu qu’il existe une volonté de le faire. «Arrêtons de nous voiler la face. Il est prétentieux d’affirmer pouvoir construire une destination Algérie dans la situation qui prévaut aujourd’hui. Il ne s’agit pas de verser dans la fatalité, mais de se dire la vérité toute crue pour pouvoir réellement rectifier le tir», lance-t-il. <