Ils étaient environ 4500 étudiants des différentes écoles supérieures et universités, venus manifester hier devant le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Un sit-in a finalement eu lieu et les contestataires demandent encore une fois l’abrogation du «décret présidentiel 10-315 »
Les étudiants ont investi tôt dans la matinée d’hier le passage menant vers le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, qu’ils ont finalement bloqué au bout de quelques minutes. Leur nombre dépassait les attentes des policiers envoyés pour les stopper.
Les Casques bleus empêchaient les étudiants de se diriger vers le portail du ministère, alors que les ingénieurs des écoles supérieures et les étudiants de l’ancien système scandaient plusieurs slogans pour faire entendre leur mécontentement.
Ils ne sont pas satisfaits des décisions et des recommandations prises lors de la conférence nationale tenue jeudi au ministère de tutelle entre le premier responsable du département et les recteurs des universités. «Nous ne voulons pas de compromis.
C’est l’abrogation du décret de la honte ou la contestation sans limites», pouvons-nous entendre parmi les protestataires.
Un cordon de brigadiers antiémeutes s’était constitué dès l’arrivée des premiers étudiants, dont certains avaient passé la nuit à la belle étoile. Les étudiants, dont le nombre est de plus en plus important, qui rejettent le décret en question ont à maintes reprises forcé le cordon des Casques bleus.
Et là, la tension est montée d’un cran. Les policiers ont alors usé de force pour faire reculer les étudiants. Mais ces derniers étaient plus que déterminés à rallier la poignée de leurs camarades qui ont pu rejoindre le portail du ministère. C’est à ce moment que les policiers ont commencé à tabasser des étudiants. Cette séquence s’est répétée à plusieurs reprises. Bilan de ces
accrochages : au moins une vingtaine de blessés parmi les étudiants, dont deux filles, selon les délégués approchés sur les lieux. Les uns ont été évacués par leurs camarades vers des centres hospitaliers, d’autres ont décidé de poursuivre le mouvement de protestation coûte que coûte.
Vers 11h30, une cinquantaine d’étudiants se sont rassemblés devant le ministère, comprendre par là devant la porte d’entrée.
Quant aux premiers, bloqués en amont, ils ont fini par accéder de l’autre côté du cordon des policiers. Les Casques bleus avaient cédé devant la pression, vraisemblablement afin d’éviter un drame. En début d’après-midi, environ 4500 étudiants, originaires d’Alger, de Boumerdès, de Tizi Ouzou, de Béjaïa, de Blida et de Jijel, étaient encore rassemblés devant le ministère de tutelle, bloquant les accès.
Le mouvement se radicalise
Parmi les slogans, on pouvait entendre «Harraoubia berra», «Pouvoir assassin», «Dawla haggara (Etat injuste)», «Le diplôme wella el harga».
La majorité des étudiants, les garçons entre autres, comptent passer une nouvelle nuit devant le ministère. Ils promettent de maintenir la pression jusqu’à l’abrogation du décret 10-315. «C’est ça ou rien», tonnent-ils.
Rappelons que le décret 10-315 est considéré par les étudiants en ingéniorat et ceux de l’ancien système comme «absurde et dévalorisant». Ce décret classe un bac+5 de l’ancien système au même niveau qu’un mastère 1 du système LMD. Ce qui n’est pas «logique» pour les étudiants, «c’est que même après un bac+5, il est impossible d’accéder aux études de doctorat».
Par Mehdi B.