Seule l’ouverture d’un dialogue pourrait pousser les grévistes à mettre fin à leur mouvement, persiste l’Intersyndicale qui a interpellé hier encore le Premier ministre.
L’absence du ministre de la Santé, en déplacement à Genève pour la conférence de l’OMS, n’a pas empêché les professionnels de la santé de faire le pied de grue devant le siège du département de tutelle. Des centaines de blouses blanches venues de nombreuses wilayas se sont donné rendez-vous pour le traditionnel sit-in qui clôt leur dernière journée de grève de trois jours renouvelable.
Hier encore, la tension était à son comble : “Ziari dégage et grève continue.” Une seule phrase revient tel un leitmotiv : “Donnez-nous les moyens pour pouvoir prodiguer des soins de qualité aux malades.”
Une chose est sûre, la position de la tutelle ne fait qu’accentuer la volonté des grévistes d’aller jusqu’au bout de leur combat. La fin de la protestation n’est pas pour demain. C’est désormais le même rituel.

Les trois syndicats constituant l’Intersyndicale (SNPSSP, Snapsy et SNPSP) se réuniront aujourd’hui pour décider de la suite du mouvement selon l’évaluation de la situation. Une situation qui s’envenime et s’aggrave de jour en jour et pour laquelle les syndicats comptent répliquer par ses propres moyens.
Refusant d’anticiper sur les prochaines actions de protestation, le docteur Yousfi se contentera de dire que “l’Intersyndicale décidera des prochaines actions. Nous allons maintenir notre mouvement et nous n’allons pas nous laisser faire”.
Le président du Snpssp regrette que face à cette impasse, le citoyen, les partis politiques et autres jouent les spectateurs. Pour lui, les citoyens doivent défendre leurs intérêts comme ils le font pour le logement, le problème de l’eau et autres et soutenir les syndicats dans leur combat. “Il faut arrêter de focaliser et de croire que le problème du secteur est un conflit entre le ministère et les syndicats.”
Abondant dans le même sens dans l’allocution prononcée à la fin du sit-in, le docteur Merabet assène : “Nous n’allons pas abdiquer ! Nous n’allons pas nous arrêter tant que le mépris persiste. Nous ne demandons qu’un profil de carrière qui stabilisera les professionnels dans la santé publique et ne les pousse pas vers le privé.” Abordant dans la foulée la dernière prise de position de certaines associations de malades, le président du SNPSP s’interrogera : “Où étaient ces associations quand nous avons posé les problèmes des malades ? Logiquement, leur place est ici avec nous et il aurait été plus judicieux pour elles de déposer une plainte contre la tutelle et non contre les syndicats.” Prenant la parole, le président du Snapsy lancera d’emblée : “J’ai honte de ce ministre qui veut nous faire sortir par la petite porte de la honte et de l’humiliation ! Mais ceci n’arrivera pas car notre combat, nous le poursuivrons jusqu’au bout.” Keddad expliquera que les seules choses qui pourraient mettre fin à la grève, c’est l’ouverture d’un dialogue en présence de représentants de la DGFP et du ministère du Travail ou à la demande de la base. “Ce qui ne risque pas d’arriver puisque les manifestants ont vite répliqué en scandant ‘Grève continue !’” À signaler, enfin, que pour ce qui est du report des opérations chirurgicales, le docteur Yousfi avance un chiffre de 3 000 si l’on prend une dizaine de reports par journée de grève au niveau de plus de 300 établissements de santé publique. “Nous avons l’habitude de rattraper les retards cumulés en travaillant plus et en accélérant la cadence.”
M B