N’étant pas à leur première action, des centaines de sidérurgistes en âge de partir en retraite, reviennent à la charge.
Revendiquant leur droit à la retraite anticipée, plusieurs dizaines de travailleurs du complexe Sider/ El Hadjar se sont regroupés hier, devant le siège de l’Union locale de l’Ugta de Annaba. Au motif de cette énième action du genre, depuis la promulgation de la loi sur la retraite anticipée, leur demande de réviser cette décision, du moins en ce qui les concerne; du fait que l’ensemble des contestataires âgés de 58 et 59 ans, ont à leur actif plus de 32 ans de service, pouvant de ce fait, leur permettre de partir en retraite avant l’âge limite, fixé par la loi, à 60 ans. Un contestataire apostrophé s’offusquera du fait que «l’annulation de la retraite anticipée ait négligé dans l’adoption du projet de loi, une tranche de travailleurs en âge de retraite normale», a fait savoir notre interlocuteur, qui a précisé dans le même sillage, «que cette loi est amputée quand on considère qu’elle n’a pas pris aussi en compte les métiers pénibles, comme c’est le cas aujourd’hui». Ces métiers pénibles dont la liste, jusqu’à la mise sous presse n’a pas été déterminée, pour dissiper tout équivoque quant à l’application de la nouvelle loi, régissant le départ en retraite. Telle est la situation dans ce cas de figure, où, des dizaines de sidérurgistes exercent des métiers astreignants au sein du complexe. Des travailleurs qui remplissent toutes les conditions relatives à la retraite, s’estiment victimes de l’annulation de la retraite anticipée sans condition d’âge. Une abrogation jugée inéquitable au vu des 32 ans de loyaux services accomplis. De ce fait, les contestataires, interpellant le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, exigent sans condition, l’abrogation de la décision d’annuler le départ à la retraite sans condition d’âge, la retraite anticipée en l’occurrence. Dans ce sens, une correspondance adressée au Premier ministre, a été remise aux représentants syndicaux, confirmant leur nette opposition à cette décision. Par ailleurs, et à défaut d’un écho favorable, le recours, incontournable à des sit-in cycliques, pouvant être radicalisé dans le cas où leur seule et unique doléance n’est pas prise en charge. Notons que depuis la promulgation de cette loi, abrogeant la retraite anticipée et la retraite sans condition d’âge, la grogne s’est installée au sein des sidérurgistes, après une nette stabilité au sein de la masse salariale. Cette dernière qui, depuis la prise de cette décision en 2016, par l’ex-ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, Mohamed El Ghazi, a observé plusieurs actions de contestations, pour revendiquer l’annulation de la retraite anticipée. Une décision sur laquelle El Ghazi s’était montré intransigeant. L’ex-ministre avait rappelons-le, défendu les motivations de ce choix, par le souci de préserver les équilibres des caisses de la Sécurité sociale et la pérennité des versements de la CNR (Caisse nationale des retraites). En effet, ce dernier avait laissé entendre que son intérêt et celui du gouvernement portent sur les citoyens et le souci de préserver leur pouvoir d’achat, entre autres. Revenant sur la retraite anticipée, instituée en 1997, El-Ghazi avait expliqué qu’il s’agissait d’une mesure exceptionnelle, recommandée par le FMI (Fonds monétaire international), et que ce «choix difficile» n’avait pas été pris par le gouvernement de son propre gré. Une décision selon GH. H, professeure en économie à l’université de Annaba «prise en référence à la tendance en cours dans plusieurs pays développés fixant l’âge de départ à la retraite à 60 ans, et même au-delà». C’est dire que le gouvernement a bien réfléchi sur le projet, de manière qu’il soit en faveur de l’économie nationale créatrice de richesse, en ces temps de vaches maigres. S’agissant de cette frange de contestataires, notre interlocutrice a mis en avant le retard dans la mise en place de la liste des métiers pénibles et à haut risque. Un processus devant être achevé, juste après l’adoption de la loi de la retraite à 60 ans, avait à l’époque révélé Mohamed El Ghazi, ce qui n’a pas été fait jusqu’à la mise sous presse. Situation susceptible d’ouvrir la brèche du front de la contestation devant les fonctionnaires de divers secteurs, comme c’est le cas des sidérurgistes du complexe d’El Hadjar.