Les diplômés ne comptent pas lâcher prise et envisagent de se réunir en vue de dégager un nouveau plan d’action de protestation qui sera entamé par un rassemblement ouvert devant le ministère.
L’appel lancé par la commission nationale des titulaires de DEUA pour un sit-in devant le ministère de l’Enseignement supérieur a eu un large écho. Cette énième action de protestation a enregistré une large participation de diplômés venus de tout le territoire national. Les protestataires, qui arrivaient par petits groupes, se sont donc rassemblés devant le siège du département de Rachid Harraoubia sous surveillance policière.
Le ministre connaît très bien le dossier des titulaires de DEUA puisque leur problème a surgi justement suite aux mesures prises pour absorber la colère des étudiants du LMD en 2010, notamment les passerelles entre le système classique et le LMD.
Selon des diplômés rencontrés sur place, Harraoubia “s’est engagé, lors de la campagne électorale des dernières législatives, de les aider à régler le problème si un jour il revenait au ministère. Nous attendons qu’il tienne sa promesse”. Mais il n’en fut rien ! Le conseiller du ministre et le directeur de l’enseignement supérieur, qui ont reçu hier des membres de la commission nationale, des titulaires de DEUA, ont fait savoir clairement que pour la tutelle, “le dossier est clos”.
“Les deux circulaires pendues à la hâte en l’espace de 15 jours sont donc la seule et dernière réponse de la tutelle aux diplômés”, confie le président de la commission. Et de préciser que les circulaires ne répondent pas aux attentes des diplômés et ne corrigent pas l’injustice à leur égard, puisqu’elles ne traitent que du volet de la poursuite des études et dans des conditions très contraignantes sans pour autant procéder au reclassement qui leur ouvrirait les portes de la promotion professionnelle.
Déçus certes par cette nouvelle sortie de la tutelle, les DEUA ne comptent pas lâcher prise. “Nous allons accentuer la pression et durcir notre mouvement”, réplique Yahia Allili. “Nous allons nous concerter et dégager un plan d’action qui sera entamé par un sit-in ouvert devant la tutelle. Nous n’allons pas renoncer à notre droit.” Les manifestants réclament “une équivalence pure et simple, et inconditionnelle avec le LMD”.
Le fait de mettre sur un pied d’égalité les diplômes du système classique et du LMD a provoqué l’ire des DEUA qui ont considéré que leur diplôme a été dévalorisé puisqu’eux aussi ont un niveau bac + 3 années d’études, alors que l’équivalence leur est refusée. Pis, ce diplôme proposé aux étudiants dans les années 1990 par le gouvernement Hamrouche ne vaut pas plus que celui délivré par les instituts de formation professionnelle et sont privés de toute promotion professionnelle.
“Un lycéen qui a le niveau de 2e année secondaire déclaré admis décroche l’équivalent de notre diplôme à l’issue d’une simple formation de 30 mois”, fulmine un représentant de Constantine.
Ce que les titulaires dénoncent et refusent catégoriquement. “Comment délivrer des diplômes universitaires sous la même dénomination que ceux délivrés par la formation professionnelle ? Soit le DEUA n’est pas un diplôme universitaire, et ce sera une catastrophe pour plus de 100 000 titulaires, soit c’est bel et bien un diplôme universitaire dont le classement doit être revu”, indique Yahia Allili. Et d’ajouter : “Nous avons fait le même parcours pédagogique, il faudrait donc que nous ayons droit à la même considération. Nous exigeons une équivalence inconditionnelle avec le LMD et nous ferons tout pour l’arracher !”
M B