Dix heures. Un impressionnant dispositif de sécurité était déployé à travers toutes les issues menant au lieu de la contestation.
Sur place, les médecins affluaient par petits groupes.
Encerclés par l’impressionnant dispositif, ils ont été contraints de se rassembler dans le petit jardin face au ministère. «Mais pourquoi sont-ils aussi méprisants à l’égard de nos médecins ? Le ministre doit sortir pour les recevoir, pas leur ramener des policiers pour les tabasser !» s’indigne un vieil homme debout à côté d’un taxiphone.
«Ils sont là pour réclamer un statut», lui répond le tenancier du commerce. Ce dernier ne croyait pas si bien dire, car les médecins praticiens et spécialistes de la santé publique sont en grève depuis plus de 2 mois.
La foule commence à grossir, avant même l’heure prévue pour le sit-in, 11h. Des médecins d’autres wilayas sont également de la partie. «Nous sommes venus de Béjaïa. Le mouvement est suivi à 70 % et il prend de plus en plus d’ampleur», nous dit Dr Atik, président du bureau de wilaya du SNPSP.
«Au-delà des revendications financières, nous réclamons quelque chose de plus important : la refonte de notre statut. C’est à partir de là que tout se réglera.» Les docteurs Mrabet et Yousfi, présidents du SNPSP et du SNPSSP, pris d’assaut par les journalistes, entrèrent soudain en négociation avec des policiers.
«Ils nous demandent uniquement de dégager la route qui sépare le jardin du ministère», nous lance Dr Youssefi. Il est vrai que le nombre des protestataires a dépassé le millier. Les médecins commencent à mettre leur blouse pour donner le ton au sit-in.
La «provocation» des policiers n’a pas manqué de chauffer la foule. Des cris commençaient alors à fuser : «Praticiens en colère !», «Barkat, barakat !», «1, 2, 3, où va la santé ?»
Les forces antiémeute, cachées jusque-là dans les fourgons cellulaires, se déploient. Un cordon autour de l’entrée du ministère s’est vite formé. Sans affrontements.
La santé en danger, le ministre en congé… en Suisse»
Midi, une nouvelle a vite fait le tour. Le ministre de la Santé, Saïd Barkat, serait à l’étranger, en Suisse. «En tout cas, nous ne sommes pas là pour lui !» assène une femme portant une blouse de médecin maculé de sang.
Un slogan a également fait le tour des manifestants pour tourner en dérision cette situation. «La santé en danger, Barkat en congé !» scandaient les manifestants. «En Suisse», leur répliquaient d’autres de l’autre côté du jardin.
Les manifestants ont essayé d’amorcer une marche symbolique en parcourant les quelques mètres qui les séparent du portail du ministère, mais les forces anti-émeutes veillaient au grain. La foule n’a pas insisté. La cohabitation s’est déroulée cette fois, contrairement à la bastonnade de l’hôpital Mustapha, dans de très bons termes.
Le docteur Mrabet prend la parole en premier. «Que ce soit d’Alger ou de Sidi Bel Abbès, nous sommes là pour revendiquer nos droits. Pour que nous puissions bien soigner nos malades.
Nous dénonçons l’attitude du ministère de la Santé qui fait un travail de sape en essayant d’imposer un syndicat qui ne représente rien. Notre détermination reste intacte», dit-il en donnant rendez-vous mercredi prochain devant le palais du Gouvernement.
Youcef Kaced