La Coordination nationale autonome des étudiants (Cnae) a tenu hier un sit-in devant le siège du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique (MESRS) pour crier encore leur ras-le-bol.
Ils étaient environ 3000 étudiants venus de 10 universités du pays, représentées par des collectifs de 10 à 15 personnes participant au rassemblement. Le sit-in s’est déroulé comme les précédents, où les étudiants des différentes filières et universités ont pris la parole pour exprimer le marasme qui caractérise l’université algérienne aujourd’hui.
«Nous allons occuper ce lieu pendant longtemps encore, si la tutelle ne répond pas à nos doléances qui sont légitimes, et ce, avec la reconnaissance de nos enseignants», a déclaré un délégué de l’université Saad Dahleb de Blida. Avant que son camarade de Mostaganem ajoute : «Nos revendications sont claires et précises et sans leur satisfaction, nous ne bougerons pas d’ici et nous allons procéder à une forme de manifestation qui est l’occupation de la rue à travers le territoire national.» Farid, de l’université de Tizi Ouzou, a renchéri :
«Nous proposons un débat de fond avec la tutelle, nous ne sommes pas des mineurs, nous ne faisons pas de politique, nos revendications restent à jamais pédagogique et scientifiques.» L’un des animateurs de la Cnae, représentant l’université d’Alger, a dressé un tableau des plus exhaustifs sur la situation qui prévaut à l’université depuis la rentrée, soit en octobre 2010. «Le malaise s’est fait sentir au début de l’année et à l’époque déjà, nous avions tiré la sonnette d’alarme et nous avions rédigé des correspondances au ministère de l’Enseignement supérieur, en vain.
Nous avons même interpellé les organisations estudiantines agréées qui ont démontré par la suite leur incapacité. Et maintenant, nous n’avons besoin de personne, nous voulons un débat avec la tutelle», a-t-il fait savoir. Avant de se lancer dans l’énumération des revendications pédagogiques qui tardent à voir le jour, «nous voulons la démocratisation de l’université et la tenue des Etats généraux et l’évaluation des deux systèmes, à savoir le classique et le LMD qui est pour notre part un échec». Dans le même sillage, un étudiant de l’université de Béjaïa a expliqué :
«Le système LMD avance avec la création d’entreprises dans un pays, ce qui n’est pas le cas chez nous. Le système LMD exige un partenaire économique capable d’accueillir les diplômés, mais à l’heure actuelle, les diplômés du système LMD sont au chômage. Ce système a été initié pour apporter un changement de façade, ce que nous refusons». La foule était encadrée par les éléments de la sûreté nationale «afin d’éviter toute intrusion», explique un policier.
Incompréhension, selon le ministère
Une source au ministère proche du dossier a révélé en exclusivité au Temps d’Algérie que «le problème actuel entre la tutelle et les étudiants est dû à une incompréhension et une mauvaise interprétation de la part de ces derniers». Le responsable en question a estimé que «les revendications des étudiants sont légitimes dans le sens pédagogique et scientifique, et le ministère de l’Enseignement supérieur prendra en charge ces doléances dans le cadre des réunions régionales et nationales prévues à la fin de ce mois, et ce, avec la participation active des étudiants».
Et d’ajouter : «Le problème de l’ingéniorat d’Etat est résolu et le décret est paru au Journal officiel. Pour ce qui est du système LMD, notre vision est claire, puisqu’elle découle d’un travail de recherche approfondi initié non seulement en Algérie mais à travers toutes les universités du monde. Le maintien de ce système est indiscutable dans le sens où le taux de réussite est de 70%, contrairement au système classique dépassé par le temps où le taux de réussite n’est que de 30%. Ce système a besoin de temps pour qu’il donne ses fruits et pour l’évaluer.»
S’agissant du problème de l’équivalence, notre source a indiqué : «Nous ne pouvons pas parler d’équivalence entre deux diplômes d’un même pays, mais pour ce qui est des passerelles, celles-ci ont été prises en charge, un étudiant du système classique peut migrer vers le LMD avec des conditions, c’est-à-dire ajouter un module ou un stage par exemple.» Concernant les écoles supérieures, celles-ci fonctionnent comme suit : l’étudiant aura à faire deux années de préparation et trois ans en mastère, et c’est ce qui se fait à travers le monde».
Le responsable a tenu à rassurer les étudiants : «Notre objectif est de valoriser le diplôme et non le contraire, car nous n’avons aucun intérêt à le faire». Quant au classement des étudiants dans la Fonction publique, notre source a affirmé que «nous ne sommes pas responsables, les étudiants doivent s’en remettre à la direction générale de la Fonction publique qui élabore ses propres lois, le rôle de l’université est de former uniquement». La Cnae a décidé, à l’issue du sit-in, de maintenir le mouvement de grève jusqu’à l’aboutissement et la satisfaction de la plateforme de revendications.
Par Elias Melbouci