Le collectif des étudiants des universités et des écoles supérieures algériennes a remis hier une lettre au président de la République, à l’issue d’un rassemblement tenu devant le siège de la présidence de la République.
Les représentants du collectif ont été reçus par le directeur du département des requêtes et des relations publiques avec les citoyens qui les a assurés de remettre la lettre au président de la République en personne. Dans cette lettre, dont nous avons obtenu une copie, les étudiants font part de leurs «préoccupations de la situation alarmante qui gangrène l’université, actuellement dans un très grand état de tensions et d’inquiétude».
Reconnaissant les efforts de l’Etat, les étudiants soulignent que «l’Etat a mis en œuvre des moyens matériels et financiers sans précédent», ajoutant : «Cependant, un tel défi consistant à faire émerger une université performante et d’excellence, ne pouvait se permettre une gestion hasardeuses où l’improvisation et le bricolage ont été privilégiés à la concertation et la réflexion.»
Les rédacteurs de la lettre ont également soulevé le malaise de l’université algérienne qui reste à la traîne de ses semblables dans le monde mais aussi en Afrique. L’université algérienne qui était parmi les premières durant les années 1960 et 1970 est devenue de nos jours la risée des universités africaines…
L’université algérienne qui a formé par le passé des étudiants étrangers devenus aujourd’hui des chefs de gouvernement et des ministres, est devenue de nos jours une fabrique de chômeurs diplômés. La lettre parle aussi de la dégradation du cadre socio-pédagogique des étudiants, accueil, hébergement, bourse, restauration, récréations culturelles, sport et loisirs. Le manque ou carrément l’absence de vision de l’avenir «le manque d’évaluation pédagogique du système de l’enseignement supérieur et des réformes introduites.
L’évaluation se fait actuellement dans l’approximation pure et simple», relèvent encore les étudiants. Ils étaient une centaine venus des quatre coins du pays, notamment des délégués de l’université de Constantine représentant la région de l’Est, des délégués de l’université d’Oran et de Tlemcen pour la région de l’Ouest et des délégués de l’université de Bab Ezzouar et de Boumerdès pour la région centre. Le rassemblement s’est déroulé dans le calme et sans dérapage aucun
«Nous sommes l’avenir, prenez soin de nous»
Sur les banderoles portées par les étudiants, on pouvait lire : «Nous sommes l’avenir, prenez soin de nous», «Harraoubia dégage», «nos revendications sont pédagogiques et non politiques» ou encore «Monsieur le Président, vous êtes notre ultime recours». Les étudiants qui avaient un objectif bien précis ont avoué à la fin du sit-in :
«Nous avons atteint notre objectif, remettre la lettre rédigée par le collectif au président de la République», a dit Zine El Abidine Abassa, étudiant chercheur à l’université de Constantine et délégué de la région de l’est du pays. Même remarque chez le représentant des universités du Centre, Halim, qui a estimé :
«Notre mission et notre sit-in avaient pour objectif de remettre une lettre au président de la République qui reste notre ultime recours, et cela après avoir tapé à toutes les portes qui sont restées fermées devant nous. Des étudiants des universités et des écoles supérieures estiment par ailleurs :
«L’Etat a mis des moyens colossaux pour l’émancipation et le développement de l’université, mais rien n’a été fait, si ce n’est la construction de murs et l’aménagement de chambres. Nous demandons un aménagement de laboratoires et l’équipement adéquat pour une recherche efficace et progressiste».
Ils n’ont pas été tendres avec le système LMD sévèrement critiqué et remis en cause. «Il n’a pas été appliqué dans son ensemble», car selon eux, «ce système ne répond pas aux besoins du marché, il fabrique des chômeurs diplômés, alors que s’il y avait l’implication réelle des universitaires, et la mise en place d’instruments favorisant l’émergence de projets créateurs d’emploi, l’essor de l’économie nationale et la création de richesses sera effectif».
L’ensemble des étudiants ont, dans leur lettre au chef de l’Etat, demandé de mettre fin aux fonctions de personnes qui tiennent l’université en otage et à des fins partisanes. «En raison de l’incompétence des uns et de l’irresponsabilité et de l’égoïsme des autres, l’avenir de notre université est incertain et continue d’alimenter notre désarroi», ont-ils dénoncé. L’universitaire algérien a, à travers cette manifestation, affirmé son attachement à son pays.
«Jusqu’à quand doit-on tolérer la fuite de l’élite universitaire et des nouveaux diplômés, dont le nombre ne cesse d’augmenter chaque année de façon édifiante ?» La délégation des cinq étudiants qui ont été reçus à la présidence de la République se disent confiants quant à la prise en charge de leurs doléances par le premier magistrat du pays. «Nous restons confiants et nous refusons la participation aux conférences régionales et nationales initiées par le ministère de l’Enseignement supérieur, notre seul espoir reste le président de la République», ont-ils conclu.
Par Elias Melbouci