Des centaines de médecins résidents ont observé dans la matinée de jeudi 10 mars un rassemblement de protestation devant la direction générale de l’Hôpital Mustapha Bacha à Alger, a constaté une journaliste de DNA sur place. Des médecins généralistes nouvellement diplômés, des internes et des externes en médecine ont également répondu en signe de solidarité à l’appel du collectif autonome des médecins résidents algériens, fraîchement créé.
Des médecins généralistes nouvellement diplômés, des internes et des externes en médecine ont également répondu en signe de solidarité à l’appel du collectif autonome des médecins résidents algériens, fraîchement créé.
A l’intérieur du CHU Mustapha, les protestataires brandissaient des badges et des pancartes qui résument leur état d’esprit. « Médecins en colère », « Service civil : hogra », « La médecine m’a fatigué et l’administration m’a achevé». Ils ont improvisé une marche à l’intérieur de l’établissement hospitalier. Aucune présence policière, du moins en uniforme, n’a été constatée.
Leurs collègues dans les régions d’Annaba, Constantine, Tizi Ouzou ont également organisé des sit-in de protestation.
Les médecins résidents dénoncent le mutisme des autorités. « Nous avons déposé notre plate forme de revendications auprès des autorités de tutelle à savoir le ministère de la Santé et celui de l’Enseignement Supérieur. Pour le moment, nous n’avons reçu malheureusement aucune repose », affirme M. Mohamed Sahnoun, l’un des membres du collectif autonomes des médecins résidents algériens.
Les protestataires réclament l’abrogation du service civil obligatoire auquel ils sont soumis durant une période allant de 1 à 4 ans.
« Nous sommes les seuls à être assujettis à cette obligation. Nous voulons être considérés au même titre que les autres Algériens. Nous pensons que cette obligation est une injustice. Nous pensons la solution de la santé publique dans ce genre de zones (sud ou régions reculées) n’est pas dans le maintien du service civil. Il a prouvé son inefficacité et sa caducité. Il n’apporte aucune solution au déficit de médecins dans les régions enclavées», explique encore M. Sahnoun, la trentaine.
Autre revendication : la mise en place d’un plan de carrière. « Pour que le médecin s’installe au sud, il nous faut alors un projet de carrière avec des mesures incitatives », souligne ce délégué des médecins résidents.
Ce plan de carrière devrait, selon lui, assurer un salaire digne, permettre l’ouverture de postes budgétaires et la faciliter des conditions du travail des médecins spécialistes. Le salaire de médecins résidents ne dépasse pas 32 000 dinars (320 euros). « Un salaire minable pour un métier noble », fustige Mohamed.
En outre, les blouses blanches demandent la révision du statut des médecins résidents. « L’actuel statut est flou. Nous sommes considérés à la fois étudiants et praticiens », regrette notre interlocuteur.
La révision du statut devrait, ajoute-t-il, leur assurer « un droit syndical, des congés de maternités pour les résidentes et des primes de contagion et de risque ». « C’est injuste que le médecins résidents ne touchent pas une prime de contagion alors qu’ils sont exposés à de multiples risques », s’écrie-t-il.
Seule prime, à laquelle ont droit ces médecins, est celle de la garde. Elle ne dépasse pas 700 dinars.
Face au silence des autorités, les médecins résidents comptent radicaliser leur mouvement de contestation. Le principe d’une grève est déjà retenu. « C’est le second rassemblement, mais il n y aura pas de troisième. Il y aura probablement demain, après réunion avec les délégués nationaux, dépôt d’un préavis de grève », assure M. Sahnoun, en estimant que le service minimum sera toutefois assuré.
Présents aux cotés de leurs collègues, les médecins généralistes nouvellement diplômés et les étudiants de la faculté de médecine d’Alger n’ont pas manqué de faire savoir leurs doléances.
Ils réclament, entre autres, l’amélioration des conditions de travail, la revalorisation de la bourse des externes, la réévaluation de la rémunération de l’étudiant en stage interné, bénéficier des primes de risque et de contagion et la suppression du service civile.