Depuis son éviction du gouvernement à la suite du scandale Sonatrach, en mai 2010, l’ex-ministre de l’Energie Chakib Khelil semblait s’être définitivement retiré des affaires. Mais sa présence à l’ouverture des Mauritanides, le Salon mauritanien et la Conférence sur l’industrie minière, du gaz et du pétrole qui se tient depuis le 8 octobre dernier à Nouakchott, a surpris plus d’une personne.
Chakib Khelil a été invité en tant que directeur non-exécutif, AME Trade Ltd. Après son départ, sa politique fut totalement remise en cause par son successeur, Youcef Yousfi. Aujourd’hui, Chakib Khelil est directement visé par l’enquête de corruption qui frappe l’ex-PDG de la Sonatrach, Mohamed Meziane.
Deux ans après son éviction, Chakib Kellil est rattrapé par ses affaires. Pour rappel, Chakib Khelil avait tout misé sur les contrats de vente de gaz spot, au détriment des accords de fourniture de long terme. Autre affaire qui risque de l’éclabousser. Le projet de construction de la centrale électrique de Hadjret Ennous, dans la wilaya de Tipasa.
Le service économique de la police judiciaire a clôturé, en 2011, une enquête entamée en 2009 sur des manquements à la loi qui ont marqué le projet de la centrale électrique de Hadjret Ennous, concernant la livraison et les phases du projet qui a coûté au Trésor public 670 millions de dollars. Le dossier a été remis au procureur général de la cour d’Alger.
Des sources judiciaires travaillant sur le dossier, révèlent que l’octroi de ce projet n’a pas respecté le code des marchés publics, des concessions ont été faites par la partie algérienne au partenaire canadien SNC Lavalin : eau de mer gratuite pour refroidir les turbines, terrain gratuit pour le projet, majorité dans le capital du projet, gratuité du transport du gaz vers la centrale et gratuité du gaz livré à la centrale.
SNC Lavalin a exigé que Sonelgaz achète toute la production durant 20 ans, autrement dit 20 milliards par mois, à un prix supérieur au prix en cours. SNC Lavalin a bénéficié des avantages offerts par l’ANDI consistant en des exemptions de divers impôts pour trois ans durant la réalisation du projet et d’autres exemptions pour 5 ans à la mise en exploitation de la centrale.
Le plus étrange, poursuit la source est que SNC Lavalin a enregistré un retard d’un an sur la construction de la centrale, prévue en 2008, sans en assumer les conséquences et c’est Sonelgaz (minoritaire dans le capital) qui a supporté le fardeau des pénalités qui se sont élevées à 160 millions de dollars.
Une expertise demandée par SNC Lavalin a imputé ce retard au climat et aux conditions sécuritaires alors qu’une contre-expertise faite par un bureau d’études français pour le compte des autorités algériennes a rejeté les conclusions de la première expertise commandée par SNC Lavalin. Sonelgaz a payé les pénalités invoquant des ordres venus du ministre de l’Energie et des Mines à l’époque, Chakib Khelil.
Autre manquement à la loi : dans le contrat, Sonatrach et Sonelgaz se sont engagées à garantir les crédits représentant 70 % de l’investissement estimé à 67 milliards de dinars, au lieu que ce soit la société mixte Hadjret Ennous constituée par SNC Lavalin (51%) et ses trois partenaires algériens Sonelgaz, Sonatrach et AEC (49 %).
L’investissement a été réalisé à 30% par des apports de sociétés privées et à 70% par des banques algériennes publiques (BNA, BEA, CPA et CNEP-Banque). Les violations de la loi sont allées plus loin, le montant de l’investissement ayant pratiquement doublé passant de 670 millions de dollars à un milliard de dollars. Dans ce cas aussi, les responsables affirment que les ordres sont venus de Chakib Khelil.