Si aucune partie ne dément la probable rencontre à Alger (le 15 selon entre autres le ministre malien des AE), c’est autour de son contenu que s’est installée la polémique. Alors que la dernière rencontre, à Alger, entre la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et la médiation n’a pas encore dévoilé tous ses secrets, la coordination s’est contentée d’un communiqué laconique sur “des échanges” alors qu’un groupe, le HCUA, était, selon son porte-parole, prêt à faire des concessions.
Démenti cinglant le lendemain au nom de la CMA qui maintient sa position de refus de parapher l’accord tant que ses nouvelles “conditions” ne sont pas satisfaites. C’est l’avis des populations du Nord, a argué le porte-parole du MNLA.
Il a fallu attendre, et c’est l’effet surprise, la déclaration faite par le Premier ministre malien, Modibo Keita, qui annonçait qu’il y aura une autre rencontre à Alger, le 15 avril, où la CMA procédera à la signature de l’accord du 1er mars dernier.
La réaction ne s’est pas fait attendre. Différemment. Un groupe inconnu, la Coordination des cadres de l’Azawad localisé à Nouakchott, met en garde contre l’éventuelle tentation de signer le document et rappelle les revendications de l’Azawad qui ne sont toujours pas satisfaites. Une position qui rappelle celle, radicale, du MNLA, tant décriée par le gouvernement de Bamako qui l’accuse, d’ailleurs, d’être contre la paix. Cette “opposition” est suivie par celle du MNLA qui dément catégoriquement avoir donné son accord pour signer. Mais un démenti sans conviction. Hier encore, un autre groupe, le mouvement pour l’Alliance du peuple est venu confirmer le rendez-vous d’Alger, le 15 de ce mois, et la signature de l’accord, principe que la CMA, y compris le MNLA, avait accepté.

Il reste cependant l’énigme du silence du HCUA. Membre de la CMA, son porte-parole avait indiqué à Liberté, la semaine dernière, que la coordination ne s’opposerait pas à la signature de l’accord pour peu que la médiation accepte de prendre en compte, au moins, une partie des ses réserves, de ses propositions. Ce qui semble avoir été conclu, mais gardé secret, avant que le Premier ministre, tenu informé, l’ait révélé, mettant ainsi dans la gêne les groupes de la CMA, déjà traversés par des divergences idéologiques. La presse locale a d’ailleurs évoqué des dissensions au sein de la coordination scindée en deux clans, les partisans de la signature de l’accord avec engagement de la médiation et de Bamako de prendre en charge le reste des propositions lors de sa mise en œuvre et les radicaux qui refusent de signer sans que leurs revendications soient satisfaites.
Une posture et une situation qui ont irrité la médiation et la communauté internationale qui ont soutenu le processus d’Alger, notamment la Minusma et le Conseil de sécurité de l’Onu qui ont exigé de la CMA la signature de l’accord “sans délai”. Un coup de gueule que la CMA semble alors prendre au sérieux en décidant, au risque de subir des sanctions, de signer l’accord, selon la formule proposée par la médiation.
D. B.