Le XIIe congrès de l’UGTA, dont les travaux se sont achevés mardi à Alger par le plébiscite d’Abdelmadjid Sidi-Saïd en tant que secrétaire général de l’organisation et l’aval, sans surprise, de la composante de la nouvelle CEN, désignée au moment des précongrès déjà, aura été marqué par l’expression publique de l’arrimage de la Centrale syndicale au pouvoir.
Cette filiation au pouvoir fièrement revendiquée par Sidi-Saïd consomme un alignement à la hussarde de l’UGTA sur les perspectives socioéconomiques, voire politiques, du gouvernement, peut-être un peu plus que lorsque la Centrale syndicale était une organisation de masse organiquement et idéologiquement rattachée au FLN alors parti unique. “Nous sommes une UGTA du pouvoir, nous sommes les soldats de la République”, clamait mardi, en effet, le patron de l’UGTA devant un congrès qui, étant donné le truchement qui a prévalu dans la désignation de ses délégués, devait accuser l’aveu et lever séance sans donner l’air de lui tenir rigueur.
L’attitude du congrès vaut-elle cautionnement ? Les délégués, du moins pour certains d’entre eux, pourraient ne pas avoir seulement été prompts à mesurer les implications, forcément lourdes, de la déclaration du secrétaire général de l’organisation sur l’activité syndicale, celle engageant la structure entière comme celle propre à l’entité de base. Car, il va sans dire qu’en proclamant la connexion entre le pouvoir et son organisation, Abdelmadjid Sidi-Saïd fait fi de la diversité partisane au sein de l’organisation. Il condamne surtout l’UGTA au sevrage s’agissant de l’agitation syndicale. Et cela dans une conjoncture socioéconomique qui en appellera à bien des remous syndicaux. L’austérité financière à laquelle s’oblige désormais le gouvernement algérien du fait de la dégringolade du prix du baril de Brent sur le marché international ne va certainement pas rester sans impact sur les salariés qui, ces trois dernières années, ont bénéficié de la générosité d’un gouvernement alors peu regardant sur la dépense publique tant il naviguait dans l’opulence financière.
Des revendications syndicales vont sûrement éclore, ne serait-ce que du fait de la stagnation salariale annoncée, au demeurant, par le Premier ministre dans son instruction aux membres du gouvernement, walis et DG de la Fonction publique.
Il serait fort intéressant d’observer comment la Centrale syndicale se comporterait face à des agitations auxquelles sa base syndicale se rendrait éventuellement.
D’aucuns la voient mal appuyer un débrayage par exemple, puisque son secrétaire général a soutenu au moment du XIIe congrès que l’UGTA s’abstiendra d’y recourir.
Par ailleurs, il ne faudrait pas s’attendre à voir la Centrale syndicale s’illustrer dans quelques solidarités avec les syndicats autonomes qui montrent déjà quelque grogne.
Déjà partenaire social privilégié du gouvernement, membre exclusif des tripartites, l’UGTA se réclame désormais partie prenante du pouvoir. Un statut qui devrait l’astreindre à des obligations envers le gouvernement. S’en acquittera-t-elle sans coup férir ? À moindres frais ?
S. A. I.