Sidi el bachir-oran : Noyade de trois enfants dans une mare d’eau

Sidi el bachir-oran : Noyade de trois enfants dans une mare d’eau

Des enfants ne trouvent rien de mieux à faire pour assouvir leur désir de jouer et d’attractions que de s’aventurer dans des chantiers en construction.

Les habitants de la localité de Sidi El Bachir, située à l’est de la ville d’Oran, ont vécu une fête de l’Aïd dramatique, entachée par la mort tragique de trois enfants âgés entre 7 et 11 ans. Le décès est survenu vendredi matin; il a été provoqué par un grand chantier lancé dans le cadre de la construction d’un groupement géant d’habitations dans la localité de Sidi El Bachir, rattachée administrativement à la commune de Bir El Djir.

En effet, les trois enfants ont perdu la vie suite à leur passage près du chantier, emportés par les eaux pluviales stagnantes dans une grande mare boueuse située au milieu du chantier. Les éléments de la Protection civile, dépêchés aussitôt, n’ont rien pu faire pour sauver les victimes hormis le repêchage de leurs cadavres après plusieurs manoeuvres qui ont demandé du temps et des efforts draconiens.

Une enquête a été ouverte. Cet accident, qui n’est pas un simple fait divers, s’ajoute à tant d’autres qui continuent à marquer les chantiers lancés sans songer à leur sécurisation et à celle des populations avoisinantes.

Des enfants en bas âge ne trouvent rien de mieux à faire pour assouvir leur curiosité, leur désir de jouer et d’attractions que de s’aventurer, au mépris de leur vie, dans des chantiers en construction. Le cas de Sidi E, Bachir s’ajoute à celui de tant d’autres enfants qui ont perdu la vie suite à des accidents de circulation et des accidents domestiques. Oran ne manque donc pas…d’actualité.

Aussi, cet accident nous renvoie à tant d’autres qui continuent à avoir lieu dans les différents chantiers en construction un peu partout dans les villes et localités composant la wilaya d’Oran. Depuis le début de l’année, une douzaine de maçons ont été victimes de chutes mortelles sur les chantiers à Oran. Le nombre total de ces accidents prend des ascensions fulgurantes dans les secteurs d’activité, à l’exemple de celui du Btph. Ce secteur fait l’objet du plus grand nombre de cas enregistrés ces derniers temps.

Selon les bilans officiels, une douzaine de maçons, ouvriers et autres intervenants ont été victimes de chutes mortelles. Pour le seul mois d’août et selon les chiffres de la Protection civile, trois maçons sont morts dans des chantiers à Es-Senia, Belgaïd et Oued Tlélat. Les victimes, dont une de nationalité turque, était âgée entre 35 et 55 ans. Et dire que l’Algérie est dotée d’une base solide en matière de législation dans le cadre de la médecine du travail, de la prévention et de la protection sociale des travailleurs.

Le bâtiment a connu un décollage particulier à la faveur du lancement de la réalisation d’un million de logements. Nombreux sont les chantiers lancés à travers Oran qui ne respectent aucunement les normes de sécurité. En nette augmentation, les accidents du travail relevés sont dus essentiellement au manque flagrant de moyens de prévention et de sécurité. Les enquêtes menées sur le terrain par les services concernés ont conclu que, dans la majeure partie des cas d’accidents enregistrés, la responsabilité est partagée aussi bien par l’employeur que par la victime elle-même.

La loi est pourtant explicite. En effet, l’article 6 de la loi 88/07 du 26 janvier 1988 stipule qu’en fonction de la nature de l’activité et des risques, le travailleur doit bénéficier des vêtements spéciaux, équipements et dispositifs individuels de protection d’une efficacité reconnue. Toutefois, il est à relever le manque de culture chez la majorité des maçons et ouvriers négligents bafouant toutes les mesures liées à leur sécurité.

Ainsi et malgré la disponibilité des équipements de protection exigés par la réglementation, des dizaines d’intervenants, directs ou indirects, dans les chantiers refusent pendant que plusieurs autres s’opposent carrément quant à leur port en dépit de tous les risques qu’ils encourent expliquant leur comportement par le fait que ces «équipements de protection sont encombrants et constituent une surcharge».