Dans la soirée d’avant-hier, un jeune est décédé à l’hôpital militaire d’Ain Naâdja, à Alger, après qu’il s’est immolé par le feu avec son voisin pour dénoncer l’expulsion de leurs familles des logements qu’elles occupaient depuis 1962 à la localité d’El Biod, située à une vingtaine de kilomètres au sud d’Oran.
Ces deux jeunes, âgés de 21 et 26 ans, ont eu recours à ce geste désespéré après qu’un huissier de justice s’est présenté jeudi, muni d’une décision d’expulsion, auprès des deux familles pour les obliger à quitter les logements. Les malheureuses victimes, brûlées à 100%, ont été évacuées vers l’EHU d’Oran avant leur transfert vers l’hôpital militaire d’Ain Naâdja, à Alger. Aussitôt la nouvelle répandue, un mouvement de protestation a gagné, hier, la localité d’El Biod où des dizaines de jeunes ont bloqué tous les accès à ce bourg. A l’heure où nous mettons sous presse, un important dispositif policier est déployé à la localité d’El Biod.
A signaler que, las de manifester leur colère par des émeutes, de fermeture de routes et d’instituts publics comme les APC et les daïras, la société algérienne a décrété un nouveau mode de protestation. Il s’agit des suicides et des immolations par le feu. Les cas relevés dans les rapports d’ONG et d’écrits de la presse à travers le pays depuis l’année 2012 font peur. Une étude qui a été réalisée par la division de la police judiciaire au niveau du commandement de la Gendarmerie nationale, a révélé que les tentatives de suicide sont un signe de détresse. Une sorte de SOS. Les personnes qui passent généralement à l’acte sont celles qui se trouvent devant une impasse et n’ont d’autres solutions pour faire entendre leur parole à autrui, à la famille, à l’Etat ou à la société toute entière que de passer à l’acte. Selon les sociologues et les médecins légistes, ce phénomène social nécessite une prise en charge. L’année dernière, la Gendarmerie nationale a révélé que 321 personnes sont passées à l’acte. Les jeunes chômeurs sont plus enclins à mettre fin à leur vie et les femmes sont plus tentées alors que pour les hommes, le coup est fatal. Selon les statistiques, les suicidés sont en majorité âgés de 18 à 30 ans, généralement sans travail. Concernant les causes de ces actes, celles-ci sont multiples, mais la principale cause de la propagation de ce phénomène est la crise du logement qui arrive en tête de classement suivi par des problèmes sociaux, la marginalisation et l’ignorance de la tutelle quant à sa demande d’acquisition d’un logement décent, le chômage, le déséquilibre psychique, le manque de confiance en soi, le désespoir, les chagrins d’amour…
Said
