« Ma satisfaction totale réside quand le pétrole jaillit du puits que je forais », nous disait en toute fierté Melle Bengouraa Safia, seul et unique chef de chantier sur un champ pétrolier dans le monde arabe et même en Afrique, un secteur réservé exclusivement aux hommes.
Habitant à Sidi Bel-Abbès, Safia a d’abord décroché avec brio un magister en génie civil dans la spécialité de la résistance des métaux.
Préférant le terrain à un poste administratif et même académique, Safia opte pour le secteur des hydrocarbures et elle est reçue à un concours organisé par Sonatrach pour suivre une formation de 30 mois à l’IAP de Boumerdès conclue par un magister en forage production et gisement pétroliers.
Elle sera ensuite recrutée au sein de l’Entreprise nationale des travaux pétroliers (ENTP). Première résistance: des responsables s’opposent à ce qu’une femme soit affecté dans un champ pétrolier. Qu’à cela ne tienne, Safia ne veut pas abdiquer et insiste à «aller au four».
Sa première expérience commence en 2004 à Haoud El-Hamra, dans la région de Hassi Messaoud, où elle occupera les fonctions d’adjoint chef de poste sur appareil de forage TP169 et ce, durant deux longues années et dans des conditions de travail pénibles.
Elle témoignera à ce sujet: «nous travaillons 12h par jour et alternativement de minuit à midi, durant deux semaines, et de midi à minuit pour les deux semaines suivantes sous une température de plus de 45° le jour et 36° la nuit. Dame nature sur l’Erg oriental n’est pas clémente, avec des vents de sable auxquels il faut ajouter les dangers inhérents au forage, notamment la remontée des bouchons de gaz».
Son sérieux et ses compétences lui permettront de gravir les échelons pour devenir à partir de 2006 chef de poste et ayant sous ses ordres une soixantaine d’agents.
Sur ce plan, elle avoue que « la hiérarchie est respectée étant donné que le sérieux et le rendement sont mes deux principes inaliénables ».
Parallèlement à sa mission technique, elle fait profiter ses collègues de son capital expérience. Elle confiera à ce sujet : « j’ai même formé plusieurs chefs de poste sur des appareils neufs achetés par l’entreprise ».
En début d’année, ses efforts sont récompensés et elle est promue au grade de chef de chantier sur appareil TP 214 exploration de gisement Oued El-Achab, dans la région d’In Aménas. Cette notoriété lui vaudra des clins d’œil de la part de compagnies étrangères exerçant dans le même secteur, mais Safia dit refuser car, dit-elle,: «je suis bien où je suis».