Déploiement de gros moyens militaires et technicité sur le terrain. C’est le premier bilan que l’on pourrait faire des opérations militaires en cours dans les montagnes de la wilaya de Boumerdès contre Aqmi. Cette opération d’envergure est bâtie sur l’expérience acquise par l’ANP.
«Je peux vous dire qu’au minimum 30 terroristes ont été abattus. Seulement, ce bilan date de la semaine écoulée. Je ne pourrai vous être d’aucun secours s’agissant de sa mise à jour». C’est ce que nous a déclaré, mardi, une source sécuritaire. Notre interlocuteur parlait du bilan du ratissage en cours dans la région de Sidi-Ali-Bounab, massif montagneux à cheval entre Boumerdès et Tizi-Ouzou, ainsi qu’au sud-est de la wilaya de Boumerdès, plus exactement dans la région située entre Ammal et Aït- Amrane. Mis à part cette indication, le black-out persiste.
Pour tenter d’avoir d’autres informations et d’y voir un peu plus clair, nous nous sommes déplacés à Ammal. Sans résultat. Nous avons emprunté le CW 28, jusqu’à Tiza, dans la même commune, non loin de Djerrah. Sur place, les villageois nous ont dit que d’importants détachements militaires procédaient chaque jour à des ratissages au niveau du piémont. Les militaires passent au peigne fin les oliveraies et le maquis «Il choisissent une partie du territoire avant de se déployer. Ce matin, ils ont ratissé Soulah et Djenad. Bien qu’ils ne nous l’interdisent pas, nous évitons tout de même d’entrer dans nos champs pour la collecte des olives», dira un jeune de Tiza. Sur le bilan de ces opérations, les villageois disent qu’ils n’en savent rien. Nous poursuivons notre route jusqu’à Tachehat pour nous rapprocher de Djerrah, à la recherche d’un fellah installé pas loin d’un poste avancé de l’ANP. Quelques véhicules étaient garés sur le bord de la route. Des citoyens ramassaient les olives. La situation est calme, et les villageois vaquent à leurs occupations, notamment la cueillette des olives. C’est précisément un militaire qui nous a informé que la personne que nous cherchions était absente. Son collègue nous a demandé très poliment les papiers du véhicule. Les militaires étaient calmes, voire décontractés. Il est clair que l’armée est maintenant sortie du massif de Djerrah pour prendre en charge les environs de cette forêt difficile d’accès et truffée de grottes. Les militaires ciblent donc de petites forêts et des oliveraies, qui servent de relais entre la montagne de Djerrah et les villes comme Thénia, Aït Amrane, Si-Mustapha et Zemmouri.
C’est, faut-il le rappeler, le massif montagneux de Djerrah et les agglomérations citées plus haut qui constituent le fief de la katibat El Arkam. Cette phalange garde, malheureusement, jusqu’à présent une capacité de nuisance importante. Elle constitue également un danger pour Alger quant à l’appoint logistique qu’elle pourrait fournir à des terroristes qui cibleraient la capitale.
Capital expérience
Les médias, écrits notamment, qui s’intéressent à la lutte anti-terroriste dans notre pays sont sevrés, ces derniers jours, d’informations sécuritaires. Ils ne peuvent pas éclairer davantage une opinion publique suspendue à la moindre information concernant ce qui se passe à Sidi-Ali-Bounab et Djerrah. Force, cependant, est de constater que la grande opération militaire est rudement bien menée.
En plus d’un déploiement militaire massif, les détachements procèdent à des ratissages et à des bombardements des régions forestières ciblées. Plus important, les officiers qui ont planifié cette opération ont pris à leur avantage deux éléments essentiels dans une bataille militaire : la neutralisation du réseau de communication de l’ennemi et le temps. En fermant dans trois wilayas (Boumerdès, Tizi- Ouzou et Bouira) les réseaux de téléphonie mobile, les militaires privent les «émirs» et autres terroristes d’informations sur le mouvement des services de sécurité, ils ne peuvent donc donner des directives à leurs troupes. Ils sont cloîtrés dans leurs casemates.
Il faut rappeler que la mobilité et la séparation des terroristes en groupe de trois éléments chacun constituent une difficulté pour les services de sécurité pour neutraliser les seriates qui sévissent dans le maquis. En étalant, par ailleurs, cette fois-ci, cette grande opération dans le temps, les militaires semblent dire aux terroristes que «vous vous êtes sauvés à notre arrivée pour vous cacher dans vos casemates. Vous attendez notre départ pour sortir. Cette fois, nous restons ». L’opération est à son quatorzième jour.
C’est maintenant qu’elle est le plus utile. Le temps joue en faveur de l’ANP. En effet, après une période d’«hibernation», les terroristes sont obligés de sortir de leurs «tanières» pour s’informer de leur situation, mais surtout s’alimenter. Manquant d’indications, ils peuvent tomber nez à nez avec les militaires. C’est ce qui est recherché. Nous sommes probablement partis pour une autre semaine sans téléphone mobile. «C’est pour la bonne cause. Nous espérons seulement un bilan positif», disent les accros du mobile.
Abachi L.