Le fait que ce sont les banques publiques qui assument 600 millions de dollars de cette somme, alors que Mittal a, en quelque sorte, laissé dépérir ce fleuron de l’industrie nationale, en n’y investissant presque rien, est une preuve suffisante qu’une fois encore c’est l’État algérien qui sera le grand perdant dans ce «marché de dupes.»
C’est désormais officiel. Le Groupe algérien Sider détient 51% des parts du complexe sidérurgique d’El Hadjar. Le ministre du Développement industriel et de la Promotion de l’investissement, Amara Benyounes, a présidé hier à Alger, la cérémonie de signature du nouveau pacte des actionnaires entre les groupes Sider et Arcelor Mittal en présence de Lakshmi Mittal, P-DG de ce groupe sidérurgique et du secrétaire général de la Centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi Saïd.
Ce pacte intervient en application de l’accord de partenariat conclu entre les deux parties, qui a été validé par le conseil des participations de l’État le 25 septembre dernier, où Sider détiendra désormais 51% du capital.
Intervenant en marge de cette cérémonie de signature, le ministre de l’Industrie, Amara Benyounes, a indiqué que «c’est une signature importante entre le groupe Sider et le groupe Arcelor Mittal, pour la reprise et le redémarrage du complexe symbolique d’El Hadjar qui est extrêmement important pour notre pays à cause de ces 6 500 travailleurs.»
Ce nouveau pacte social, qui donne 51% de parts à Sider et 49% de parts à Arcelor Mittal, a-t-il ajouté, «nécessite un investissement d’à peu près un milliard de dollars, 720 millions de dollars d’investissement dont 120 millions constituent un apport numéraire des deux actionnaires et pour les 600 millions de dollars c’est un crédit bancaire à des taux avantageux qui vont être accordés par la banque algérienne. »
«Cet investissement extrêmement important va nous permettre d’avoir une production de 2,2 millions de tonnes d’ici à l’horizon 2017», a-t-il également expliqué, tout en ajoutant que les 21% des actions ont été cédés à titre gracieux par ArcelorMittal.
D’autre part, le ministre a affirmé que son département a identifié les raisons du dysfonctionnement du complexe d’El Hadjar. Il s’agit, selon lui, de trois raisons. «La première raison c’est l’obsolescence du matériel et des équipements», a-t-il dit.
«C’est avec cet investissement que nous allons rattraper cette obsolescence», a-til ajouté. Le deuxième c’est un dysfonctionnement en matière de management. «Dans le nouveau dispositif de management, le président du conseil d’administration va être nommé par le Groupe Sider et le directeur général sera nommé par ArcelorMital», a-til déclaré.
Le troisième problème qui est aussi important, selon le ministre, est la stabilité sociale. Il a rappelé dans ce cadre qu’un pacte de stabilité sociale, pour au moins une période de deux années, a été signé depuis le 10 septembre dernier. Il dira à ce sujet : « je me permets d’attirer l’attention des travailleurs et des syndicalistes du complexe d’El Hadjar.
C’est un investissement colossal d’un milliard de dollars, le complexe a besoin d’une stabilité sociale extrêmement importante pour pouvoir faire redémarrer la machine et atteindre cet objectif, extrêmement important pour l’économie nationale de 2,2 millions de tonnes, d’ici l’horizon 2017.
Tout en se félicitant de son retour en Algérie, le P-DG d’ArcelorMittal a, quant à lui, indiqué, «qu’avec Sider avec qui ils ont un excellent partenariat, ils veulent transformer à long terme leurs actifs dans des sociétés rentables et durables.» «Nous voulons transformer ArcelorMittal Annaba et Tebessa dans un endroit idéal pour travailler à travers un équipement moderne et d’emplois qualifiés», a-t-il ajouté.
«Notre présence ici est soutenue par l’excellent cadre économique pour encourager les investissements étrangers et nous sommes très confiants que ce plan d’investissement nous permettra de démontrer notre engagement continu en Algérie», a-t-il également déclaré.
En phase avec la nouvelle politique industrielle, ce pacte vise le développement du secteur de l’industrie pour faire face à la demande grandissante du marché national, notamment, dans la filière sidérurgique qui constitue un axe stratégique du développement de la production industrielle nationale.
Younes Guiz