Les spécialistes ne sont pas sûrs que les succès rencontrés lors d’une expérimentation d’un vaccin contre le sida sont susceptibles de constituer une réponse immédiate et efficace pour juguler cette maladie.
Il faudrait donc attendre encore quelques années avant de disposer d’un traitement médicamenteux qui stopperait la progression du sida dont aucune nation n’est épargnée pour l’instant.
Même l’Algérie a enregistré en 2009 une augmentation de plus de 1 000 cas de séropositifs alors que le nombre total de cas était de 3 494 en 2008.
La prudence vis-à-vis de la mise au point d’un vaccin à Bangkok a émané, en premier lieu de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’Onusida.
Ces deux institutions estiment qu’il reste encore beaucoup de travail à faire pour parvenir à un traitement sûr.
Le vaccin découvert est capable de réduire ; dans un tiers des cas, le risque de contamination par le virus du sida mais le nombre de personnes ayant participé aux tests est si faible qu’il est loin de permettre une extrapolation.
Depuis mercredi dernier, l’annonce faite par des scientifiques thaïlandais et américains a fait le tour du monde.
Selon les deux organisations onusiennes, il reste toujours à déterminer la durée de la protection et si le vaccin peut être administré dans d’autres parties du monde et s’il est efficace sur d’autres sous-types du VIH.
Car il n’y a pas une seule souche du virus du sida comme il n’y a pas un seul virus de la grippe.
Pour l’instant, le nouveau vaccin n’a été testé que depuis octobre 2003 dans deux provinces thaïlandaises, sur des volontaires dont l’exposition au risque de contamination était jugée similaire à la moyenne.
L’OMS et l’Onusida mettent en cause le fait que le vaccin n’est que d’un effet protecteur modeste donnant un ratio de 31,2% des 16 000 personnes testées en Thaïlande.
Le vaccin est censé être capable de réduire de façon significative le risque de contamination.
Toutefois, même si les résultats obtenus à Bangkok sont jugés modestes, il n’empêche que cela donne un nouvel espoir aux chercheurs du monde entier, qui tentent depuis plus de 25 ans de trouver une parade au virus.
Même en Algérie, un professeur de médecine avait souhaité entamer une collaboration avec Saidal pour explorer ces pistes mais sans grand succès.
Les résultats obtenus en Thaïlande sont les plus importants enregistrés jusqu’à présent.
Ils sont qualifiés de significatifs et de très encourageants par quelques spécialistes.
Les raisons du scepticisme tiennent au fait que les essais concernent un échantillon restreint.
Sur 16 000 personnes suivies, la moitié est vaccinée et l’autre mise sous placebo.
125 personnes au total ont été contaminées, dont 51 dans le groupe vacciné contre 74 dans celui ayant pris un placebo.
L’écart est jugé faible. Les chercheurs espéraient qu’une réduction de la charge virale apparaîtrait chez les sujets vaccinés mais infectés sans que cela ne se produise.
« Nous n’avons pas le vaccin contre le VIH », a donc souligné le Pr Jean-François Delfraissy, directeur de l’Agence française de recherche sur le sida.
Pourtant, cette maladie identifiée en 1983 a déjà tué plus de 25 millions de personnes dans le monde.
Mais la diversité des séquences génétiques du sida et ses mutations extrêmement rapides font que la biologie du virus est plus complexe que tous les agents infectieux pour lesquels des vaccins ont été conçus.
AHMED MESBAH