L’ancien chef du gouvernement, Sid Ahmed Ghozali, qu’on n’a pas entendu depuis assez longtemps, était, mardi, de passage à Oran, où il a été l’invité du journal arabophone » Minbar Al Qora » (tribune des lecteurs). Sa conférence et les explications apportées aux réponses des journalistes ont permis à cet homme qui s’est auto exfiltré du système de faire le tour des questions de l’heure qu’il abordera pêle mêle.
Son jugement par rapport à la situation politique du pays, à quelques mois du 50ème anniversaire de l’indépendance, est sans nuances. » Un échec total « , selon ses propres mots. Et de constater qu’après 50 ans d’indépendance, le pays n’a pas réussi à se donner de vraies institutions, qui sont la marque de l’état de droit. C’est pour lui le fait du prince qui continue à être le moteur de la décision politique.
Signe de cet état de fait, le cas de son parti politique, le Front Démocratique (FD) dont il dit ignorer totalement le sort qui lui est réservé par l’administration. L’homme au papillon reviendra aussi sur les consultations politiques initiées par Bouteflika. Pour lui c’est du » pipeau « .Et il ne s’est pas empêché de le dire à Bensalah lors de ces consultations qu’il n’avait pas boudées. Ghozali doute aussi des velléités d’ouverture politique du président Bouteflika.
L’ouverture existait déjà en 1989, dit-il en expliquant que ce sont ceux qui sont actuellement aux commandes qui ont fermé le jeu. » Parce que ils sont convaincus d’être les seuls à pouvoir diriger le pays et que le société doit marcher aux ordres. Ce qu’ils ne savent pas c’est qu’on ne peut pas gouverner sans la participation des citoyens » dit-il en se référant au sort tragique de Saddam et Kadhafi qui ont fini comme on le sait car, selon lui » ils n’avaient plus le soutien de leur peuple « .
Sid Ahmed Ghozali, évoquera sur le même registre le printemps algérien qui s’est produits en octobre 1988. » Janviériste » qui s’assume, il ne regrette point l’interruption du processus électoral pour empêcher l’arrivée au pouvoir des partisans de » l’Islam est la solution « . Dans la foulée, il défendra aussi le général Nezzar récemment interpelé en Suisse, suite à un dépôt de plainte contre lui. » Nezzar est un patriote. Devant le procureur en Suisse, il y a compétence universelle mais je n’aurais pas donné les mêmes réponses que Khaled Nezzar et je ne suis pas sûr que j’aurais répondu car je ne reconnaitrais pas cette compétence universelle « .
S’agissant des révoltes dans des pays arabes, Sid Ahmed Ghozali rejoindra les thèses développées par les autorités algériennes. Il doute de la spontanéité des révolutions tunisienne, égyptienne et libyenne. Encore plus pour la Syrie. Et de charger la Ligue arabe qu’il accuse d’être un pantin aux mains de ceux qui sont entrain de redessiner la géostratégie dans la région du monde arabe.