Le géant pétrolier anglonéerlandais Shell a annoncé vendredi la vente à un consortium local d’une partie de ses actifs au Nigeria pour un montant non révélé, ce qui semble traduire la volonté du groupe de réduire son exposition à un pays stratégique mais instable.
La vente concerne les 30% que détient Shell (via sa coentreprise nigériane SPDC) dans trois concessions terrestres, situées dans le nord-ouest de la région pétrolifère du Delta du Niger (les numéros 4, 38 et 41), et qui couvrent une surface totale de 2.650 km².
Ces concessions contiennent une trentaine de puits, qui ont une capacité de production totale d’environ 50.000 barils équivalent pétrole par jour. En plus du pétrole brut, ces puits produisent aussi du gaz, qui est utilisé pour la demande domestique et industrielle. Shell précise que la production de pétrole de ces puits est actuellement interrompue, en attendant que la réparation d’un oléoduc qui avait été endommagé fin 2008 soit achevée.
Interrogé par l’AFP, le groupe a refusé de commenter le prix de la transaction. Le consortium acquéreur est mené par deux entreprises locales, Platform Petroleum Limited et Shebah Petroleum Development Company, auxquelles s’est associé le groupe pétrolier français Maurel & Prom, déjà très actif en Afrique, a précisé Shell. Cette cession ne concerne qu’une partie des activités de Shell au Nigeria.
La SPDC, codétenue par la société pétrolière nationale du Nigeria, la NNPC (à 55%), ainsi que le groupe français Total (10%) et l’italien Agip (5%), contrôle en effet plus de 30.000 km² de concessions dans le Delta du Niger, comprenant 90 gisements de pétrole et plus d’un millier de puits. Shell Nigeria détient de plus une filiale à part entière, la SNEPCO, qui gère ses activités dans les gisements offshores nigérians, plus deux autres filiales spécialisées dans le gaz naturel.
Cependant, la vente intervient alors que le groupe semble vouloir se détourner du Nigeria, où ses activités dans les gisements terrestres sont plombées depuis des années par des attaques, des enlèvements, et des actions de sabotage endémiques menées par des groupes rebelles.
Ces violences semblent avoir repris après six mois de trêve, avec l’enlèvement ce mois-ci de quatre étrangers qui travaillaient pour un sous-traitant de Shell.
Le patron de Shell Peter Voser avait fait sensation au début du mois, en déclarant que le Nigeria resterait au coeur des activités du groupe, mais qu’il « ne comptait plus » désormais sur ce pays pour assurer sa croissance.
Le mois dernier, plusieurs journaux dont le Wall Street Journal et des quotidiens britanniques avaient rapporté que Shell allait vendre toute une série de champs de pétrole situés dans le Delta du Niger, valant en tout jusqu’à 5 milliards de dollars, soit environ 3,5 milliards d’euros.
Ces journaux avaient affirmé à l’époque que le groupe comptait toutefois conserver l’ensemble de ses gisements nigérians offshore, plus faciles à défendre contre les attaques rebelles et qui offrent des royalties plus élevées.