Sétif,Des boulangers baissent rideau

Sétif,Des boulangers baissent rideau

La grève des boulangers n’est guère à l’ordre du jour à Sétif. C’est ce qui ressort des premières impressions recueillies hier auprès des commerces de la ville au lendemain des informations faisant état de risques de déclenchement d’un mouvement de contestation.

Malgré le problème de la hausse «vertigineuse» des prix des produits qui entrent dans la production de pain, et le diktat des minotiers imposé à certains boulangers, ces derniers sont à l’heure de la «résignation». Et pour cause, c’est le problème de la structure syndicale qui alimente leurs peines.

Pis encore, face au bouleversement du marché des produits consommés par ce commerce et les rigueurs des contrôleurs des prix, on apprend qu’un certain nombre de commerces a baissé rideau ces derniers jours. Un boulanger spécialisé en pain amélioré où c’est l’huile, la graine de nigelle et le sucre qui entrent dans la fabrication du pain, a fait l’objet dernièrement d’une lourde contravention en raison d’une augmentation sensible de 0,50

DA, témoigne notre interlocuteur qui affirme que sa comptabilité n’affiche plus de bénéfice depuis quelque temps. «Mais le plus grave, soutient-il, est que nous sommes encore plus déficitaires ces derniers jours avec la hausse des prix de l’huile.» Ce sont des charges supplémentaires et rien de plus, selon lui.

Le diktat des minotiers

Un autre boulanger, dans un franc-parler, soulève irrémédiablement le problème des minotiers «véreux». Ceux-ci imposent à certains boulangers une marge illicite au quintal de farine. Alors que le prix conforme à la loi est fixé à 2000 DA, il est cédé frauduleusement à 2050 DA.

Cependant, l’on apprend qu’à ce sujet, la DCP organise aujourd’hui une réunion qui regroupe tous les boulangers de Sétif. Un point inscrit à l’ordre du jour de la direction du commerce dans le but d’encourager les producteurs de pain à dénoncer les minotiers «véreux», nous apprend-on. Outre cela, l’institution du commerce de wilaya regroupera minotiers, fellahs et boulangers dans un comité (Cric) afin de régler tous les problèmes inhérents au commerce du pain.

«C’est ce qui est considéré comme une fuite en avant des pouvoirs publics au lieu de régler concrètement le problème du pain en Algérie», soutient un boulanger, qui annonce la multiplication des risques d’abandon du commerce.

Mais s’agissant de la rentabilité du commerce qui demeure insignifiante, ce qui est une réalité qui apparaît désormais au grand jour, l’on ne «s’aventure» pas à citer la solution de la grève comme alternative à même de régler définitivement le problème des boulangers.

D’une part, c’est la structure de l’UGCAA qui pose problème à Sétif, de l’autre, c’est la crainte de représailles administratives qui bloque toute action des boulangers à Sétif, nous confie un commerçant proposé au poste de président du comité des boulangers, qu’il n’est pas prêt à «s’aventurer» à briguer.

Par Abdelhalim Benyellès