La ville de Sétif est une nouvelle fois le théâtre d’un acte de vandalisme visant sa statue emblématique, Ain Fouara. Dans un incident survenu mardi soir, un individu en état d’ébriété avancé a défiguré le visage de l’œuvre, marquant la troisième attaque de ce type et ravivant l’indignation des habitants. Il s’agirait du même homme qui avait déjà été condamné pour des faits similaires.
Selon Ennahar, l’agresseur, déjà connu des services de police pour avoir ciblé la statue par le passé et purgé une peine de prison pour ces actes, est récidiviste. Les forces de l’ordre sont rapidement intervenues pour l’interpeller et l’ont conduit au poste pour interrogatoire.
La statue d’Ain Fouara, un symbole résilient face aux attaques répétées
La statue d’Ain Fouara, qui représente une femme nue, est bien plus qu’une simple œuvre d’art ; elle est un symbole fort de l’identité et de la mémoire collective de Sétif. Pourtant, son histoire est jalonnée de tentatives de destruction.
- 1997 : L’attentat de la Décennie Noire. En plein cœur de la période noire de l’Algérie, une bombe vise la statue le 22 avril. Malgré l’ampleur des dégâts, la statue est restaurée en moins de 24 heures, témoignant de la détermination des Sétifiens à préserver leur héritage.
- 2006 : En mars, un jeune sous l’emprise de drogues s’en prend au buste de la statue avec un marteau, ciblant les traits de la femme.
- 2017 : En décembre, un homme s’acharne sur le visage et la poitrine de la statue à coups de marteau. Cet acte, largement médiatisé, relance le débat sur le rejet de l’art figuratif et la place des symboles culturels dans la société. Les autorités locales procèdent alors à une restauration minutieuse.
- 2022 : Un jeune homme jette une pierre sur la statue après un match de football, mais est rapidement appréhendé.
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Aujourd’hui, en 2025, la statue d’Ain Fouara continue malheureusement d’attirer des individus aux motivations diverses, mais dont l’action vise invariablement à la dégrader.
Ces attaques trouvent souvent leur origine dans le rejet de la nudité de la statue, considérant sa représentation comme une atteinte à la pudeur.
Néanmoins, la population de Sétif a toujours clamé son attachement inconditionnel à cette œuvre, la considérant comme une partie intégrante de son patrimoine et de son identité, célébrée dans les chants et poèmes locaux.
Statue d’Ain El Fouara : Un patrimoine culturel classé et inamovible
Face aux pressions, le ministère de la Culture a réaffirmé la protection du statut de la statue. En 2018, il a catégoriquement refusé tout déplacement de la statue vers un musée, afin d’éviter de créer un précédent et de favoriser le retrait de biens culturels des espaces publics.
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En 2022, Soraya Mouloudji, alors ministre de la Culture, a souligné que la statue d’Ain Fouara est classée sur la liste des biens culturels protégés. Cette classification, établie par la décision du 3 novembre 1999 (publiée au Journal Officiel n° 87 du 8 décembre 1999), interdit formellement son déplacement de son site géographique et de son contexte historique. La ministre a insisté sur l’attachement des Sétifiens à cette « œuvre d’art » et sa « symbolique » pour la ville.