Sétif : la contrefaçon, une activité en plein essor

Sétif : la contrefaçon, une activité en plein essor

Les données d’une étude/enquête menée par l’association de protection du consommateur, réalisée en 2012 dans les grandes agglomérations de la wilaya de Sétif, en l’occurrence Sétif chef-lieu, El Eulma, Aïn Oulmène, Bougaâ, Béni Ourtilène, Hamma Sokhna et Aïn El Kebira et rendues publiques, le marché de la contrefaçon représente 85% de la consommation locale, tous types de produits confondus.

Allant de la pièce de voiture, de l’appareillage électrique en passant par les produits d’hygiène et cosmétiques, la contrefaçon a fini par envahir le segment de l’agroalimentaire. L’étude dévoile également que la contrefaçon induit des pertes fiscales estimées à des milliards de dinars.

En dépit des dangers pour la santé publique dont ils sont une cause directe, la consommation des produits nés de la contrefaçon ne cesse d’augmenter et les produits au label douteux inondent aujourd’hui les marchés de la capitale des Hauts-Plateaux.

Cette situation que les médias et les associations tentent au prix de gros efforts à mettre en évidence en vue de sensibiliser les populations, ne semble pas inquiéter outre mesure les vendeurs de ces marchandises et encore moins leurs nombreux clients. Sacs, vêtements, chaussures, montres, lunettes de soleil, DVD des derniers films… les produits de grandes marques de luxe sont disponibles sur le marché sétifien à petit prix.

« Heureusement que ce commerce existe, sinon je n’aurais pas pu m’habiller», déclare N. Houda, une universitaire que nous avons rencontrée sur la route de Silègue, berceau du textile et de la cosmétique à Sétif-ville, expliquant que pour elle cela reste le seul moyen de répondre à ses besoins et parfois à se faire plaisir sans aucun remords. L’équation est certes claire, les grandes marques proposent des produits à des prix exorbitants qui dépassent de loin la capacité d’achat de la plupart des ménages.« Petite revanche sur les la réalité imposée par les grandes marques »

diront certains Hadijiba, 42 ans, partage le même avis que Houda.«Contrefaçon ou non, ce qui compte pour moi, c’est de pouvoir habiller mes enfants et acheter le nécessaire pour le fonctionnement à la maison » nous dira-t-elle avec un sourire en coin et de poursuivre, « avec les dépenses qui s’imposent de manière de plus en plus croissantes à mesure que nos enfants grandissent et compte tenu du salaire de mon époux, j’ai, franchement tendance à considérer que les produits contrefaits nous sont d’une réelle aide » Les vendeurs de ce genre de marchandises, eux, sont fiers du service qu’ils rendent à la population. « Nous sommes le refuge incontournable des ménages d’aujourd’hui » dira Larbi, vendeur de vêtements pour femmes enchainant que «tout le monde trouve son compte, et il faut bien que je nourrisse ma famille».

Non loin de son magasin, Yacine, gérant d’une boutique de vêtements pour hommes analyse : «On ne force personne à venir acheter ces marchandises. Tout le monde sait que ce sont des produits contrefaits ». En fait, il est presque impossible de connaître l’origine de ces produits, encore moins leurs recettes ou faire avouer à ces vendeurs que les marchandises peuvent être dangereuses.

Les associations, celles activant dans la protection du consommateur, continuent de mener action sur action à l’effet de faire connaître au large public que même si les produits contrefaits ressemblent à s’y méprendre aux produits d’origine, certains articles peuvent être nuisibles à la santé, en particulier les produits cosmétiques, les chaussures, les lunettes, et surtout l’électroménager qui continue d’être la cause de plusieurs accidents domestiques dont certains on été mortels.

Zacharie S Loutari