Daesh, une organisation sanguinaire sans foi ni loi
Jugés trop mous, les chefs d’Al Qaîda sont en train d’être progressivement supplantés par les groupes d’Al Baghdadi, au niveau non seulement du bastion irakien mais, désormais, de Syrie, de Libye et du Yémen.
La situation s’aggrave de jour en jour, aussi bien en Irak et en Syrie qu’en Libye et au Yémen comme l’indique le nombre effarant de victimes du dernier attentat contre deux mosquées, un vendredi qui plus est. 142 morts, dont le seul tort était de s’y rendre pour accomplir la prière qui rassemble toute la communauté, sans distinction de rites ou d’ancrages politiques.
C’est là le signe d’une «catastrophe absolue», pour reprendre l’expression du ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius même si ce dernier feint de croire qu’il s’agit d’un problème strictement entre musulmans et Arabes et non pas des conséquences d’une politique mise en oeuvre par les «stratèges» du Pentagone, afin de saborder l’ensemble des pays qui pouvaient, à tort ou à raison, représenter une menace pour Israël.

Revendiqué par l’Etat islamique, cet attentat abominable, quels que soient les arguments utilisés pour sa justification, constitue un dramatique avertissement et il illustre, par la même occasion, la détermination de ses auteurs à s’imposer en force majeure dans un pays où le ressentiment entre les sunnites majoritaires et les chiites- un tiers de la population- a atteint des proportions graves.
Daesh qui n’a pas tardé pour signer les attaques-suicides de ce vendredi, dans la capitale Sanaa contrôlée par les milices chiites houthis, les qualifiant de partie émergée de l’iceberg, entend profiter de l’anarchie qui prévaut au Yémen pour investir totalement le terrain, phagocytant au passage les derniers carrés qui sont encore fidèles à Al Qaîda, dans la péninsule Arabique (Aqpa). Celle-ci a d’ailleurs dénoncé les attentats au motif qu’elle ne s’attaque jamais aux mosquées où prient des fidèles innocents.
Jugés trop mous et trop pusillanimes dans leur djihad, les chefs d’Al Qaîda sont en train d’être progressivement supplantés par les groupes d’Abou Bakr Al Baghdadi, calife non seulement du bastion irakien mais désormais de ceux de Syrie, Libye et désormais du Yémen, auxquels s’ajoutent les réseaux dormants de Tunisie et peut-être aussi, d’Algérie.
A toutes ces chapelles, il convient d’ajouter Boko Haram qui a clamé dernièrement son allégeance à l’EI, ainsi que les groupes terroristes qui naviguent au niveau du Sahel, notamment au Mali.Alors même que le Yémen, comme la Libye, est en proie à une guerre civile, avec un territoire coupé en deux, le Nord contrôlé depuis septembre par les Houthis, soutenus par l’Iran chiite, et le Sud dominé par des forces alliées au président Abd Rabbo Mansour Hadi, proche de l’Arabie saoudite sunnite, la mainmise d’Aqpa est en passe de disparaître au profit du seul Etat islamique, rejoint chaque jour par des vagues de plus en plus importantes de djihadistes transfuges d’Al Qaîda. Sans doute, la perte de Sanaa par les sunnites et le recul d’Al Qaîda devant les milices chiites houthis de diverses provinces, ont-ils profité à Daesh qui, par la violence aveugle de ses actions, délivre un message à la base djihadiste, notamment celle de la première génération, sur son aptitude à mener un combat sans pitié contre l’«ennemi chiite», désigné à dessein par Hillary Clinton et ses conseillers.
L’EI a opéré le siphonnage des troupes d’Al Qaîda en Irak, puis en Syrie et en Libye et il s’attaque actuellement à embrigader les groupes inféodés à Al Qaîda en Egypte, en Tunisie et en Algérie ainsi qu’au Yémen, maillon indispensable à sa stratégie d’encerclement de l’Arabie saoudite pour des objectifs que seuls les maîtres-penseurs de Daesh connaissent.
Les avancées sont visibles et Daesh gagne du terrain, de plus en plus, sans que les bombardements de la coalition internationale en Irak et en Syrie n’aient affecté ses capacités de nuisance.