Alors que les chances du président Bouteflika pour une quatrième magistrature rétrécissent comme une peau de chagrin, à cause d’une part de sa maladie, et d’un autre des scandales qui ont éclaboussé ses hommes liges sans oublier les chantiers de son programme qui trainent en longueur, la roue semble tourner en faveur de candidats potentiels à la présidentielle dont certains ont déjà annoncé leur vœu de briguer un mandat en 2014.
Si les soutiens naturels du président Bouteflika restent suspendus aux news de l’autre côté de la mer, ceux qui appellent à la proclamation de l’article 88 de la Constitution ne désarment pas de voir le locataire d’El Mouradia plier bagage pour laisser place à ceux qui se présentent comme des timoniers pour présider aux destinées du pays. L’un de ces candidats, qui a, sans nul doute, une revanche à prendre pour avoir été l’un des candidats malheureux en 2004, évincé manu militari par Bouteflika du poste de chef de gouvernement qu’il occupait en compagnie de ministres FLN qui le soutenaient, et par la suite, déchu de son poste à la tête du vieux parti, par une décision de justice, ce candidat n’est autre que Ali Benflis.
L’homme politique qui s’est confiné dans un silence radio, s’est mis d’emblée hors circuit et en dehors des joutes politiques. Depuis la cabale dont il a fait les frais, on ne lui connait pas d’apparitions publiques à l’exception d’une présence timide dans des funérailles de moudjahiddine ou d’hommes politiques.
Et pourtant, ses anciens soutiens composés de cadres du FLN ayant subi des purges par les redresseurs de Belkhadem (ironie du sort, ce dernier a subi le même destin), de sympathisants ainsi que de ses compagnons d’armes ne désespèrent pas de le voir revenir par la grande porte et les appels pressants pour qu’il annonce sa candidature, ont donné leurs fruits, puisqu’il leur a répondu « oui je vais postuler à la présidence ».
Classé deuxième du peloton en 2004 après Bouteflika, Benflis, victime d’une implacable machine administrative, resté depuis dans l’ombre, attend le moment propice pour rendre publiques ses prétentions. « S’il temporise, nous dit notre source, c’est qu’il ne veut pas abattre toutes ses cartes, il devra, annoncer sa candidature lors d’un meeting dont la date n’a pas encore été arrêtée ».
Ses soutiens n’attendent qu’un signal de sa part pour mener sa campagne. Il aurait, selon des indiscrétions, reçu plusieurs sympathisants en son bureau d’avocat situé à la Résidence Chaâbani au Val d’Hydra, des personnes venant lui témoigner leur soutien indéfectible et l’exhortant à se porter candidat en 2014 tout en l’assurant de lui déblayer le terrain. Pour Benflis, qui aurait émis le vœu d’accéder à la magistrature suprême n’a pas de réceptacle politique.
L’armée va-t-elle le parrainer ? Cette question se pose de facto sachant qu’un candidat libre et sans parti a toujours besoin d’un mentor et l’armée est l’allié tout désigné dans ce genre d’entreprise à moins qu’il y ait un redressement spectaculaire au sein du FLN pour le réhabiliter. L’état de déliquescence que traverse le FLN conforte l’ancien chef et même si rien n’indique qu’il va regagner sa vieille maison politique, l’hypothèse n’est pas exclue.
Des voix ont, à maintes reprises, scandé son nom, appelant son retour lors des rassemblements anti-Belkhadem, notamment par les membres du mouvement de la jeunesse FLN mené par Badis Boulouadnine et de certains cadres comptant parmi « les légalistes » qui n’ont jamais rompu le contact avec lui.
Il est vrai qu’à une certaine époque, on lui prêtait le statut de poulain de l’Armée du temps de feu général Lamari mais ses soutiens ont dû reculer devant la pugnacité de Bouteflika qui a mené, aidé par son aura à l’étranger, ses comités de soutiens et de certains partis, y compris les islamistes qui l’ont coopté à l’époque et désavoué quelques années plus tard, un véritable forcing pour écarter Ali Benflis de la course en faisant impliquer la machine judiciaire qui s’en est trouvée ainsi mêlée à la politique et discréditée de manière avilissante. Néanmoins, on peut penser que cette fois-ci, avec l’effondrement du cercle présidentiel et les appels au changement, le vent semble tourner en sa faveur.
Par ailleurs, plusieurs personnalités ont déjà annoncé leur candidature. Dans cette phase caractérisée par le flou, les paris sont ouverts et les antagonistes, commencent d’ores et déjà à se placer autour de l’échiquier en gardant un œil sur le cours des événements. Un ancien ministre également ex-membre du bureau du FLN nous a dit un jour, lors d’une discussion, que « la plus grande vertu en politique est la patience. La patience de Ali Benflis qui est resté très placide, va-t-elle triompher ? L’avenir nous le dira. Wait and See.
Moufida Rahim