Le “Front du salut et du progrès” est une coalition de partis politiques tunisiens qui ont officiellement scellé leur alliance dimanche avec pour objectif de mettre en place une réelle opposition au gouvernement de Youcef Chahed.
Après plusieurs jours de tractations, dix partis tunisiens se sont entendus, le 2 avril, sur une “plate-forme politique”, qui servira de base pour le “Front du salut et du progrès”, qui constitue en fait la nouvelle force de l’opposition. Les membres du Front du salut et du progrès ont donc ratifié le document constitutif qui tient lieu de plate-forme politique au cours de cette réunion.
Constitué de formations appartenant à des familles politiques et idéologiques radicalement différentes, ce groupe semble avoir pour seul objectif de s’opposer au gouvernement de Youcef Chahed. On retrouve au sein de cette alliance le Parti socialiste de gauche (PSG) de Mohamed Kilani, un parti de droite libérale, l’Union patriotique libre (UPL) de l’homme d’affaires Slim Riahi, un parti centriste (la frange dissidente de Nidaa Tounes), un parti hybride, Machrou Tounes de Mohsen Marzouk, qui rassemble des dissidents de Nidaa Tounes, des figures de l’ancien Rassemblement constitutionnel destourien (RCD), et un parti destourien, Al-Watan, de l’ancien ministre de la Défense Mohamed Jegham. Selon Kapitalis, Slim Riahi, le président du l’Union patriotique libre (UPL), s’est particulièrement distingué au cours de cette réunion par un discours virulent.
Il a fustigé tour à tour le document de Carthage, le parti islamiste Ennahdha et le parti Al-Badil Ettounsi (Alternative tunisienne), créé la semaine écoulée par l’ancien chef du gouvernement Mehdi Jomaa. Slim Riahi a notamment dénoncé le double discours du parti islamiste Ennahdha, responsable, à ses yeux, de la montée du terrorisme en Tunisie, notamment, à travers les milliers d’associations caritatives islamistes qui, selon ses dires, “pratiquent le terrorisme social, car elles exploitent la pauvreté et la misère des gens, et alimentent le terrorisme.”
Affirmant que le gouvernement d’union nationale dirigé par Youssef Chahed à échoué, le président de l’UPL a appelé à “déchirer le document de Carthage”, qui fait une évaluation de la situation dans le pays et fixe les priorités du travail gouvernemental.
S’en prenant au nouveau parti de Mehdi Jomaa, il l’a qualifié de “petit bureau d’études”, tout en qualifiant ses dirigeants d’opportunistes. Reste à savoir maintenant si cette coalition de partis politiques, qui se veut être une opposition “unie” contre le gouvernement, mais les positions politiques et idéologiques sont connues pour être généralement diamétralement opposées, gardera longtemps sa cohésion ? Il est à craindre que des divergences n’éclatent rapidement et font voler en éclat l’unité affichée jusque-là.