Les habitants de Menatsia, commune de Benfréha, ont manifesté leur colère, jeudi et vendredi passés, pour protester contre la marginalisation de leur douar et contre les conditions de vie précaires qu’ils endurent.
Ces habitants ne revendiquent pas des postes d’emploi, ni l’attribution de logements, ils revendiquent l’amélioration du cadre de vie de leur cité, à savoir, la réalisation d’un réseau d’assainissement, le bitumage des rues de leur douar, la rénovation et l’ouverture du chemin de wilaya N°88, bloqué par le débordement des eaux du lac Telamine.
En effet, jeudi matin, les habitants de Menatsia ont occupé la route qui donne accès au village, pour attirer l’attention sur les mauvaises conditions de vie qu’ils mènent dans cette agglomération rurale créée en 1735.
Non satisfaits des promesses des responsables locaux, la contestation a pris une autre tournure vendredi matin, après l’arrestation de 16 protestataires, ce qui a provoqué des heurts entre eux et des gendarmes venus en renfort pour libérer la voie publique, et où d’autres arrestations ont été opérées.
Selon des habitants que nous avons rencontrés hier sur place, les gendarmes ont utilisé des grenades lacrymogènes, ce qui a provoqué des malaises à l’intérieur des habitations, les plus touchés, ayant été les asthmatiques.
Un habitant raconte : «lorsque je suis rentré à la maison, j’ai trouvé mes enfants suffoquant, ma fille asthmatique a failli mourir. Pourquoi cette hogra, depuis jeudi, nous n’avons plus de pain, tout est fermé à cause de la route qui mène vers Gdyel fermée à la circulation depuis plusieurs semaines, à cause du débordement des eaux du lac Telamine», explique-t-il.
Le chemin de wilaya N°88 qui mène de Menatsia à Gdyel, sépare ces deux cités de seulement 9 km. «La majorité des habitants actifs de Menatsia se rendent chaque matin à Gdyel pour y travailler, ou pour prendre d’autres destinations.
Pour ce faire, nous utilisons les services des transporteurs, des Karsan. Malheureusement, depuis que cette route est inondée, ces derniers refusent de travailler, nous sommes donc obligés de louer les services des taxis clandestins qui empruntent tout un détour.
Pour se rendre à Gdyel, il faut payer 200 DA par place, au lieu de vingt dinars (20 DA) par les transporteurs légaux, affirment nos interlocuteurs, qui ajoutent que ce qui fait mal au cœur, c’est qu’ils ont réclamé par écrit et à plusieurs reprises, l’amélioration du cadre de vie de leur cité au plus haut niveau des autorités, mais en vain.
«En 2010, nous avons écrit au Premier ministre pour relater les mauvaises conditions de vie de notre agglomération. Dans sa réponse, celui-ci nous informe que notre lettre de réclamation a été transmise au wali (réf 2140/S du 8/3/2010).
«NOUS SOMMES À MILLE LIEUX DU CONFORT»
En 2011, suite à une autre réclamation, le wali nous a réservé une réponse (réf 110/10) par laquelle il nous informe que notre lettre de revendication a été transférée au chef de daïra de Gdyel sous le N° Réf 000 132 en date du 13/01/2011 pour étude. A ce jour, plus aucune suite».
Combien faut-il de temps pour voir les responsables réagir et prendre en charge nos problèmes ? Un vieil homme s’approche de nous, pour nous faire part de son indignation «Les éléments des forces de l’ordre qui sont intervenus pour disperser les protestataires, ont battu des jeunes et même des personnes âgées.
Ils ont arrêté plus d’une vingtaine de personnes, dont certaines n’ont même pas participé à ce mouvement de protestation», explique-t-il en ajoutant «Pourquoi ne pas prendre en considération les réclamations de la population, avant que les choses ne dégénèrent, pourquoi attendre que la population sorte dans les rues et bloque la route, pour voir enfin les autorités bouger, à quoi servent les responsables élus qui ne se donnent même pas la peine de se déplacer dans les cités relevant de leur autorité, pour s’enquérir de leur situation, pourquoi attendre le pourrissement, les heurts et les arrestations, pour réagir ?», se demande cette personne.
L’ensemble des habitants de Menatsia lancent un appel au wali pour lui demander d’intervenir pour faire sortir cette cité de son isolement et d’ouvrir une enquête concernant la gestion de cette commune. «Nous faisons partie des citoyens de cette commune, nous avons le droit de savoir comment elle est gérée et pourquoi notre cité est marginalisée ?», tiennent à indiquer les habitants de Menatsia.
B.Bekhaitia