Décidément, le Front national algérien (FNA) n’en finit pas avec les dissidences et autres crises larvées qui le secouent épisodiquement. Et cette fois-ci, la fronde n’a pas trop tardé à devenir du domaine public avec la sortie, pour le moins fracassante, des députés qui se sont tout simplement démarqués de la ligne politique du parti aussitôt confortablement installés au sein de la nouvelle APN.
Est-il quelque part écrit que le FNA subisse, tel un rituel, des vagues de contestation qui se terminent souvent par des dissidences ? C’est, en tout cas, à cette interrogation que le président du parti s’est évertué, hier, à l’occasion d’une conférence de presse à trouver la ou les réponses ou, à défaut, des pistes ou des éléments de réponse. Et ce n’est pas fortuitement que Moussa Touati entame sa déclaration liminaire en faisant, d’emblée, remarquer que son parti subit à chaque échéance électorale des secousses avec le départ massif de ses élus, notamment les députés. Une sorte de malédiction dont semble s’accommoder la direction du parti au vu de l’attitude pour le moins paradoxale de cette dernière. En effet, alors que les neuf députés du FNA élus à l’issue des dernières législatives, comme leurs prédécesseurs en 2002 (six départs sur huit) et en 2007 (7 départs sur 9), ont publiquement remis en cause la ligne politique du parti, Touati ne fait point montre d’inquiétudes. Comme s’il se pliait à ce sort qui s’abat sur son parti et sur bien d’autres entités politiques, ou comme s’il mettait cela sur le compte des «us» et «vertus» de notre scène politique indéfiniment marquée du sceau des changements de position, des alliances contre-nature ou du nomadisme politique. Sinon, comment expliquer son peu d’empressement à se positionner face à cet «affront», en affirmant ne pas «prendre de mesures disciplinaires ou conservatoires à l’encontre de ces frondeurs ». Ceci bien qu’il saisisse la raison de ce retournement, en affirmant que cette défection collective «cache mal le souci de ces députés de ne pas honorer leur engagement écrit, lié au financement de leur propre campagne électorale». Souci, par ailleurs, dévoilera encore Touati, que partagent nombre d’autres candidats du parti qui, soutiendra-t-il, «n’ont à ce jour pas réglé leurs frais de campagne». Des candidats malheureux qui ont, alors, selon toujours Touati, «entamé une vaste campagne de déstabilisation du parti en appelant à un congrès extraordinaire du parti». Une démarche menée de concert avec d’anciens militants du parti qui, selon Touati, ont été, «soit écartés ou ayant démissionné de leur propre chef», mettant en cause, dans ce sillage, «bien des transfuges du FLN et du RND».
3e congrès ordinaire le 21 juin prochain
Et à Touati de soutenir que toutes ces manœuvres dissimulent et voilent mal la volonté de certains cercles de normaliser le FNA. Car le congrès ordinaire du parti, le troisième du genre, se déroulera dans peu de temps, le 21 juin prochain plus exactement, un rendez-vous organique qui devait normalement intervenir en septembre prochain mais reporté en raison des impératifs induits par la préparation pour les dernières législatives, dira-t-il. Le président du FNA en voudra comme preuve cette dernière sortie, pour le moins, loin d’être innocente, des neuf députés du parti qui se démarquent publiquement de la ligne. Une sortie qui contraste mal avec la position du parti à l’endroit des dernières législatives dont il dit ne pas reconnaître la légitimité des résultats, criant à une fraude massive. D’ailleurs, le FNA est l’un des instigateurs du front du refus des dernières législatives dont les députés ont boycotté les séances de validation des mandatures des nouveaux membres de l’APN et l’élection du président de cette dernière. Deux mots d’ordre du front que les députés du FNA n’ont pas observé, préférant «rentrer dans les rangs», comme voulu en haut lieu. Ceci avant de reconnaître avoir été personnellement approché pour quitter le navire de l’opposition et s’embarquer dans un autre, celui périphérique du pouvoir. Sollicitation que Touati dira avoir poliment déclinée. «Le FNA, soutiendra-t-il, est un parti d’opposition qui sera tout le temps aux côtés du peuple dont il défendra les intérêts et s’occupera des préoccupations au sein du Parlement parallèle» mis sur pied par le «front des 16». «Un Parlement plus légitime en ce sens, dira-t-il, qu’il représente plus de 16 millions de citoyens». Touati ne manquera pas de s’interroger, enfin, sur le comment du fait que «de par le monde, les partis au pouvoir sont souvent sanctionnés lors d’élections sauf chez nous où, comme par hasard, les nôtres sont consolidés dans leurs positions alors que le pays vit toujours au rythme de manifestations, de mouvements de contestations, de grèves au quotidien avec l’apparition de nouveaux phénomènes comme le suicide, la harga ou encore l’immolation par le feu, expressions, selon lui, d’un ras-le-bol généralisé ».

M. K.