Ses causes sont multiples, ses conséquences aussi, La violence se généralise à l’école

Ses causes sont multiples, ses conséquences aussi, La violence se généralise à l’école

Les changements profonds intervenus dans la société compliquent la tâche de l’école dans sa mission de transmission du savoir.

Billel, 15 ans, est un élève moyen. Pourtant, il fait tout pour satisfaire ses parents qui lui demandent de fournir plus d’efforts en classe et qui surveillent son travail tous les jours. Avant d’entrer dans la salle de classe, surtout en cours de maths, il est tellement stressé qu’il perd tous ses moyens. Toutes les définitions et théorèmes appris pourtant par cœur la veille disparaissent de son esprit.

L’enfant perd la mémoire, panique, ses mains sont moites et ses gestes fébriles. En fait, Billel a peur. Une peur qu’il tente de surmonter, en vain. Le professeur entre en classe, débute l’interrogation orale et Billel se fait tout petit.

Gare à ceux qui bafouillent ou se trompent ! Les coups de règle métallique pleuvent sur la paume des mains des mauvais élèves. Quand arrive son tour, Billel ne répond pas. Il est paralysé. Il ouvre la bouche, mais aucun son n’en sort. Le regard du professeur se fait de plus en plus menaçant, et au bout de quelques phrases, il s’avance, les sourcils froncés, la règle à la main. Le cœur de l’enfant bat à tout rompre. Il respire difficilement, il est au bord de la syncope.

Une douleur fulgurante irradie ses paumes, mais il fait un effort surhumain pour ne pas hurler et attiser la colère du professeur.

Comment un enfant qui vit un tel calvaire peut-il aimer l’école et réussir dans ses études ? Vivant dans une atmosphère d’appréhension et de peur, il ne tarde pas à faire l’école buissonnière, à traîner dans la rue, avec les conséquences que l’on connaît. «Cette forme de violence contre les enfants est journalière», dit un cadre de l’éducation, connu pour sa réussite pédagogique.

Après 25 ans de carrière en tant que professeur d’histoire et de géographie, il assure n’avoir jamais levé la main sur un enfant, et ses élèves le respectent et s’intéressent à ses cours.

«Si l’enfant n’aime pas son professeur, il n’étudiera jamais. Ma devise a toujours été : ‘’Si je ne réussis pas à intéresser mes élèves, je préfère partir’’». Là est la clé de sa réussite. Mais combien sont-ils à appliquer cette règle ? Très peu à croire les parents d’élèves, dont beaucoup accusent les enseignants de frapper leurs enfants. Toutes les ‘’armes’’ sont utilisées à cet effet, selon les victimes interrogées : de la règle en bois ou métallique, au fil en caoutchouc en passant par les branches d’olivier bien flexibles, et dans certains cas, le bâton, sans parler des gifles à la volée, les coups de poing, le «tirage» de cheveux réservé au fillettes, et des oreilles…

«Je pensais que l’école protégeait l’enfant, mais moi, je suis obligé de protéger mon enfant de l’école», déclare cet homme dont le fils a été frappé avec un fil électrique au visage, par un enseignant qui lui reprochait simplement de s’être levé du rang pour ramasser sa gomme tombée par terre.

Il s’est rendu à l’académie, muni d’un certificat de maladie et l’affaire, comme cela arrive le plus souvent dans des cas pareils, a été vite étouffée. Le professeur, dans les cas extrêmes, accepte de présenter ses excuses à l’enfant qui restera marqué à vie par ce geste.

H.B.