Ses biens immobiliers En algérie, sa citoyenneté américaine, sa position vis-à-vis de la justice, l’affaire saipem… Chakib Khelil dit tout au temps d’algérie

Ses biens immobiliers En algérie, sa citoyenneté américaine, sa position vis-à-vis de la justice, l’affaire saipem…  Chakib Khelil dit tout au temps d’algérie

Le Temps d’Algérie : Le procureur général près la Cour d’Alger a annoncé qu’une convocation vous a été adressée par le juge d’instruction en charge de l’affaire Sonatrach II et que vous avez répondu par une correspondance accompagnée d’un certificat médical attestant que vous ne pouviez pas vous déplacer pendant deux mois. Qu’en est-il au juste ?

Chakib Khelil : J’ai effectivement reçu une convocation du juge d’instruction près la Cour d’Alger. Je l’ai reçue aux Etats-Unis en date du 11 mai, m’informant que je dois me présenter en tant que témoin au bureau du juge d’instruction le 20 du même mois. On ne m’a, donc, laissé que neuf jours pour répondre à cette convocation. Ma mère était très malade, et moi également.

D’ ailleurs, ma mère est décédée le 20 mai, jour où je devais me présenter au bureau du juge d’instruction. J’ai, donc, adressé par DHL une correspondance au procureur général près la Cour

d’Alger et à la police judiciaire, de même que j’ai envoyé un e-mail au ministère de la Justice, le tout accompagné d’un certificat médical attestant que j’étais mal en point. J’attendais qu’une deuxième convocation me soit adressée pour me présenter devant le juge d’instruction.

Une deuxième convocation qui n’est jamais arrivée…

Oui, la Cour d’ Alger ne m’a adressé qu’une seule convocation. Je connais la procédure judiciaire en Algérie. On vous envoie une première convocation, et si vous ne vous présentez pas, on vous adresse une deuxième et même une troisième. Et c’est au bout de trois convocations auxquelles vous n’aurez pas répondu, qu’on lance un mandat d’arrêt international à votre encontre. Moi, je n’ai eu droit qu’à une seule convocation avant que le mandat d’arrêt international ne soit lancé à mon encontre.

Pourquoi, donc, cet «empressement» ?

Il y a plusieurs scénarios

Quel est le «scénario» qui vous est venu à l’esprit en particulier ?

Difficile de répondre à cette question, mais je peux dire que je ne comprends pas le pourquoi de cet empressement de la part de la justice. Cependant, je n’ai aucune idée sur les raisons de cette précipitation quant au lancement d’un mandat d’arrêt international.

Y a-t-il, selon vous, une «affaire Chakib Khelil» ?

Ce n’est pas la première fois que je suis attaqué, notamment dans la presse. On m’attaque depuis 1999. On a écrit que je possède un ranch et également des biens immobiliers un peu partout dans le monde. On a écrit que je possède des biens immobiliers en France alors qu’en vérité, je ne possède aucun ranch, je ne possède aucun bien immobilier en France, ni ailleurs, mis à part un logement à Alger que j’essaye de régulariser et un autre à Oran où résidait ma défunte mère.

Justement, le procureur général près la Cour d’Alger a annoncé que vos biens immobiliers en Algérie font l’objet d’une saisie conservatoire. On dit, également, que vous avez vendu vos biens en Algérie avant le lancement d’un mandat d’arrêt international à votre encontre, pour empêcher leur saisie par la justice. Est-ce vrai ?

Tout ça est archifaux. Je vous dis, catégoriquement, que je ne possède en Algérie qu’un logement à Alger que j’essaye de régulariser, et un logement à Oran où résidait ma défunte mère et je n’ai pas vendu ces biens. Tout ça, ce ne sont que des mensonges.

Allez-vous constituer des avocats pour vous défendre ?

J’attends encore pour voir la suite des événements.

Vous avez, dans des interviews accordées à des titres de la presse, annoncé que vous êtes prêt à vous présenter à la justice algérienne à condition qu’on vous garantisse un procès équitable. Que vouliez-vous dire par «équitable» ?

Je n’ai jamais dit ça. Je fais confiance en la justice algérienne et je suis prêt à répondre à une convocation de la justice si elle m’est adressée. Je vous ai expliqué dans quelles circonstances j’ai reçu la première et seule convocation qui m’a été adressée par la justice algérienne.

Vous êtes, donc, prêt à vous rendre en Algérie ?

Bien sûr que je suis prêt à venir en Algérie si besoin est, et à répondre à une nouvelle convocation de la justice.

Vous êtes prêt à répondre à une nouvelle convocation de la justice à n’ importe quel moment ?

Oui, absolument, juste le temps de constituer mes avocats et je me présente à la justice.

Donc, l’information selon laquelle vous avez «fui» le pays est fausse ?

Absolument. On ne peut pas fuir un pays à travers ses frontières officielles. Si je fuyais le pays, je ne passerais pas par l’aéroport. Je n’ai pas fui le pays et je venais en Algérie le plus normalement du monde. Je le faisais de façon sereine et confiante. Je venais en Algérie pour uniquement rendre visite à ma mère souffrante, avant qu’elle ne décède.

Vous avez démenti avoir la nationalité américaine…

Oui. Contrairement à ce qui a été rapporté, je n’ai pas la nationalité américaine.

Parlons de Farid Bedjaoui…

On m’a imputé un rôle avec Farid Bedjaoui que je n’ai jamais eu. J’ai rencontré cette personne seulement deux fois. Il a été amené par une firme étrangère. Vous savez, quand une firme étrangère arrive dans le pays, dans le cadre d’investissements ou pour la réalisation de projets, celle-ci amène avec elle des personnes connaissant la région. C’est dans un cadre de communication.

C’est dans ce cadre justement que Farid Bedjaoui a été amené en Algérie par une firme étrangère. Il faisait partie de cette délégation et c’est là que je l’ai rencontré. C’est tout ce qu’il y a. Il n’y a rien d’étrange et je n’ai aucune relation personnelle avec cette personne. Il faisait partie de la délégation de Saipem et de l’italien ENI et je l’ai rencontré en tant que membre de cette délégation, au même titre que tous les autres membres de cette même délégation.

Quelle a été la réaction de votre épouse et de vos deux enfants à l’annonce du mandat d’arrêt international ?

Stupéfaction. Ça nous a fait beaucoup de mal. On a imputé des choses absolument fausses aux membres de ma famille. On a dit, par exemple, que mon fils Khaldoun gère des fonds, tandis qu’en vérité sa formation et sa spécialisation n’ont aucun lien avec la gestion. Lui et son frère travaillent et ne possèdent aucun bien. Ils sont locataires des appartements qu’ils occupent et ils travaillent dur, comme tout le monde, pour gagner leur pain.

Comment avez-vous vécu le décès de votre mère dans de telles circonstances ?

Vous savez, perdre une mère, c’est perdre le contact avec la famille. Je venais en Algérie pour rendre visite à ma mère. C’est elle qui favorisait le contact entre frères et sœurs. C’est elle qui assurait cette union et ces contacts. Avec sa disparition, la régularité de ces contacts entre membres d’une même famille reçoit un grand coup. C’est trop triste.

Auriez-vous un mot à dire à l’opinion publique ?

Je dis que contrairement à ce qu’on pense, l’opinion publique n’est pas dupe et sait tout. L’opinion publique, en Algérie, est au courant de tout. Elle est au courant des choses connues comme des choses cachées. Je veux, également, expliquer à l’opinion publique que les procédures dans les octrois de marchés publics se font, après lancement d’avis d’appels d’offres internationaux, sont gérées par les présidents-directeurs généraux des entreprises nationales et sont suivies scrupuleusement.

Le ministre n’a aucun rôle ou médiation dans la passation des marchés publics. Il est vrai, toutefois, que quelques petites erreurs auraient pu avoir lieu dans le cadre de l’octroi de marchés. C’est normal qu’il y ait de petites erreurs dans l’octroi de quelques marchés quand vous avez des milliers et des milliers de marchés octroyés. Le développement du pays nécessitait l’octroi de milliers et de milliers de marchés.

Il se peut que quelques erreurs eurent lieu dans l’octroi de quelques-uns de ces marchés, mais cela n’a aucune mesure avec tout ce qui a été rapporté et les corruptions présumées.

M. A.