Services de maternité: Le cauchemar continue

Services de maternité: Le cauchemar continue

Les services de maternité du secteur public dans notre pays offrent une image peu reluisante et renseignent sur un système de santé des plus défaillants. La longue liste de scandales de mauvaise gestion ont fini par altérer toute crédibilité à ces structures sanitaires, censées donner et préserver la vie.

La situation dans les infrastructures maternelles ne cesse de se dégrader. Surcharge, saleté et absence d’hygiène, manque de personnel médical et d’équipements,…, sont autant d’éléments qui dénotent une situation qui empire au fil des années sans qu’il n’y ait la moindre volonté d’y remédier. La situation n’est pas l’apanage d’une région ou d’une localité. Le problème se pose avec acuité au niveau national. Notre visite à une clinique de Tizi Ouzou ne nous a pas permis de démentir ce constat.

En effet, les services de la clinique gynécologieobstétrique Sbihi Tassadit de Tizi Ouzou enregistrent une insuffisance flagrante de capacité d’accueil qui se traduit par la surcharge qu’on peut constater de visu au niveau des chambres des malades. Ainsi, les patientes admises en postnatal se retrouvent à deux par lit. Bien que leur état de santé nécessite une prise en charge adéquate, il s’avère que cette structure hospitalière demeure complètement incapable d’assurer le minimum de confort requis pour les parturientes.

La maternité S’bihi, qui accueille quotidiennement des parturientes, dépassant de loin sa capacité structurelle, s’enfonce au fil des années dans une dégradation avérée. Juste à l’entrée de cet établissement, à l’heure des visites, nous avons pu recueillir des témoignages émouvants, des cris de détresse émanant de femmes qui souffrent en silence, elles évoquent toutes les conditions déplorables face à un personnel dépassé. La nuit est vécue comme un cauchemar interminable. Face au manque de places, les patientes maintenues en observation se retrouvent à l’étroit. Deux femmes occupent un lit. Le cas de dj. A.M. en dit long.

 » On m’a retenue à la clinique pour un curetage. Une semaine s’est écoulée et toujours rien. Et le pire, je me retrouve avec une autre femme enceinte dans le même lit. J’ai dû me plier en deux pour partager mon lit avec elle. On dort sur le même côté jusqu’au petit matin. Si je veux bouger ou aller au petit coin, il faut que je la réveille.

C’est un vrai cauchemar ! « , raconte- t-elle.  » Dans une chambre de quatre lits, nous sommes huit femmes. Comment peuvent-ils nous entasser de cette manière, alors qu’une femme enceinte a besoin de confort pour lui éviter des complications lors de son accouchement. « , s’était-elle interrogée.

 » Celle qui ne supporte pas de partager son lit avec une autre, se retrouve contrainte de dormir par terre en étalant sa couverture « , témoigne encore la même source. A l’extérieur de la clinique, nous avons rencontré un jeune homme en colère venu chercher sa femme enceinte.  » Cela fait quatre jours que ma femme n’a rien mangé. On lui a demandé de rester à jeun pour rien. Il semble que les infermières l’ont oubliée « , fulmine t-il.  » C’est la dernière fois que ma femme passe par cette clinique de honte ! « , ajoute t-il.

CAFARDS ET MOUSTIQUES DANS LES CHAMBRES

L’absence d’hygiène est souvent le principal point noir de la chaîne de prise en charge des femmes sur le point de mettre au monde leur enfant. La présence de cafards et de moustiques dans la chambre d’hôpital est devenue fréquent. Ces insectes nuisibles évoluent dans cet endroit en toute quiétude sans même susciter l’attention des gestionnaires chargés du maintien de l’hygiène et de l’aseptisation.

Sur un autre plan, il faut dire que nos structures sanitaires n’ont aucun respect des conditions de prise en charge des parturientes. Les sanitaires et les douches laisse à désirer dans cet établissement. Dès le matin, des chaînes se forment devant la salle d’eau pour insuffisance de sanitaires.

 » Il ne faut surtout pas se réveiller en même temps, sinon vous risqueriez de passer une heure ou plus pour parvenir à faire vos besoins. Trois W.C pour tout un étage, c’est aberrant quand même ! « , raconte une patiente.

DOUCHE FROIDE

Les douches sont également pointées du doigt par les patientes. “Cela fait une semaine que je suis dans cette clinique. Je ne peux ni faire ma toilette ni me doucher avec cette eau glacée”. “Il fait vraiment froid.

C’est quand même l’hiver, tout le monde a besoin d’eau chaude pour faire sa toilette. C’est la moindre des choses ! « , réclame une jeune femme. Il est impératif de rendre nos services sanitaires, particulièrement ceux de la maternité, plus accueillants surtout avec le nombre de naissance en hausse chaque année. Pour cela, les responsables du secteur sont appelés à entreprendre de nouvelles démarches en vue d’assurer, ne serait-ce qu’un minimum de confort et des espaces adéquats et suffisants pour la prise en charge des mamans et de leurs bébés.

L. A. R.