Les médecins résidents s’indignent des propos tenus à leur égard par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, l’appelant à mettre en place des conditions nécessaires leur permettant de travailler décemment dans les régions de l’intérieur et du sud du pays. «Nous n’avons pas besoin de leçons de patriotisme, mais plutôt de la mise en place de tous les moyens pour effectuer une carrière dans ces régions», nous a indiqué leur porte-parole.
Environ 2 000 médecins résidents devaient venir des différentes régions du pays pour prendre part à cette manifestation, nous a indiqué, ce matin, le Docteur Benhalima, porte-parole du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra). «Nous voulons dire que les pouvoirs publics n’ont rien compris à nos revendications légitimes et que nous n’avons de leçons de patriotisme à recevoir de personne», a-t-il affirmé. L’abrogation du service civile reste le principal point de discorde entre les deux parties. «Nous revendiquons l’abrogation du service civil car tout simplement les structures sanitaires des régions de l’Intérieur et du sud du pays sont dépourvues de tous les moyens nécessaires permettant aux médecins d’exercer convenablement leur métier. Nous voulons que les autorités mettent en place les conditions nécessaires pour inciter les médecins à aller travailler de leur propre gré dans ces régions et non pas les obliger d’y passer une année à l’issue de leur formation», a expliqué notre interlocuteur.
Car, les médecins résidents estiment que cette courte durée de service civil ne règle nullement les problèmes que connaît le secteur de la santé dans les régions enclavées du pays. «Au lieu de nous forcer à travailler dans ces régions, nous voulons être motivés par la mise en place d’une vraie carte sanitaire permettant à toutes les structures hospitalières du pays de disposer des mêmes moyens de travail. Des milliers de médecins résidents veulent exercer et faire carrière au sud et à l’intérieur du pays, mais dans les conditions actuelles, le médecin qui s’aventure à y aller risque de perdre son métier», a encore affirmé M.Benhalima. Dimanche, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, avait indiqué qu’il n’était «pas question d’abroger le service civil car ces médecins ont une dette à payer à ce pays qui leur a garanti une formation gratuite». Il avait aussi affirmé la disponibilité des pouvoirs publics à «débattre les questions relatives aux conditions de travail, salaire, logements de fonction…». Le porte-parole du Camra répond sans ambages aux déclarations de M. Ouyahia «Les médecins résidents n’ont pas besoin de leçon de morale ou de patriotisme. Ils ont seulement besoin de moyens de travail et une motivation. Actuellement, des chirurgiens ne trouvent pas de blocs opératoires dans les structures hospitalières dans lesquelles ils sont envoyés pour effectuer leur service civil. Et pourquoi les moyens dont a parlé M. Ouyahia n’ont pas été mis en place depuis des années ? Pourquoi a-t-il attendu notre soulèvement pour affirmer sa disponibilité à équiper les structures sanitaires et à motiver les médecins ?», s’interroge notre interlocuteur. «Les gens se bousculent pour travailler, au Sud, dans le secteur des hydrocarbures car simplement ils sont motivés. Qu’attendent les pouvoirs publics pour motiver autant les médecins ?», conclut-il.
A.H