Service civil: Le ministre de la Santé reconnaît des «insuffisances»

Service civil: Le ministre de la Santé reconnaît des «insuffisances»

Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Mohamed Miraoui, est revenu sur l’un des aspects les plus emblématiques de la grève des sept mois enclenchée l’année dernière par les médecins résidents en affirmant que «le service civil comporte des insuffisances qu’il faut corriger». A ce propos, il annonce que son département est en train d’élaborer une nouvelle stratégie avec d’autres secteurs pour inciter les médecins spécialistes à travailler dans le Sud et les Hauts-Plateaux dans de meilleures conditions notamment à travers des «mesures financières». Intervenant à la Chaîne 3 de la Radio nationale, le ministre a reconnu les «limites» et «insuffisances» du «service civil, comme il est conçu» indiquant que les décisions à prendre devront «couvrir les ressources humaines dans ces régions».

Pour rappel, les résidents avaient dénoncé la nouvelle loi sanitaire qui acte l’obligation d’un service civil «stérile depuis 1984». Le ministre de la Santé de l’époque avait affirmé que le service civil restera obligatoire, précisant en contrepartie que son département veillera à ce qu’il se passe dans «les meilleures conditions». Mokhtar Hasbellaoui avait mis l’accent sur l’importance de maintenir le service civil pour «réduire l’écart en matière de prestations sanitaires, préventives et thérapeutiques dans les régions à faible couverture sanitaire», soulignant la volonté de l’Etat à mobiliser tous les moyens matériels, humains et techniques pour accomplir ce service dans des conditions favorables.

A ce sujet, le décret exécutif, n°18-256 du 11 octobre 2018, signé par l’ex- Premier ministre Ouyahia, fixait les modalités d’accomplissement du service civil pour les praticiens médicaux. Ce texte précise la durée du service civil pour les médecins spécialistes, à compter du 1er septembre 2018, suivant quatre zones définies géographiquement.

Ainsi, pour la zone 1, qui comprend 12 wilayas du Sud dont Ouargla, Tamanrasset ou encore El Bayadh et Touggourt, la durée du service civil est d’une année. Les médecins spécialistes devront passer deux ans dans la zone 2 qui comprend 34 wilayas dont Sétif, Constantine, Mila, Djelfa et Mascara. La zone 3 qui englobe 13 chefs-lieux de wilaya dont Batna, Béjaïa, Tizi-Ouzou et Tlemcen, le service civil est de trois ans et quatre pour Oran et Alger. Ahmed Ouyahia avait signé un autre décret exécutif concernant l’instauration d’une prime mensuelle de service civil au profit des praticiens médicaux spécialistes de santé publique, assujettie à la zone d’exercice.

Le décret indique également que «le montant mensuel de la prime de service civil est fixé entre 20 mille dinars et soixante mille dinars (…). La prime de service civil n’est pas intégrée dans le salaire du bénéficiaire». Dans la zone 1, elle varie entre 20 et 60 mille dinars que l’on soit dans un chef-lieu de wilaya ou hors. Dans la zone 2, elle oscille entre 20 et 40 mille selon le même principe. Elle est fixée à 20 mille dinars pour les wilayas de la zone 3 et 4.

Pour le Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra), ce décret constitue «des avancées réelles» qui restent toutefois «insuffisantes», s’interrogeant, par ailleurs, sur la prime puisque soumise à impôt, selon l’article 6 du décret en question.

Par ailleurs, et concernant les voies de fait enregistrées au niveau des structures de santé, Mohamed Miraoui, tout en rappelant les chiffres effarants du phénomène de la violence (1.922 agressions physiques et 27.909 agressions verbales enregistrées en 2019 contre le personnel du secteur), a indiqué que pour l’éradiquer, son département a décidé de renforcer et de former les agents de sécurité, installer des caméras de surveillance, renforcer le personnel paramédical au niveau des services des urgences et humaniser les structures par l’amélioration de l’accueil.

Moncef Wafi