Le président de l’Entente a pris son bâton de pèlerin, mais cette fois pour entamer une campagne électorale car il convoite un siège de député. Il promet beaucoup de choses aux jeunes des villages de Balagha, Taya, Beni Aziz et des environs de Sétif.
Des bruits avaient couru quelques mois avant votre décision de briguer un mandat de député. Qu’est-ce qui vous a poussé à présenter votre candidature ?
L’idée de me présenter aux élections législatives ne date pas d’aujourd’hui, mais cela me trotte dans l’esprit depuis quelques années déjà. En 2002 et en 2007, je me suis posé la question, avant de me rétracter
Et qu’est-ce qui vous a poussé à franchir le pas, cette fois ?
Cinq années à la tête de l’Entente, des années fastes en titres, aussi bien sur le plan national que sur le plan continental, m’ont permis de connaître toutes les couches sociales du pays. Du simple supporter qui ne gagne que le SMIG, au riche industriel, en passant par les intellectuels et les hommes politiques. Tous ces contacts me donnent l’impression d’avoir obtenu un titre équivalent à un diplôme d’études supérieures en science sociales. Malgré le fait d’avoir dépassé 50 ans, je me sens plus proche des jeunes. Je suis en contact quotidien avec les supporters de l’Entente. Je peux dire que je connais quelque peu les soucis de la jeunesse
Cela vous permettra-t-il de légiférer ?
Je ne vais pas avoir cette prétention, mais je reste persuadé de pouvoir contribuer à l’essor du football.
Quels sont les facteurs qui vous ont encouragé à vous présenter à ces élections et quelles sont vos ambitions politiques ?
Dans la vie, il faut avoir de l’ambition. On doit passer par des étapes et aller vers de nouvelles découvertes. Sans me vanter, je pourrais dire que le nom de Serrar est connu par des centaines de milliers d’Algériens à travers le territoire national. J’irais même jusqu’à dire que mon nom est plus connu que le nom d’un député actuel. Je mets au défi quiconque est en mesure de me donner le nom de 4 députés de la ville de Sétif. J’ai pu, grâce à mon poste de président d’un club de la grandeur de l’Entente, donner du bonheur aux milliers de Sétifiens. J’ai croisé de hauts responsables politiques et rencontré des ministres plus aisément que ne peut le faire un député.
Votre engagement en politique veut-il dire que c’est la fin de votre carrière dans le monde du sport ?
Le sport et le football diffèrent des autres domaines. Quand on est touché par le virus du football, on ne peut pas s’en passer facilement, mais en même temps je crois aussi au passage de témoin dans la gestion du football. Je suis arrivé à la conclusion qu’on peut faire de la politique dans le but de servir le sport, et le football en particulier.
Récemment, vous regrettiez que les députés de Sétif ne prennent pas en charge le problème d’un nouveau stade d’une grande capacité…
Je me retiens parce que je suis candidat, mais il y a beaucoup de choses à dire à ce sujet. Je n’ai pas la même vision que les autres en ce qui concerne le sport à Sétif. Je me garderai de critiquer les autres candidats, même si dans un passé récent, ils n’ont pas été tendres avec moi.
Insinuez-vous qu’il y a une campagne de dénigrement contre vous ?
Bien évidemment, mon introduction en politique a dérangé beaucoup d’hommes politiques. Et on cherche par tous les moyens à me démolir. Certains ont tenté de me faire endosser tous les faux pas du club tout en oubliant de dire que l’Entente est en finale de la Coupe d’Algérie. J’ai gagné des titres en tant que joueur et j’ai contribué au retour de l’ESS en Division 1. Les supporters de l’équipe des années 1990 savent mieux que personne les embûches et les entraves qu’on avait rencontrées sur le chemin qui mène à l’accession. Comme ces réserves contre Béjaïa. On est passés du club qui était menacé à chaque saison à un club qui jouait chaque année des titres
Quel est votre discours durant cette campagne ?
Si vous faites bien attention à ce qui se passe en ce moment, vous constaterez que je suis en retard par rapport à mes concurrents. Une semaine après le lancement de la campagne électorale, je n’ai pratiquement pas bougé. Je suis préoccupé par mon club. On a deux enjeux cette saison, la Coupe et le titre de champion.
Dans toutes les communes par lesquelles vous êtes passé, les supporters n’ont que le mot «doublé» à la bouche…
J’ai été surpris par la réaction des jeunes des différentes communes où j’ai fait une halte. Sur les 12 ou 13 communes, les jeunes de Balagha par exemple, ne m’ont parlé que de l’Entente. Je m’attendais à des questions liées à l’emploi, à la disponibilité du gaz et du logement. Les jeunes n’ont que le mot «doublé» à la bouche si ce n’est pas Coupe ou championnat. Plus que mon élection au Parlement, un ou deux titres pour l’Entente signifieront que ma politique en direction du club a marché. J’ai changé près de 80% de mon effectif. Aujourd’hui, certains joueurs sont inconnus, mais cela n’a pas empêché le club de continuer sur la même cadence que ces cinq dernières années.
Si vous êtes élu, quelles sont les lois pour combattre la violence, que vous proposeriez ?
Ce volet est du domaine des spécialistes, mais j’ai mon idée à ce sujet. Il est temps d’introduire une matière à l’école qu’on intitulerait fair-play. Elle sera enseignée au même titre que les mathématiques ou l’éducation sportive. Aujourd’hui, le supporter ne veut entendre parler que de la victoire de son équipe, et chaque club veut gagner un titre ou accéder. On ne peut pas s’en sortir avec cette mentalité. Ma proposition ne pourra donner des résultats que pour les générations à venir. Il est très difficile de changer les mentalités. Quand un club perd, il cherche le bouc émissaire et on n’entend parler que de rumeurs sur des matchs combinés.
Qu’en est-il du nouveau stade ?
Je me rappelle qu’un certain 17 mai, l’Entente avait remporté le trophée de la Ligue des Champions arabes. Cette date coïncidait avec les élections législatives. Par la suite, le président de la République avait fait une visite de travail à Sétif et il s’est dit fier des résultats de l’Entente qui a donné du bonheur à tous les Algériens. Même à Tamanrasset, on avait fêté notre victoire. Une enveloppe de 1300 milliards de centimes a été consacrée à la réalisation de ce stade. La moitié a été versée pour commencer les travaux. On n’a rien vu par la suite. On a parlé de 2700 milliards de centimes, rien non plus. La première chose que je m’engage à faire c’est de déposer un dossier concernant le nouveau stade sur le bureau du ministre sans oublier les terrains de proximité. Quand je suis passé à Balagha, j’ai été sidéré par une pancarte qui disait «Ici, c’est la fin du monde». C’est malheureux que des communes dépendant de Sétif soient dépourvues du minimum en matière d’infrastructures sportives. C’est une honte qu’un député ne bronche pas devant cette situation catastrophique.
Député rime avec gros salaires et immunité, qu’en dites-vous ?
Je suis un entrepreneur et le salaire d’un entrepreneur dépasse de loin le salaire de 30 millions d’un député. L’entrepreneur gagne près de un milliard de centimes par an. Son salaire avoisine les 100 millions de centimes. Quand à l’immunité, je viens de le dire, le nom de Serrar est plus connu que celui d’un député.
Pourquoi n’avez pas choisi de faire partie de la liste d’un grand parti politique ?
Je ne voulais pas qu’on dise c’est tel ou tel parti qui a fait gagner Serrar au cas où je gagnerai ces élections. J’ai choisi le parti de l’avenir, parce que Belaïd, son président, est jeune et il a des idées qui se rapprochent de la jeunesse. J’espère à cette occasion que les supporters de l’ESS m’apporteront leur soutien le jour des élections. J’ai apporté beaucoup à l’Entente et je reconnais que c’est le club qui m’a fait un nom.
Quel est le plus que vous avez apporté à Sétif ?
La ville de Sétif est connue en dehors du pays. Des émirs et des personnalités en parlent. Lors du dernier passage d’une commission de l’Unesco, un membre de cette délégation, qui est d’origine yéménite, avait dit en ma présence qu’il connaissait Sétif à travers son club de football. L’Entente est un sponsor de la ville.
Que deviendront alors vos rapports avec l’Entente ?
Devenir membre du Parlement, c’est tisser de nouvelles relations. C’est aussi expliquer aux instances du pays la nécessité de l’investissement au sein de la SSPA-ESS. Je ferai de mon mieux pour aider tous les clubs qui sont rattachés à la wilaya de Sétif. Aussi bien le MCEE que les clubs qui évoluent dans les divisons inférieures. Je veux être le député de toute la wilaya de Sétif et non pas celui de l’Entente. Il faut que cessent ces rumeurs que distillent ceux qui font de la politique politicienne et qui disent que Serrar est derrière les maux du MCEE et qu’il ne se déplace jamais à El Eulma ou dans un autre endroit du pays.
Dire du bien du MCEE, n’est-ce pas de la démagogie ? Et quels sont vos rapports avec ce club ?
Je veux revenir à cette histoire qui laissait entendre que j’étais derrière l’échec du MCEE dans l’accession en Division 1, en 2007. Tout le monde se rappelle que le MCEE jouait son accession à Annaba et qu’il s’est fait battre. J’étais assis tranquillement chez moi devant mon téléviseur et à la fin du match, j’ai quitté mon domicile. Quelle ne fût ma stupéfaction en constatant la présence de voitures de police. J’ai posé la question aux policiers en faction devant ma porte. On m’a répondu qu’ils avaient reçu des instructions parce que j’étais menacé en raison de l’échec du MCEE à Annaba. Qui a fait circuler cette information ? Les supporters du MCEE étaient encore à Annaba. J’étais persuadé qu’on avait cherché à me faire porter le chapeau pour calmer les esprits et éviter des milliards de pertes dans la ville d’El Eulma. Ceux qui ont colporté cette rumeur ont voulu éviter la catastrophe dans la ville du souk Dubaï.