Le siège du ministère des Finances
«Il est évident de s’inquiéter, car on a enregistré une baisse en volume et en valeur des recettes extérieures dont 97% sont tirées des hydrocarbures»
Le grand argentier du pays tire la sonnette d’alarme. La situation induite par une réduction de quantité d’hydrocarbures exportée, accompagnée de la baisse du cours du baril durant le premier semestre de l’année en cours, inquiète en haut point les autorités financières et monétaires. «Il est évident de s’inquiéter, car on a enregistré une baisse en volume et en valeur des recettes extérieures dont 97% sont tirées des hydrocarbures», a fait savoir, hier, le ministre des Finances à l’issue de l’adoption du projet de loi de finances pour 2014 par l’APN. Même si, dit-il «l’aspect lié au prix est moindre puisque durant le premier semestre, nous avons enregistré une baisse de 12% dont 10% en volume et 2% en valeur». Sachant que la baisse en volume signifie fondamentalement qu’il y a une récession qui perdure sur les marchés européens, une faible croissance sur le marché américain et une baisse de production en matière de croissance dans les pays émergents, il y a de quoi s’inquiéter. Cette situation est évidemment «inquiétante en termes de vente sur les marchés et notamment en termes d’équilibre entre les recettes et les dépenses pour notre pays», indique-t-il. Cela est d’autant plus alarmant que «pour le premier semestre, nous avons une augmentation des importations qui trouvent leur justification dans l’importation des biens alimentaires avec une hausse de 10% et à 90% dans les importations d’équipements énergétiques et roulants». Face à cette augmentation de l’ordre de 14% des importations, l’Etat doit faire face à une baisse de 12% des recettes». Cela fait que l’Algérie a enregistré «une baisse de 50% de son excédent commercial durant le premier semestre». Nonobstant cette situation, le ministre prévoit un léger excédent dans la balance des paiements à la fin de l’année en cours. Mais, n’empêche, explique-t-il, «cela va se traduire par la baisse de l’excédent commercial par rapport à l’année précédente». «Personne ne peut nier cette inquiétude», insiste encore le ministre. Il est à noter qu’à cet état des lieux s’ajoute «la nécessité de construire une économie produisant des richesses et de la croissance, notamment pour combler un besoin énorme en postes d’emploi et atténuer les déséquilibres financiers à moyen terme», a-t-il souligné. S’agissant des réserves de change de l’Algérie, M.Djoudi dira que «6% de ce pactole est dispatché entre des banques commerciales, des institutions multilatérales et des banques centrales étrangères». Le reste, indique-t-il «est géré par la Banque d’Algérie en actifs ou valeurs d’Etat, c’est-à-dire en valeurs du Trésor qui peuvent être liquidées en tout moment dont la sécurité maximale est garantie en termes de placement, mais dont le rendement est faible par rapport au placement à risque». Sur un autre registre relatif aux rallonges budgétaires distribuées par le Premier ministre lors de ces dernières visites d’inspection dans différentes wilayas, le ministre affirme que ces enveloppes supplémentaires ne sont pas puisées du FRR. Ces enveloppes «entrent dans la rubrique du programme complémentaire de wilayas qui est inscrit dans le cadre des dépenses d’équipement de l’Etat», explique-t-il. Dans chaque déplacement, le Premier ministre fait une évaluation du manque en termes d’infrastructures pour dégager un besoin en la matière pour chaque département. Pourquoi le prix de référence (37 dollars) à base duquel est calculé le budget de l’Etat, ne change jamais? Selon Karim Djoudi, l’Etat retient le prix de 37 dollars parce qu’on a un Fonds de régulation qui a pour objet de générer une épargne et de couvrir le déficit et d’assurer une pérennité à la couverture de nos dépenses dans l’avenir. Avec 37 dollars, nous arrivons à utiliser le maximum des ressources qui sont dans le circuit du Trésor et utiliser des ressources qui peuvent être empruntées sur le marché domestique à coût moindre», a-t-il justifié. Donc, poursuit-il, «c’est juste le reliquat qui est financé, par contre, si nous utilisons le prix d’équilibre directement (90 dollars) nous serons obligés d’utiliser et le circuit du Trésor et l’endettement interne si cela est opportun». Aujourd’hui, grâce à ce système, nous avons pu générer un excédent de Fonds de régulation qui correspond à peu près à 37% du PIB, nous permettant une couverture sur plusieurs exercices en termes de solde global du Trésor. Il n y a pas d’opacité dans la gestion du Fonds de régulation des recettes des hydrocarbures. Ce Fonds de régulation des recettes, un des comptes spéciaux, a comme seule dépense actuellement la couverture du déficit projetée de l’Etat. Les dépenses se traduisent par la production d’une décision en fin d’exercice, une fois que le niveau du déficit est constaté et que les financements par d’autres moyens qui sont le circuit du Trésor ou l’endettement intérieur sont utilisés éventuellement pour couvrir le déficit net du Trésor. Les comptes d’affectations spéciaux, dont le FRR, sont soumis au contrôle annuel de l’IGF. De même, la Cour des comptes a le contrôle sur ce fonds. Enfin, les députés du FFS et ceux de l’Alliance de l’Algérie verte (AAV) à l’Assemblée ont voté contre ce projet de loi, tandis que le Parti des travailleurs s’est abstenu.