Série Eddama : quand une fiction devient un débat national

Série Eddama : quand une fiction devient un débat national

Comme chaque mois de Ramadan en Algérie, les productions audiovisuelles se multiplient et les producteurs et réalisateurs tentent de sortir du lot en proposant des séries, feuilletons, sitcoms, caméras cachées… en essayent de se distinguer et de faire la différence pour gagner l’approbation du public algérien.

Pour cette année 2023, il est incontestable que la série Eddama, réalisé par Mouzahem Yahia a su captiver les algériens, avec des millions de vues sur YouTube. Qu’elle soit critiquée ou encensée, cette série fait parler et réagir. En tout cas pour beaucoup de feuilleton algérien explore avec un réalisme la vie quotidienne d’un quartier populaire de la capitale Alger.

Donc, si l’on se pose la question de savoir, quel est l’ingrédients ou les ingrédients pour la réussite d’une série ? Et bien pour beaucoup d’entre nous, l’ingrédient premier reste son réalisme et, nous retrouvons cet aspect frappant dans la série de ce Ramadan Eddama qui fait tabac, tout en créant toutes sortes de polémiques.

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Diffusée par la télévision publique (ENTV) et réalisant des records d’audimat, Eddama, entre conflits entre gangs et trafic de drogue plonge dans la vie quotidienne de l’emblématique quartier populaire d’Alger, Bab El Oued. « Nous ne sommes plus dans les drama [séries] tranquilles du ramadan qui se déroulent dans des villas luxueuses avec des intrigues familiales à rallonges », soutient un critique sur les réseaux sociaux.

Et c’est de par ce réalisme que la série phare de ce Ramadan ne manque de susciter les réactions, à l’instar de nombreuses personnalités , commentateurs et influenceurs autoproclamés « gardiens de la morale », le cuisinière Oum Walid s’est fendue de son commentaire religieux sur la série télévisée « Eddama » qui enregistre un succès d’audience durant ce Ramadan.

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La série Eddama fait réagir à tous les niveaux de la société algérienne

L’universitaire Habiba Laloui salue le travail d’appropriation de la langue de Bab El Oued et de la Casbah par la jeune scénariste du feuilleton Eddama, Sara Berretima, et elle souligne le coup de force d’avoir travaillé le langage de la violence et de la rue pour en extraire des dialogues au service d’une efficace écriture scénaristique. « Il y a une rhétorique qui attire les spectateurs avides d’écouter leur propre langue à la télévision publique qui reste monopolisée par la langue de bois, une langue calcifiée depuis des lustres », souligne l’universitaire sur un post Facebook. De plus, ajoute-t-elle, « il ne faut pas oublier que représenter la langue de la rue, toujours marquée par la masculinité, n’est pas une tâche facile pour une écrivaine… ».

Alors qu’un député a déclaré que la série « encourage à la prolifération des stupéfiants dans les écoles car on montre que c’est un moyen rapide et efficace pour gagner de l’argent ». Le même élu insiste sur le fait que « les productions audiovisuelles doivent avoir un rôle de sensibilisation de la société ». « Elles doivent traiter les maux sociaux avec responsabilité, en présentant des solutions et à travers une langue de dialogues bien choisie et qui respecte les références [culturelles et morales] des Algériens », poursuit le député.

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De son côté l’Organisation nationale des parents d’élèves a déposé un procès-verbal de dénonciation auprès de l’autorité de contrôle de l’audiovisuel (ARAV) contre la série Eddama, pour que cette dernière intervenienne et mette fin à toute action qui nuit à l’éducation des jeunes, porte atteinte au système des valeurs nationales, et détruit les bonnes mœurs.

Scène polémique dans le 1er épisode : l’ARAV demande des explications, le réalisateur se défend

La série Eddama depuis le début de sa diffusion n’a eu de cesse de faire parler, mais depuis jeudi passé, une polémique sur une scène du feuilleton a beaucoup fait réagir. En effet, l’Autorité de régulation de l’audiovisuel (ARAV) aavait notifié la télévision publique de clarifier une des scènes du premier épisode la série Edama.

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En effet, l’Autorité de régulation de l’audiovisuel a demandé à la Télévision publique algérienne de fournir des éclaircissements sur une scène de la série « Edama », ou l’on voit un mur dans l’un des marchés de la capitale avec l’inscription du nom d’un mouvement séparatiste classé comme mouvement terroriste (MAK).

L’ARAV a indiqué, dans un communiqué, qu’elle « a enregistré, à travers l’un des programmes de la télévision publique algérienne, dans la série Edama, à la 19ème minute et 45 secondes, de son premier épisode, une scène dans laquelle apparaît un mur dans l’un des marchés de Bab el Oued à Alger, sur lequel est inscrit le nom d’un mouvement séparatiste classé « terroriste ».

En réponse à cela, le réalisateur Yahia Mouzahem s’est rendu sur le lieu du tournage jeudi après-midi et filme une vidéo explicative qu’il publiera quelques instants plus tard sur son compte Instagram officiel.

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Et si le réalisateur a répondu de cette façon, les acteurs de la série ont aussi réagi, à l’instar de Aida Ababsa ou Rym Takoucht qui ont mis en avant le fait que Eddama traite d’un sujet de société.