Séquestration des biens de Khelil,L’administration devance la justice

Séquestration des biens de Khelil,L’administration devance la justice

L’administration a pris cette mesure par précaution préventive

Cette action devrait intervenir en dernier lieu, soit après la publication des résultats de l’enquête et la mise en examen du premier responsable de ce scandale.



L’Etat met la charrue avant les boeufs. Alors que la justice poursuit son enquête sur le scandale «Sonatrach II», des instructions ont été données pour mettre sous séquestre les biens de l’ancien ministre Chakib Khelil.

Le service des domaines a été chargé de s’opposer à toute vente ou cession de biens appartenant à l’ancien ministre de l’Énergie, ou à Mohamed Réda Hemche, son neveu, selon le magazine Jeune Afrique.

Les noms des deux hommes sont cités dans diverses affaires de corruption présumée, en Algérie et en Italie. Cette mesure a été prise suite à la mise en vente des appartements de l’ancien patron de l’énergie. Selon le magazine, les autorités judiciaires ont découvert que Hemche, ancien bras droit du P-DG de Sonatrach, avait vendu son luxueux appartement de la cité Chaâbani, sur les hauteurs d’Alger.

Quant au duplex de Khelil, où les agents du département du renseignement et de la sécurité ont tenté de procéder à une perquisition, le 25 mars dernier, il est proposé à la vente par une agence immobilière au prix de 340 millions de dinars (près de 3,3 millions d’euros).

L’administration a, sans doute, pris cette mesure par précaution préventive, mais la justice aurait dû, dans l’attente des compléments d’enquête, opérer une saisie préventive des biens de M.Khelil.

L’ancien ministre de l’énergie n’a pas été interpellé jusqu’à présent par la justice. Alors que des responsables ont été mis sous mandat de dépôt et d’autres sous contrôle judiciaire, la justice n’a entrepris aucune action envers Khelil qui est au coeur du scandale.

Alors qu’il devait faire l’objet de mandat d’arrêt international, Khelil continue de se déplacer sans aucun ennui. Veut-on étouffer l’affaire à travers la séquestration de ses biens? Cette action devrait intervenir en dernier lieu, soit après la publication des résultats de l’enquête et la mise en examen du premier responsable de ce scandale.

L’ancien P-DG de Sonatrach, Mohamed Meziane, a déclaré récemment à un journal arabophone, qu’il n’a agi que sur les instructions de l’ancien ministre de l’Energie et des Mines, Chakib Khellil.

Niant les accusations qui sont portées contre lui, Meziane a signalé, au cours de son audition par le juge d’instruction chargé d’enquêter sur le scandale Sonatrach II, que tous les contrats signés par Sonatrach avec des entreprises étrangères, notamment ceux suivant la procédure de gré à gré, l’ont été suite à des «ordres» émanant du ministre Chakib Khelil.

Mohamed Meziane a indiqué qu’après avoir transmis, en 2005, à la tutelle, un courrier relatif à un projet lié à la «protection électronique», Chakib Khelil lui aurait demandé d’opter, pour le gré à gré, concernant l’entreprise «Contal Algeria». Une entreprise allemande qui aurait, selon les dires de l’accusé, offert beaucoup de «cadeaux» et autres avantages à l’ancien ministre ainsi qu’à ses proches.

Des sources proches du dossier révèlent que Mohamed Meziane, l’ex-P-DG, «ne faisait rien sans se référer à Chakib Khelil». Certes, l’enquête ne vient que de commencer, il reste à savoir si l’ex-patron de l’énergie sera traîné devant les tribunaux. Une question que se posent les 37 millions d’Algériens.

Par ailleurs, s’exprimant sur les nouvelles mesures de lutte contre la corruption et l’arrivée des nouveaux riches, la secrétaire générale du PT, Louisa Hanoune, a été très claire.

«Il faut nationaliser sans état d’âme tous les biens et l’argent de ces arrivistes qui ont gangrené l’économie du pays, tout en appauvrissant le peuple, malgré la richesse du pays», a-t-elle martelé à l’égard des corrompus.