Profitant de la conjoncture sécuritaire et politique qui règne actuellement en Tunisie, les réseaux tunisiens ont intensifié leur trafic, venant à bout de dizaines de véhicules lourds neufs volés dans plusieurs villes tunisiennes avant de les acheminer vers l’Algérie avec la complicité des réseaux locaux algériens.
C’est à El Oued que les premières enquêtes des gendarmes ont révélé cette affaire, suite au démantèlement d’un important réseau international composé de sept membres et la récupération de plusieurs engins lourds et pièces détachées, volés en Tunisie et acheminés vers l’Algérie. Les sept membres très actifs du réseau ont été arrêtés après une longue enquête menée par les gendarmes. Suite à des renseignements communiqués à la Section de recherches d’El Oued faisant état du passage d’un véhicule lourd contenant des pièces détachées de contrebande provenant de Tunisie, les gendarmes ont multiplié la surveillance afin de le localiser. Effectivement, le jour même, le camion sera localisé vers 21h00, circulant sur la RN 48 à destination de la ville d’El Oued. Arrivé au barrage, le chauffeur du camion, Dj. H. âgé de 30 ans, a été sommé de s’arrêter pour un contrôle. Au cours de la fouille, les gendarmes ont découvert quatre moteurs de véhicules de tourisme et un autre de véhicule lourd, transportés illégalement. L’homme, ainsi que la marchandise de la contrebande, seront alors acheminés vers le siège de la brigade pour enquête. Lors de l’interrogatoire, le «transporteur» des pièces détachées, originaire de Sétif, a fini par avouer son appartenance à un réseau international de trafic de véhicules lourds et de tourisme. Mieux, le trafiquant a révélé les noms de trois de ses partenaires, tous originaires de la commune d’Aïn Azzal dans la wilaya de Sétif. Ce dernier était chargé, par ses acolytes, d’acheminer de grosses quantités de pièces détachées en contrepartie de la somme de 10 000 DA, selon ses aveux. Poursuivant l’enquête avec le «transporteur», les gendarmes ont pu obtenir beaucoup de détails sur le réseau. En effet, le jeune Dj.H se trouvait à une station-service sise à El Oued, en compagnie d’un autre trafiquant. Les deux hommes ont attendu des heures avant qu’un autre membre, venu à bord d’un véhicule de marque Citroën commerciale et dont ils ignorent l’identité, n’apparaisse et leur livre les moteurs volés en Tunisie. Une fois la marchandise de la contrebande réceptionnée, les deux trafiquants seront alors chargés de la transporter vers la ville d’El Oued. Toutefois, deux véhicules «éclaireurs», une Peugeot 405 et une Dacia Logan les ont accompagnés pour arriver à destination sans être repérés par les gendarmes. La Peugeot 405, conduite par un membre du réseau, est devant afin d’ouvrir la voie au camion «bourré» de pièces détachées, et la Dacia Logan, à bord de laquelle se trouvaient deux autres trafiquants, fermait la marche du «convoi». Tout a été soigneusement préparé par la bande, agissant en parfaite connaissance. après plusieurs centaines de kilomètres, le convoi arrive à Lahmaria, commune d’El Oued. C’est là que la mission des éclaireurs a pris fin, car la voie est désormais sécurisée pour les deux trafiquants se trouvant dans le camion pour acheminer la marchandise de la contrebande.
Une ferme devenue la «casse» des véhicules volés en Tunisie
L’enquête des gendarmes a révélé d’autres secrets sur le réseau d’El Oued. En effet, les sept membres de cette dangereuse bande ont transformé une ferme située dans une zone isolée en véritable «casse» de véhicules volés en Tunisie. La ferme, propriété d’un agriculteur dénommé F.B., se trouve à Lahmaria. Il avait loué ce grand champ agricole à un proche, également agriculteur, un dénommé F.K âgé de 45 ans. Lors de leur déplacement à la ferme, les gendarmes ont rencontré deux jeunes gardiens, T.K âgé de 22 ans et K.A âgé de 19 ans, chargés de sécuriser la ferme et veiller sur les pièces détachées et autres véhicules volés en Tunisie et stockés à cet endroit. Le même jour, une autre équipe de la Gendarmerie nationale a interpellé un autre membre du réseau à bord d’un véhicule de marque Peugeot 405, le nommé F.J, âgé de 33 ans et originaire de Sétif. Il a avoué avoir participer au transport des pièces détachées provenant de la contrebande. Ce n’est pas tout, l’enquête a porté ses fruits, d’autant que les deux gardiens de la ferme ont révélé aux gendarmes qu’il y a une semaine quatre camions volés en Tunisie ont été stockés dans cette ferme avec la complicité du propriétaire. Les investigations des gendarmes ont permis également l’arrestation d’un autre complice, un certain N.A âgé de 25 ans, résidant à El Oued. Ce membre avait des relations très étroites avec le «cerveau» du réseau qui habite à El Oued. Par ailleurs, les enquêteurs se sont déplacés vers la commune d’Aïn Azzal, à Sétif, où le septième et dernier membre du réseau sera interpellé. Il s’agit du dénommé A.M, âgé de 45 ans, qui était chargé de la coordination avec les réseaux tunisiens de trafic de véhicules. Les sept trafiquants ont été présentés avant-hier devant le procureur de la République près la Cour de Guemmar, lequel a ordonné un mandat de dépôt.
Sofiane Abi